BGFI-Bank certifiée “anti-blanchiment” : quelle crédibilité dans un pays pourrie par la corruption ?

Rédigé le 25 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
La BGFI-Bank Centrafrique obtient une certification contre le blanchiment d’argent dans un pays où les scandales financiers impliquant les plus hautes autorités se multiplient quotidiennement.
La BGFI-Bank Centrafrique vient d’obtenir la certification AML 3001 contre le blanchiment d’argent, devenant ainsi la première banque du pays à recevoir cette distinction internationale. Cette annonce, faite en grande pompe samedi dernier à l’hôtel Ledger Plaza en présence du président de l’Assemblée nationale et du Premier ministre, sonne étrangement dans un pays où la corruption financière atteint des sommets inégalés.
Cette certification, délivrée par l’organisme Coficert, est présentée comme une victoire contre la criminalité financière. Hervé Kogboma, directeur général de la banque, affirme que cette distinction “épargne la République centrafricaine des sanctions internationales et la classe parmi les meilleures banques du monde”. Une déclaration qui interroge quand on connaît la réalité du terrain centrafricain.
Car pendant que cette banque se targue de lutter contre le blanchiment d’argent, le pays vit au rythme des scandales financiers impliquant les plus hautes personnalités de l’État. Récemment, le premier vice-président de l’Assemblée nationale Évariste Ngamana s’est rendu au Cameroun avec 100 millions de francs CFA volés qui ont été volés par les mafieux camerounais. Cette somme s’est littéralement “évaporée entre les mains des mafieux camerounais ”, sans qu’aucune explication crédible ne soit fournie.
Dans le même temps, l’ancien premier ministre Firmin Grebada avait lui aussi transféré frauduleusement 200 000 euros vers la France pour l’achat d’une maison. Ces transferts de fonds, qui ressemblent étrangement à du blanchiment d’argent, se déroulent pendant que le pays célèbre sa première certification anti-blanchiment. Le contraste est saisissant.
La situation devient encore plus ironique quand on sait que le pays a récemment adopté sa propre monnaie numérique, probablement pour échapper au contrôle des systèmes bancaires traditionnels. Cette initiative permet des transactions financières opaques, loin des regards des institutions de contrôle classiques.
Les réseaux mafieux prospèrent ouvertement en République centrafricaine. Les Libanais contrôlent une partie importante de l’économie informelle, les mercenaires russes brassent des sommes considérables à travers leurs activités minières et sécuritaires, et les Camerounais participent activement aux circuits financiers parallèles. Tous ces acteurs opèrent dans une quasi-impunité totale.
Dans ce contexte, la certification de la BGFI-Bank ressemble davantage à une opération de communication qu’à une véritable lutte contre la criminalité financière. Comment peut-on prendre au sérieux une certification anti-blanchiment dans un pays où les plus hautes autorités sont soupçonnées de participer elles-mêmes à ces pratiques ?
Le directeur général de la BGFI-Bank invite les diplomates et responsables d’organismes internationaux à découvrir les avantages de cette certification. Mais ces invités pourront-ils ignorer la réalité économique du pays où ils se trouvent ? Pourront-ils fermer les yeux sur les scandales financiers qui éclatent régulièrement ?
Cette certification pose également la question de sa sincérité. Les organismes internationaux qui délivrent ces labels connaissent-ils vraiment la situation sur le terrain ? Ou se contentent-ils de vérifier des procédures sur le papier sans s’intéresser à la réalité des pratiques centrafricaines?
La BGFI-Bank s’engage à maintenir “un haut niveau de vigilance” à travers des audits internes et des formations continues. Mais cette vigilance s’appliquera-t-elle aux personnalités politiques qui utilisent potentiellement ses services pour leurs transactions douteuses ? La banque osera-t-elle refuser les opérations suspectes de clients influents ?
Cette certification intervient aussi au moment où les populations centrafricaines vivent dans une misère extrême. Pendant que les élites détournent des millions, les citoyens ordinaires peinent à manger une fois par jour. Cette disproportion entre les discours officiels sur la lutte anti-corruption et la réalité vécue par les populations interroge sur les véritables priorités du gouvernement.
L’obtention de cette certification par la BGFI-Bank pourrait servir d’alibi au gouvernement centrafricain pour prétendre qu’il lutte efficacement contre la corruption financière. Cette façade pourrait être utilisée dans les relations internationales pour rassurer les partenaires sur la gouvernance financière du pays.
Mais les Centrafricains ne sont pas dupes. Ils voient quotidiennement les signes extérieurs de richesse de leurs dirigeants pendant qu’eux-mêmes survivent dans la pauvreté. Ils constatent l’écart béant entre les discours officiels et les pratiques réelles de leurs élites.
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