Faustin-Archange Touadéra en route pour un troisième mandat

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Neuf ans après son arrivée au pouvoir, Faustin-Archange Touadéra semble prêt à défier ses propres promesses. Ce dimanche 30 mars 2025, un meeting à Bangui et un chèque symbolique ont posé les bases d’une candidature qui fait déjà débat.
En effet, ce dimanche 30 mars 2025, le stade 20 000 places de Bangui a vibré d’une énergie particulière. À l’occasion du 9e anniversaire de l’accession au pouvoir de Faustin-Archange Touadéra, dit Baba Kongoboro, le 30 mars 2016, ses partisans ont organisé un grand meeting dans cette enceinte emblématique de la capitale centrafricaine. Mais au-delà des festivités, l’événement a pris une tournure politique majeure. Sani Yalo, président du conseil d’administration du Bureau d’Affrètement Routier Centrafricain (BARC) et proche fidèle du chef de l’État, a profité de cette tribune pour remettre à Touadéra un chèque symbolique en carton de 15 millions de FCFA. Un geste clair : cet argent est destiné à couvrir la caution pour sa candidature à l’élection présidentielle de décembre 2025.
Sur la scène, l’image est saisissante. Sani Yalo, à gauche, et Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro, à droite, tous deux vêtus de chemises blanches et coiffés de casquettes assorties, tiennent fièrement ce grand chèque entre leurs mains. L’événement, capturé en plein après-midi dans le stade, se déroule sur un tapis aux motifs rouge et beige. En arrière-plan, une foule de spectateurs, dont certains en tenues bleues, observe la cérémonie. Ce moment marque une étape décisive, bien que non officielle, dans la course à un troisième mandat pour Touadéra.
Pourtant, ce coup de théâtre pose une tempête de questions. Si cette remise de chèque n’est pas encore une déclaration formelle de candidature, elle envoie un message limpide : Touadéra se prépare à briguer un nouveau mandat, malgré les engagements qu’il avait pris par le passé. En 2016, puis en 2021, lors de ses investitures pour ses premier et deuxième mandats, il avait prêté serment sur la Constitution du 30 mars 2016, jurant de respecter ses limites. À l’époque, interrogé par un journaliste de Vox Africa, il avait été catégorique : pas de troisième mandat. Il avait même ajouté que, quand bien même il le voudrait, la Cour constitutionnelle s’y opposerait. Aujourd’hui, cette position semble oubliée, balayée par une nouvelle Constitution adoptée en 2023, qui supprime la limite des deux mandats et allonge leur durée à sept ans.
Mais pour beaucoup en Centrafrique, ce revirement sent la manipulation. Les opposants, qui se disent loin d’être naïfs, pointent du doigt une stratégie bien préparée. Selon eux, Touadéra financerait lui-même les manifestations de soutien, 500 FCFA par tête, murmure-t-on, pour faire croire à une demande populaire spontanée. Une tactique qui ne trompe personne, affirment-ils, pas même “un bébé né aujourd’hui”. Et les critiques ne s’arrêtent pas là. Certains observateurs centrafricains, comme Mouammar Bangué Bossin, rappellent qu’aucun article, ni dans l’ancienne ni dans la nouvelle Constitution, n’autorise un président à se représenter sous prétexte d’un appel du peuple. Si Touadéra franchit le pas et dépose officiellement sa candidature, il s’exposerait, selon eux, à des accusations de haute trahison, un crime passible de jugement devant le peuple centrafricain, “quel que soit le temps, sauf la mort”.
Le débat prend une tournure encore plus sensible quand on évoque les origines du président Faustin-Archange Touadera. Dans sa propre Constitution de 2023, il insiste sur la nécessité pour un candidat d’être “centrafricain d’origine”. Or, les centrafricains soulignent que son père est nigérien et sa mère mi-centrafricaine, mi-congolaise (RDC). Faustin-Archange Touadera , lui, a toujours revendiqué quant à lui une ascendance partiellement camerounaise pour son père, mais les doutes persistent dans l’opinion publique. Si ces allégations venaient à être utilisées contre lui, elles pourraient ajouter une couche supplémentaire à l’accusation de violation constitutionnelle.
Pour l’instant, le chèque de 15 millions de FCFA reste un symbole, pas un acte juridique. Mais dans un pays où la politique se joue autant dans les stades que dans les urnes, ce dimanche 30 mars 2025 pourrait bien marquer le début d’une bataille féroce. Entre les promesses d’hier et les ambitions d’aujourd’hui, Faustin-Archange Touadéra marche sur un fil tendu, sous le regard scrutateur d’un peuple qui, selon ses opposants, n’a plus envie de se laisser berner….
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