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CENTRAFRIQUE : DES ÉLECTIONS POUR RENOUVELER LES INSTITUTIONS POLITIQUES AU DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF, L’ÉPILOGUE D’UNE CRISE HISTORIQUE

Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 20 mars 2021 (Corbeaunews-Centrafrique). Les élections législatives du 14 mars 2021 sensées clôturer le processus électoral se sont tenues dans un climat plutôt apaisé que craintif. Les violences et perturbations tant redoutées ont été évitées peut-être grâce à la réussite du plan de sécurisation des élections proposées par la mission onusienne soit parce que la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) a résigné.

 

En effet, sur cent dix-huit (118) circonscriptions électorales, seulement six circonscriptions n’ont pu voter soit un pourcentage insignifiant. Selon les rapports des différents observateurs électoraux déployés sur le terrain, aucun incident majeur n’a été enregistré nonobstant quelques irrégularités et tentatives de fraudes.

En conséquence de ce qui précède, nous ne pouvons faire l’économie des applaudissements à l’endroit de l’Autorité Nationale des Élections (ANE) qui a réussi sans ambages à colmater les brèches en mettant à profit les leçons des élections groupées et chaotiques du 27 décembre 2020. Au cour de ce scrutin, on a également remarqué une forte mobilisation de la population pour un faible taux de participation par rapport au précédent scrutin.

Ce faible taux de participation peut s’expliquer parce que la population est lassée par plusieurs convocations en intervalle d’un temps réduit et leur attachement à l’élection présidentielle qui est le plus déterminant.

A l’issue de ce scrutin, il est évident qu’en dépit des déroutes de quelques ténors, le parti au pouvoir a encore une chance de conserver ou de négocier la majorité au sein de la septième législature de l’assemblée nationale. En attendant dans la sérénité les résultats provisoires de l’ANE et la sentence de la cour constitutionnelle, nous sommes habité par la tentation de surfer sur la notion de « cohabitation » qui ne cesse de nous hanter.

Au delà de ce qui s’apparente à une réussite électorale, le citoyen lambda qui ne tarit de curiosités s’interroge :

Comment expliquer le contraste entre la forte mobilisation de la population et le faible taux de participation du scrutin ?

S’agit-il d’un relâchement ?

Les électeurs sont-ils laissés, désabusés ?

Les menaces de la CPC sur les différents supports médiatiques justifient-elles le faible taux de participation ?

A l’image du scrutin présidentiel, la légalité et la légitimité des parlementaires seront-elles aussi remises en cause ?

Par ailleurs, peut-on concilier la poursuite de la guerre et le processus électoral ?

La déroute des ténors et des figures de proue du parti au pouvoir explique t-il le vomissement de la gouvernance parlementaire du MCU par le peuple ?

Rappelant que les fondements de toute démocratie demeurent les institutions et la gouvernance, il apparaît important d’affirmer que dès lors que les institutions au cœur de la politique centrafricaine sont renouvelées dans la douleur et dans les délais légaux, l’heure est à la recherche d’une solution politique.

A cet effet, nous invitons humblement le chef de l’état de créer les conditions d’un espace de dialogue politique avec les forces vives de la nation ainsi que les groupes armés car malgré la reconquête des territoires par la force, la paix qui est devenue une denrée rare reste fragile. La volonté du président de la république d’initier un dialogue est évidemment à louer mais le format sans les autres citoyens qui ont pris les armes risque d’amincir l’issue de sortie qui se veut durable.

A titre de rappel, toutes les crises militaro-politiques à travers l’Afrique aboutissent toujours à des dialogues tels sont les cas des ivoiriens avec l’accord de Marcoussis paraphé en France, l’invitation au dialogue du voisin camerounais avec les terroristes de l’Ambazonie, les maliens avec l’accord d’Alger avec les rebelles de Kidal, des guerriers libyens qui sont actuellement sur la table de négociations. A défaut d’en faire un catalogue, un dialogue politique inclusif avec la participation des partis politiques légalement constitués, les groupes armés, les syndicats, la société civile, les associations des femmes, l’es congrégations religieuses, les organisations patronales, la diaspora et même les chefs traditionnels serait l’idéal.

Les thèmes ne manquent pas, on peut citer entre autres la modernisation des institutions et des partis politiques, la réforme électorale, le mode de désignation des membres de l’ANE, le statut de l’opposition et de son chef, le difficile accès à l’emploi des jeunes etc…

Ainsi, chaque acteur doit faire un pas vers l’autre, un consensus vers la paix qui reflète les intérêts de la nation. Pour finir et afin d’extirper les maux qui gangrènent notre beau pays, nous prions l’élu de la nation d’accepter l’inclusivité du dialogue au nom de la paix. Si ce dernier s’entête à avaliser le schéma défini par l’ambassadeur russe, l’opposition démocratique est en droit de prendre ses responsabilités devant l’histoire en rejetant la main tendue du pouvoir.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 19 mars 2021.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

 

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