Des représentants de la mouvance islamiste au Soudan ont appelé à une manifestation samedi contre un transfert du pouvoir aux civils et l’abandon projeté de la loi islamique, certains estimant que cela ouvrirait les “portes de l’enfer” pour le pays.
Ces islamistes ont invité leurs partisans à se rassembler en début de soirée après l’iftar, le repas de rupture du jeûne musulman du ramadan, près du palais présidentiel dans le centre de Khartoum.
Les islamistes ne font pas partie des forces politiques rassemblées au sein de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC) fer de lance de la contestation, qui négocient avec les militaires les contours de la période de transition après la destitution le 11 avril par l’armée du président Omar el-Béchir.
Ces discussions doivent reprendre théoriquement dimanche après une pause de 72 heures décidée par l’armée qui a demandé le démantèlement de barrages routiers à Khartoum par les manifestants, ce qui a été fait dans plusieurs avenues principales.
La manifestation de samedi “sera une mobilisation contre la nouvelle dictature civile parce que l’ALC a volé la révolution en plein jour”, a déclaré à l’AFP Al-Tayeb Moustafa, chef d’un groupe d’environ 20 mouvements islamistes.
Ce groupe comprend notamment le Parti du Congrès populaire qui s’était allié, un temps, à M. Béchir qui était arrivé au pouvoir en 1989 par un coup d’Etat soutenu par les islamistes.
- Moustafa a dénoncé l’intention de l’ALC d’abandonner la référence à la Charia comme source de la législation pendant la période de transition de trois ans dont elle négocie les contours avec le Conseil militaire qui a pris le pouvoir après l’éviction de M. Béchir.
“C’est irresponsable et si un accord est conclu avec l’abandon de la charia, il ouvrira les portes de l’enfer pour le Soudan”, a-t-il averti.
Le Conseil militaire lui-même avait reproché à l’ALC de ne pas avoir fait référence à la charia, ou loi islamique, comme source de la législation dans ses propositions sur la période de transition.
L’ALC avait répliqué en qualifiant cette question de secondaire et en estimant qu’elle pourrait être discutée après la période de transition.
Le régime du président déchu appliquait la charia, ce qui avait donné lieu, selon les défenseurs des droits humains, à des abus comme la flagellation de femmes pour “comportement indécent”.
“Le Conseil militaire ne doit pas considérer l’ALC comme le représentant exclusif de la rue soudanaise”, a encore dit M. Moustafa.
Un autre religieux islamiste, le radical Mohamed al-Jazuli, a confirmé à l’AFP l’appel à la manifestation. Selon lui, celle-ci doit donner l’occasion de “rejeter l’accord bilatéral projeté entre l’armée et l’ALC que nous considérons comme un accord visant à éliminer les autres forces” politiques.
Le mois dernier, un chef islamiste Abdel Haï Youssef avait appelé à une manifestation à Khartoum mais l’armée l’avait interdite.