Affaire Armel Sayo : Son avocat, maître Arlette Sombo-Dibele, dénonce les conditions inhumaines de sa détention et l’impossibilité d’accéder à son client. D’après lui, Armel Sayo est encore introuvable

Rédigé le 10 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Maître Arlette Sombo-Dibele, avocat de l’ancien ministre Armel Sayo, accuse le ministre de la Justice de violations graves des droits de la défense. Dans une lettre datée du 20 octobre 2025, elle explique que son client est introuvable entre l’OCRB et le camp de Roux, et décrit des conditions sanitaires inquiétante.
Depuis sa constitution le 22 août 2025 par le Doyen des Juges, Maître Arlette Sombo-Dibele n’a jamais pu entrer en contact avec son client Armel Sayo Mingatoloum. Cette impossibilité d’exercer les droits de la défense, expliquée dans un courrier adressé au ministre de la Justice, confirme les craintes exprimées depuis des mois par l’opposition et la société civile sur le sort réservé à l’ancien ministre.
Le 24 septembre 2025, l’avocat s’est rendu à l’Office central de répression du banditisme (OCRB) pour rencontrer son client. On lui a affirmé qu’Armel Sayo ne s’y trouvait pas, mais plutôt au Camp de Roux. Arrivé au Camp de Roux, les éléments du service pénitentiaire lui ont assuré le contraire : « Depuis son exfiltration le 7 juillet 2025 pour l’OCRB, mon client n’avait jamais été ramené dans leur centre de détention ». Ils sont même allés jusqu’à l’accompagner à l’OCRB pour indiquer que l’information donnée sur la présence de Sayo au Camp de Roux était fausse.
Le samedi 4 octobre 2025, Maître Arlette Sombo-Dibele s’est rendu à nouveau au Camp de Roux pour exercer son droit de visite. La réponse resta identique : le détenu Sayo Mingatoloum n’a jamais été ramené dans ce centre depuis que les éléments de l’OCRB l’avaient conduit dans leur service. Pourtant, selon le mandat de dépôt délivré par l’un des juges, Armel Sayo devait être détenu au Camp de Roux.
La dernière personne à avoir vu Armel Sayo était sa tante, le 29 août 2025, alors qu’il était officiellement dans les locaux de l’OCRB. L’avocat rapporte des détails précis sur l’état de son client : « Il se dégageait de sa personne une odeur nauséabonde et l’un de ses bras semblait fracturé sous sa tenue et elle avait remarqué divers plaies sur lui ». Armel Sayo a confié ne pas avoir accès aux douches.
Dans sa lettre, Maître Sombo-Dibele qualifie le lieu de détention de son client de « camp de concentration susceptible d’atteindre jusqu’à sa santé mentale ». L’avocat précise que son client, malade, ne bénéficie d’aucune des garanties que lui reconnaît la Charte africaine en tant qu’être humain, et que « l’isolement dans lequel il est tenu confiné s’apparente à une incarcération dans un camp de concentration ».
Déjà en août 2025, informé par la famille de son client, l’avocat avait signalé l’état de santé préoccupant d’Armel Sayo au Directeur Général des Services Pénitentiaires. Cette demande, formulée à deux reprises, d’abord le 1er septembre puis le 15 septembre 2025, est restée sans réponse. Les parents de l’ancien ministre, inquiets, observent la détérioration de l’état de santé de leur fils. Le ministre d’État à la Justice ignore leurs inquiétudes.
Maître Arlette Sombo-Dibele fonde sa plainte sur des textes juridiques précis. Il rappelle que la République centrafricaine a ratifié la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples le 26 avril 1986, s’engageant ainsi au respect de cet instrument. Conformément à l’énoncé de l’article 1 du Chapitre 1er de cette Charte, la RCA « reconnaît les droits, devoirs et libertés qui y sont énoncés ». L’article 5 proscrit la torture morale, physique et les traitements cruels, inhumains et dégradants. L’article 16 garantit à toute personne le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre.
« Monsieur le Ministre de la Justice Chargé de la Promotion des Droits Humains, je ne vous ferai pas l’offense d’oser croire que vous ignorez que la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples exige que des mesures soient prises par les États-Parties pour rendre effective l’indépendance de la justice par sa promotion et sa protection », écrit l’avocat. Il poursuit : « Promouvoir la justice passe également par le respect des droits reconnus aux Avocats pour la défense de leur client ».
Dans sa lettre, Maître Arlette Sombo-Dibele interpelle directement le ministre : « Vous conviendrez, Monsieur le Ministre d’État, qu’il n’y a, dans ce comportement des officiers de police judiciaires, rien qui respecte les engagements souscrits par notre État ». Il termine avec une formule de politesse : « Je vous saurais, dès lors, gré de bien vouloir donner les ordres nécessaires pour que ces violations multiformes des Droits de la défense prennent définitivement fin. Dans cette attente, je demeure votre bien dévoué et vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre d’État l’expression de ma parfaite considération ».
Le courrier, copie envoyée au Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, porte le cachet « Ministère de la Justice – Courrier arrivé – Date : 28/10/25 », attestant que les autorités ont bien reçu cette dénonciation.
Cette lettre de Maître Arlette Sombo-Dibele confirme ce que Corbeau News Centrafrique documente depuis des mois : Armel Sayo a disparu des circuits judiciaires normaux. Extrait illégalement de la prison du camp de Roux le 7 juillet 2025 pour l’office central pour la répression du banditisme, remis aux mercenaires russes du groupe Wagner dans la nuit du 7 au 8 juillet pendant plus de 21 jours, il réapparaît brièvement à deux reprises avant de replonger dans une détention dont personne ne connaît les contours.
Les déclarations de Maxime Balalou, porte-parole du gouvernement, affirmant qu’Armel Sayo aurait demandé pardon au président Touadéra, prennent une autre dimension avec ces révélations sur les conditions de détention de l’ancien ministre. Comment un détenu maintenu dans des conditions dégradantes, sans accès à son avocat, sans soins médicaux appropriés, pourrait-il exercer librement sa volonté ? Comment un homme décrit avec un bras possiblement fracturé, dégageant une odeur nauséabonde faute d’accès aux douches, peut-il être considéré comme s’exprimant en toute liberté ?
La justice centrafricaine se transforme en instrument d’oppression. Le droit de la défense, pourtant garanti par tous les textes nationaux et internationaux, devient une fiction. Un avocat, constitué selon les formes légales, se voit refuser l’accès à son client pendant des mois, ballotté entre deux lieux de détention qui se rejettent mutuellement la responsabilité. Le ministre de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazène, dispose désormais de cette lettre dans ses archives. Mais en réalité, il maîtrise parfaitement l’endroit où l’ancien ministre Armel Sayo est détenu clandestinement.
Par Gisèlef = MOLOMA….
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