Abakar Sabone et Mahamat Alkhatim, deux chefs rebelles tchado-centrafricains aux avenirs incertains
Bangui, 29 novembre 2023 (CNC) – Deux chefs rebelles tchado-centrafricains, Abakar Sabone et Mahamat Alkhatim, se retrouvent actuellement dans une situation des plus délicates que jamais, alors que leur parcours militaro-politique est en suspens suite à une déclaration controversée du ministre porte-parole de la présidence, monsieur Albert Yaloké Mokpeme, sur les ondes de la radio France Internationale (RFI). Les deux hommes, qui envisagent un retour incessant à Bangui par l’intermédiaire du chef rebelle tchadien Baba Laddé, semblent être plongés dans l’illusion totale quant à leurs perspectives d’avenir.
Abakar Sabone et Mahamat Alkhatim, deux chefs de guerre centrafricains d’origine tchadienne, ont des parcours étonnamment similaires. Tous deux ont rejoint la coalition des patriotes pour le changement (CPC) en décembre 2020. Mais quelques mois plus tard, ils ont pris le chemin de l’exil à Ndjamena, au Tchad. Cependant, Abakar Sabone a rapidement manifesté son intérêt pour le pouvoir de Bangui, espérant un rapprochement avec le régime en place. Malheureusement pour lui, ses tentatives de négociation ont échoué, allant même jusqu’à provoquer des menaces de mort émanant de ministres proches du président putschiste Faustin Archange Touadera. Cela a conduit le régime de Bangui à lui fermer définitivement la porte.
Face à cet échec, Abakar Sabone a changé de stratégie, abandonnant l’idée d’un retour au pouvoir de Bangui pour se retirer définitivement de la scène politique centrafricaine. Cependant, son parcours a connu des rebondissements, le ramenant dans le cercle de l’ancien président de transition Alexandre Ferdinand Nguendet. Mais un mois plus tard, il a été évincé de ce cercle et a choisi de se rallier au chef rebelle tchadien Baba Laddé, engagé dans la lutte contre le régime tchadien. Ce dernier lui a promis un avenir radieux en République centrafricaine une fois sa mission de communication réussie autour de son mouvement de rébellion.
De son côté, et pour tenter de réussir sa mission, Abakar Sabone a multiplié les contacts avec d’autres leaders de groupes armés centrafricains pour tenter de les convaincre de ne plus combattre le régime de Bangui. Cette stratégie visait à affaiblir la CPC coordonner par l’ancien patron de Touadera François Bozizé et à récupérer ses combattants pour les rallier au mouvement du chef rebelle tchadien Baba Laddé. Finalement, seul Mahamat Al Khatim, chef du mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), avait adhéré à cette stratégie. Al Khatim, membre de la CPC, a annoncé son retrait de la coalition et son retour dans l’accord de paix de Khartoum signé en 2019, proclamant ainsi son retour dans le camp du pouvoir à Bangui.
Cependant, les espoirs d‘Al Khatim ont été rapidement douchés par les déclarations du porte-parole de la présidence, monsieur Albert Yaloké Mokpeme, qui a affirmé que même si le chef de guerre Mahamat Al Khatim revenait dans le cadre de l’APPR-RCA, la justice fera son travail. Il est clair que le régime est déjà saturé par la présence de chefs de guerre, et il n’y a plus de place pour de nouveaux acteurs. Abakar Sabone et Mahamat Al Khatim, tous deux condamnés par la justice centrafricaine, risquent de faire face à des poursuites judiciaires s’ils reviennent à Bangui, ce qui compromet sérieusement leurs rêves.
En fin de compte, les deux anciens chefs rebelles se retrouvent dans une impasse, confrontés à un choix difficile entre le silence et la justice. Leur avenir demeure incertain, et l’affaire continue à susciter l’attention et l’intrigue de nombreux observateurs. Il reste à voir comment leur histoire se déroulera dans les mois à venir, mais une chose est sûre : leur retour à la vie politique centrafricaine s’annonce compliqué, voire impossible.
Par Gisèle MOLOMA
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