Bangui, le 31 mai 2018.
Par : Robert ENZA, CNC.
Créée le 4 juin 1961, l’armée nationale centrafricaine, vieillotte, a toujours vécu aux rythmes des services du pouvoir politique. Pour preuve, elle a connu de nombreux coups d’Etat, des mutineries et la dernière crise militaro-politique de 2013 qui l’a quasiment fait explosé. Elle est aujourd’hui confrontée, d’une part à un manque de renouvellement de personnel et d’expérience collective et d’autre part à un manque d’une chaîne de commandement de confiance, de communication et de responsabilité.
Elle fait également face aux nouvelles exigences de l’évolution de notre société nées des derniers évènements socio-politiques qu’a connus le pays. La nouvelle vision de l’armée de garnison projetée, apportera un grand changement dans la manière de gérer les hommes.
Il faut déjà élaborer une politique RH, afin de mieux outiller les cadres de management de l’armée à faire face aux nouvelles exigences de commandement et de gestion des hommes. Tirer tous les enseignements des mutineries et de la crise militaro-politique et s’adapter aux nouvelles exigences de commandement pour aboutir à une gestion efficiente du personnel.
La nouvelle vision du commandement doit tenir compte des exigences créées par les changements socio-politiques. L’armée doit recadrer le métier de militaire et écouter au mieux le social pour s’adapter au contexte actuel. Savoir revaloriser les actions des avantages sociaux au profit des militaires liés aux risques des opérations de terrain.
Le renouvellement des ressources est une priorité et doit être d’une portée nationale. A cause de sa vieillesse, notre armée regorge de cadres-officiers suffisamment avancés en âges. Il y a plus d’âgés que de jeunes soldats combattants. Les soldats font figures de parents-pauvres. Ces cadres, la plupart d’entre eux, ont perdu toute capacité d’aptitude physique et ne seront plus en mesure de s’adapter aux exigences des opérations de terrain. Il faut enclencher le processus de renouvellement des ressources en mettant l’accent sur de jeunes combattants courageux à vocation guerrière et non selon le jargon sur des « fils à papa » qui recherchent des sinécures sous forme d’emplois.
L’exercice du commandement et celui de la gestion administrative seront les défis majeurs de la vie de notre armée nationale. Il est nécessaire de tirer toutes les leçons du passé, tous les problèmes réels et potentiels pour régler l’avenir. Il faut désormais adopter une stratégie managériale efficace basée sur une possible maturité de management. Quant à la gestion administrative et financière du département, la précédente mission conjointe de contrôle Finances-Défense a connu une piètre performance, elle n’a pas donné les résultats escomptés, certaines « niches de dépenses sans valeur ajoutée » y ont survécus.
Dans le cadre de la projection de l’armée de garnison, le Ministère de la Défense se doit de se reposer sur des principes et des fondamentaux clairs parmi lesquels la gestion des ressources humaines regroupant du personnel civil et militaire, une complémentarité nécessaire des deux populations qui œuvrent ensemble et concourent à la réussite des missions confiées au ministère, bénéficient de politiques qui leur sont communes.
Il y a absence totale de personnels cadres civils dans la gestion du département de la Défense.
Cette situation constitue un déséquilibre fatal face aux besoins de compétences nécessaires. Le ministère est entièrement géré par des militaires et pour des militaires et les civils en sont exclus, une espèce de gestion corporative fermée aux civils. Ce département qui constitue la plus grosse dépense de l’État et encore une dépense de souveraineté, doit se baigner dans une saine gestion et avoir pour cela une qualité des compétences.
La politique des ressources humaines de la Défense sera inscrite dans un temps qui sera pratiquement long et consacrée surtout au commandement, à la communication, à la discipline, à l’éthique, au social, au recrutement, à la formation, aux parcours de carrière et la reconversion de tout le personnel civil et militaire sans distinction de lien au service ou de catégorie. Elle répond aux besoins de compétences et d’effectifs nécessaires à la vie de la Défense nationale et attirant les bonnes volontés vers le métier de militaire.
Ainsi, la Direction des ressources humaines doit travailler dans la perspective d’un bon établissement de liens entre militaires et civils de la Défense. Etudier des voies d’action visant à renforcer la complémentarité du personnel militaire et civil et à améliorer la compréhension mutuelle et construire une identité ministérielle commune. Cette politique ministérielle vise à répondre à des enjeux : celui de la satisfaction des besoins au regard des missions, celui de la motivation du personnel, indispensable au bon fonctionnement des structures, et celui de l’image du ministère et du “lien Armée-Nation” dont dépendent le recrutement et la fidélisation de la ressource humaine.
Robert ENZA, association de soutien aux FACA