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CENTRAFRIQUE : DÉCRYPTAGE ANALYTIQUE DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT FONDATEUR DE LA CONVERGENCE KNK. 

Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

 

Bangui (République centrafricaine) – Depuis le retour clandestin du Général déserteur de l’armée centrafricaine dans le pays de ses ancêtres qu’il a marqué de ses empruntes durant une décennie, le président de la convergence KNK gonflé à bloc avec des envies surdimensionnées a été reçu par le chef de l’état pour esquisser des solutions à la longue et interminable crise centrafricaine. Une conférence de presse improvisée s’en est suivie quelques jours après au siège de son parti pour tenter de renouer le lien avec le peuple meurtri en clarifiant à l’opinion nationale et internationale ses réelles intentions ainsi que son avenir politique.

 

Dans une panoplie d’annonces, l’ancien président de la république a demandé solennellement “Pardon” au peuple centrafricain tout en affirmant avec force “qu’il n’a jamais fait du mal intentionnellement à un de ses compatriotes.” D’un revers de la main, il a gommé les intentions de coups d’état qu’on lui prête à tort ou à travers et se positionne fermement comme un acteur principal ou incontournable de la paix.

Au fil du débat, le président de la convergence KNK affirme qu’il ne craint pas le mandat d’arrêt décerné contre lui par le parquet général pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et incitation à la haine. Par la même occasion, il réclame la levée sans conditions des sanctions onusiennes qu’il juge injustes. Il apparaît aussi important de souligner que l’importante communication de son discours gravite autour de sa prochaine candidature aux élections présidentielles de 2020 car a t-il dit que “rien ne l’empêche d’être candidat.” Il ne faut également pas occulter que le Général est apparu selon la traduction gestuelle ( le non verbal ) choquer et un peu agressif quand un journaliste a évoqué l’éventualité de l’invalidation de sa candidature par la Cour constitutionnelle.

S’évertuant à la recherche de la quintessence du message et de véritables intentions du Général, le citoyen lambda s’interroge :

Quelle est la véritable philosophie politique de cette conférence de presse ? Si notre célèbre Général ne se reproche rien même sur les dossiers brûlants relatifs aux assassinats des officiers Ndjader et Massi, pourquoi demande t-il solennellement “pardon” au peuple centrafricain en l’absence de fautes ? Peut-on demander la clémence du peuple et en même temps solliciter son suffrage pour répéter les mêmes erreurs du passé ? Comment peut-on prétendre briguer la magistrature suprême quand on est sous le coup d’un mandat d’arrêt établi par les autorités judiciaires de son pays ? Après la rencontre avec le chef de l’état suivie de la conférence de presse, le président de la convergence KNK peut-il courageusement demander une audience au parquet général pour clarifier son avenir judiciaire ? Nous espérons que le même courage qui l’a poussé à rentrer sans crainte au pays le conduira à affronter la justice de son pays.

Par ailleurs, nous avons remarqué un manque de logique, de cohérence tout au long du débat. L’acteur principal se satisfait des réponses fermées sans possibilité d’argumenter. La maladresse et la médiocrité étaient notoires dans l’interpellation directe mettant en difficulté l’orateur qui cache mal le mensonge, la manipulation et la démagogie.

Il semble palier ces lacunes en répétant abusivement des mots bien distillés par son porte parole. Pour finir, nous déduisons que si les autorités centrafricaines ne sont pas prêtes pour juger le Général en exécutant le mandat d’arrêt, la justice internationale prendra ses responsabilités conformément aux dispositions de l’article 17 du statut de Rome entré en vigueur le 1er juillet 2002. En effet, l’article 17 du statut de Rome prévoit le principe de complémentarité c’est à dire que la cour pénale internationale (CPI) est uniquement compétente lorsque l’état n’a pas la volonté ( ce qui est notre cas ) ou incapable de mener sereinement une enquête ou une poursuite.

A la lecture de l’article 17 du statut de Rome, c’est quoi une juridiction incapable et manquant de volonté ? Suivez mon regard et merci de demander des explications à nos autorités…d’aucuns diront que la cour pénale internationale n’est qu’un tribunal des impérialistes pour opprimer les dirigeants africains.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 31 janvier 2020.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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