Centrafrique : Cri de détresse du personnel de SUCAF
Bangui, 9 juillet 2018 (CNC) –
L’unique sucrerie de Centrafrique (SUCAF) a vu ses portes fermées depuis une dizaine de jours pour des problèmes de paiement d’impôts. Le personnel broie le noir et crie sa détresse. C’était lors de sa conférence de presse de vendredi 6 juillet dernier.
L’usine de SUCAF à Ngakobo et le dépôt de Bangui sont fermés depuis fin juin dernier par les services des impôts. La genèse de cette crise remonte au 2 janvier 2018 où la Loi des finances a revu en hausse le taux des TVA sur la vente du sucre passant de 5% à 19%. Ce taux que les services des impôts appliquent à la SUCAF sur la vente de ses produits n’est pris pas en compte par ladite société. Huit mois plus tard, l’heure est grave puisque la facture a exponentiellement grevée. Même si le chiffre exact n’est pas encore calculé, néanmoins, l’on est dans l’ordre des centaines de millions de Francs Cfa que la société doit à l’Etat.
« C’est juste un problème de malentendu et d’incompréhension. Et les agents d’impôts sont tombés dessus, ils ont procédé au redressement. Après, ils ont émis un avis de mise en demeure. C’est ainsi qu’ils sont venus fermer les portes. Et depuis lors, nos portes sont restées fermées, il n’y a pas de recettes », a expliqué M. Martin Akem, Directeur du site de SUCAF-Bangui qui a précisé par ailleurs que « les négociations sont en cours avec le Gouvernement à ce sujet ».
A en croire M. Emmanuel Ouïmon, Directeur du site de Ngakobo, leur société bénéficiait d’un abattement d’un taux de TVA de 5% sur le stock de produits de 2017 et que la Loi de finances 2018 devrait s’appliquer à la production de 2018. « Il y a matière à négociation, puisque par exemple en plus des actions sociales, la SUCAF contribue à hauteur de 2 milliards de Francs Cfa d’impôts à l’Etat par an », a-t-il indiqué.
Entretemps, dans cette guéguerre qui correspond à s’y méprendre à un bras de fer qui ne dit son nom, c’est le personnel qui prend le coup. Ils sont plus d’un millier, femmes et hommes qui travaillent dans cette société dont 100 personnels permanents, 800 journaliers, 300 saisonniers pour une masse salariale de plus de 314 millions Francs Cfa.
« Avec la fermeture de notre société, nous ne savons quoi faire, car abandonnés à notre triste sort. Peut-être que nous courons le risque de mise en chômage technique. Quel sort pour nos enfants, notre famille ? » s’inquiète Mme Sonia Bambou, Chef personnel qui s’est faite complétée par l’autre Chef personnel, M. Flavien Nzapaozo : « Tout ce que nous demandons, c’est que le Gouvernement et la Direction générale de notre société trouvent une issue très rapidement à cette situation pour nous permettre de reprendre le travail ».
A l’occasion, M. Martin Akem a lancé un plaidoyer auprès du gouvernement pour revoir un peu en baisse, le taux de 19% de TVA sur les ventes, afin de permettre la survie de l’entreprise.
Notons que la SUCAF dispose à ce jour d’un stock de 4800 tonnes de sucre dans son entrepôt, stock pour desservir le pays durant six mois. La surface mise en culture elle, est de 1800 hectares pour une production de 10 000 tonnes.
A suivre…
Par : Fred Krock, CNC.