À Bossangoa, une école braille pour redonner espoir aux aveugles

0
187

À Bossangoa, une école braille pour redonner espoir aux aveugles

 

À Bossangoa, une école braille pour redonner espoir aux aveugles
Mairie de Bossangoa

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 En République centrafricaine, à Bossangoa, dans la préfecture de l’Ouham, l’ouverture d’une école enseignant le braille marque un tournant pour les nombreuses personnes aveugles, souvent victimes d’une pêche toxique aux conséquences dramatiques. Un projet porteur d’espoir pour une communauté durement touchée.

 

Une réponse à un fléau local

 

À Bossangoa, la vie de beaucoup d’habitants a basculé à cause d’une pratique de pêche aussi ancienne que dangereuse. Certains pêcheurs utilisent des mélanges toxiques, fabriqués à partir de feuilles et de fruits sauvages récoltés en forêt, pour capturer du poisson. Ces substances, déversées dans les rivières, tuent les poissons en quelques instants, mais laissent des traces dans leur chair. Consommés par la population, ces poissons provoquent des troubles graves, dont la perte de la vue. Aujourd’hui, le nombre élevé de personnes aveugles dans cette région témoigne de l’ampleur du problème.

 

Devant cette réalité, la récente inauguration d’une école dédiée à l’apprentissage du braille apparaît comme une bouffée d’air frais. Depuis la rentrée scolaire 2024-2025, un centre d’alphabétisation et de formation Ambraille a ouvert ses portes à Bossangoa, plus précisément au sein de l’école fondamentale de Boro. Ce centre accueille dix-huit élèves, dont douze aveugles et six malvoyants. Ce projet ne se contente pas de répondre à une urgence : il offre une nouvelle perspective à ceux dont la vie a été bouleversée par ces pratiques.

 

Redonner une voix aux malvoyants

 

L’école de braille, implantée au cœur de Bossangoa, est bien plus qu’un simple bâtiment. Elle propose aux personnes aveugles et malvoyantes des cours adaptés pour apprendre à lire et écrire grâce à ce système tactile. Pour beaucoup, c’est une porte ouverte vers l’autonomie, l’éducation et, à terme, une possible réinsertion dans la vie active. Les premiers bénéficiaires, souvent des adultes ayant perdu la vue après des années de consommation de poissons contaminés, décrivent cette initiative comme une seconde chance.

 

Les enseignants, formés pour accompagner ces élèves aux parcours particuliers, insistent sur l’importance de ce projet. Freddy Gylne-Bangadibo, chargé des cours au centre Ambraille, met en avant les défis liés à l’apprentissage du braille et à l’utilisation des supports numériques adaptés. « Ces personnes ont été privées de beaucoup de choses, explique-t-il. Leur donner accès au braille, c’est leur rendre une part de dignité et de liberté ». Pour les familles, cette école représente aussi un soulagement, après des années à voir leurs proches isolés par leur handicap. Péren Feikoumon, devenu accompagnateur après avoir perdu la vue à 21 ans, témoigne : « Cette formation, c’est une seconde chance pour moi. »

 

Un fléau aux racines profondes

 

Derrière cette avancée, le problème de la pêche toxique reste bien présent. Si son usage a diminué grâce à des campagnes d’information menées, certains pêcheurs continuent d’y recourir, faute d’alternatives viables. Les autorités locales reconnaissent que la sensibilisation a porté ses fruits : les cas de nouveaux aveugles liés à cette pratique sont moins fréquents. Mais les séquelles, elles, perdurent. Les toxines ingérées au fil du temps ont laissé des traces indélébiles, et les malvoyants de Bossangoa en sont les témoins vivants.

 

Cette situation n’est pas propre à la République centrafricaine. En République démocratique du Congo, dans des régions comme le Maniema, des pratiques similaires ont aussi causé des dégâts humains et environnementaux. À Bossangoa, cependant, l’accent est désormais mis sur la reconstruction des vies brisées.

 

Un projet à amplifier

 

L’ouverture de cette école à Bossangoa n’est qu’un début. Les responsables locaux appellent à un soutien plus large, notamment de la part d’organisations internationales. « Avec plus de moyens, on pourrait former davantage d’enseignants, accueillir plus d’élèves et même proposer des activités professionnelles adaptées », souligne un membre de l’équipe éducative. Le directeur des études du centre Ambraille, Joseph Mehanendi, va plus loin : il ambitionne d’ouvrir à terme une école spéciale à l’échelle régionale, regroupant l’ensemble des enfants et adultes vivant avec un handicap visuel. L’idée est de faire de ce lieu un modèle, capable d’inspirer d’autres régions confrontées à des défis similaires.

 

Pour les habitants, l’arrivée du braille est une lueur d’espoir dans un quotidien marqué par les difficultés. Les témoignages convergent : cette école change des vies. Une mère de famille, dont le fils a perdu la vue il y a cinq ans, confie : « Il commence à lire avec ses doigts. Pour moi, c’est un miracle ». Cependant, le centre fait face à des conditions de travail précaires. Les infrastructures sont encore en phase d’adaptation, et le matériel pédagogique reste limité. Freddy Gylne-Bangadibo souligne la nécessité d’enlever progressivement ces barrières pour faciliter l’intégration des apprenants.

 

Vers un avenir plus inclusif

 

Si l’école de braille de Bossangoa est une avancée majeure, elle ne résout pas tout. Éradiquer complètement la pêche toxique reste une priorité pour éviter que d’autres habitants ne rejoignent les rangs des malvoyants. Mais en attendant, ce projet offre à Bossangoa un outil précieux pour panser ses plaies. Ce centre représente un premier pas vers l’autonomisation et l’inclusion des personnes aveugles et malvoyantes dans la région. Les difficultés actuelles stimulent les acteurs locaux à renforcer les capacités et à améliorer progressivement les conditions d’enseignement. En redonnant une place à ceux que la société avait laissés de côté, il trace la voie d’un avenir où chacun peut trouver sa place, malgré les épreuves….

 

CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE

Corbeaunews Centrafrique

Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21

Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC