Bossemptélé : quand la police transforme les cartes d’identité en machine à racketter la population

Rédigé le 11 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Les policiers de Bossemptélé ont trouvé depuis quelques temps un nouveau moyen facile de voler les citoyens centrafricains. Les cartes d’identité confectionnées et payées sont bloquées au commissariat. Pour les récupérer, chaque demandeur doit verser à nouveau de l’argent aux policiers. Un racket massif qui gangrène tout le pays : Boda, Yaloké, Paoua, Ndélé, Bozoum, partout la police pille la population.
En effet, pour obtenir une carte nationale d’identité en Centrafrique, les citoyens doivent payer environ 4 000 FCFA, auxquels s’ajoutent les frais de photo et autres documents requis. Au total, chaque demandeur dépense une somme importante avant même que son dossier ne soit envoyé à Bangui. La société libanaise Almadina, qui détient le monopole de la fabrication des cartes nationales d’identité en Centrafrique, envoie régulièrement des agents en province pour collecter les dossiers. Ces agents vérifient les pièces, ramassent les documents, puis les acheminent à Bangui où les cartes sont produites. Une fois confectionnées, les cartes sont renvoyées dans les villes concernées pour être distribuées gratuitement aux demandeurs.
Justement, à Bossemptélé, les agents d’Almadina ont passé plusieurs semaines sur place pour collecter les dossiers, les ont acheminés à Bangui pour la fabrication, puis les cartes terminées ont été ramenées à Bossemptélé et déposées au commissariat de police pour distribution. C’est là que commence le racket. Au lieu de remettre les cartes gratuitement aux demandeurs qui ont déjà tout payé, le commissariat exige un paiement supplémentaire de 2 000 FCFA par personne. Pour mieux organiser cette extorsion, les policiers ont divisé la ville par quartiers. Chaque quartier se voit attribuer un jour précis pour venir récupérer les cartes. Les habitants doivent se présenter avec leurs 2 000 francs, sinon leur document leur est refusé.
“On a déjà payé tout ce qu’on nous a demandé. Maintenant ils veulent encore 2 000 francs juste pour nous remettre notre propre carte. C’est du vol”, dénonce un habitant de Bossemptélé. Dans un pays où la majorité des citoyens vivent avec moins de 1 000 FCFA par jour, ces 2 000 francs supplémentaires représentent une charge insupportable. Et sans carte nationale d’identité, les Centrafricains deviennent des cibles faciles pour les militaires, les gendarmes, y compris les mêmes policiers qui leur ont refusé leur document. Lors des contrôles routiers, aux barrages, ceux qui n’ont pas de carte se font racketter, arrêter, humilier. C’est un système pervers où les policiers créent délibérément le problème pour ensuite exploiter leurs victimes à chaque occasion.
Ce système de racket n’a rien de nouveau et surtout, il n’est pas rare. À Paoua, le commissaire adjoint et le commandant du corps urbain imposent exactement la même arnaque. À Ndélé, les gendarmes exigent 5 000 FCFA à ceux qui n’ont pas de carte. À Boda, à Yaloké, à Bozoum, à Berberati, partout dans le pays, les forces de l’ordre utilisent les cartes nationales d’identité comme moyen d’extorquer de l’argent aux citoyens. Depuis deux à trois ans, ces pratiques sont dénoncées régulièrement. Les habitants se plaignent, les articles sont publiés, les témoignages s’accumulent. Mais rien ne change.
Le directeur général de la police laisse faire. Pire, son silence ressemble à une autorisation. Comme si ces rackets étaient tolérés, voire encouragés au plus haut niveau. Dans chaque ville, les policiers continuent tranquillement de transformer un service public en source de revenus illégaux, sans la moindre sanction. Les citoyens n’ont aucun recours. Se plaindre ne sert à rien. Les autorités locales ferment les yeux. Le directeur général à Bangui fait semblant de ne rien voir, alors que ces pratiques sont connues de tous depuis des années.
À Bossemptélé comme ailleurs, les policiers impliqués dans ce racket opèrent en toute impunité. Le commissariat continue de bloquer les cartes, d’organiser la distribution par quartiers pour mieux contrôler le racket, d’exiger leurs 2 000 francs à chaque citoyen. Les habitants se retrouvent piégés, obligés de payer une deuxième fois pour récupérer un document qu’ils ont déjà payé. Certains attendent depuis des mois, mais refusent de céder à cette extorsion. D’autres cèdent, résignés, sachant qu’ils n’ont pas d’alternative.
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