Ouadda-Maïkaga : Deux soldats FACA désertent à nouveaux

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Ouadda-Maïkaga, une sous-préfecture de la Haute-Kotto, située à 204 kilomètres de Bria, deux soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) ont déserté à nouveau ce dimanche 13 avril 2025, marquant la quatrième vague de départs des militaires dans cette localité. Ces défections, motivées par des conditions de vie jugées insupportables, révèlent une crise profonde au sein de l’armée.
Dans la petite ville d’Ouadda-Maïkaga, située dans le nord de la République centrafricaine, l’armée nationale continue de perdre ses hommes dans cette localité. Ce dimanche 13 avril 2025, deux nouveaux soldats des FACA ont quitté leur poste, rejoignant ainsi une série de désertions qui agite la région. Depuis plusieurs mois, la localité a vu partir successivement huit soldats vers Bria, puis deux autres, un troisième, et maintenant ce duo. À chaque fois, le même cri de désespoir : des conditions de vie devenues intenables.
Ces militaires, souvent déployés dans des villes de province, décrivent un quotidien frappé par la précarité. Leurs soldes, bien que versées sur des comptes bancaires, restent inaccessibles sur le terrain. Les primes globales d’alimentation (PGA), censées couvrir leurs besoins de base comme la nourriture, le savon ou l’entretien, ne sont plus distribuées depuis des mois, voire des années pour certains. « On vit comme des oubliés », confie un soldat ayant requis l’anonymat avant son départ. Les uniformes déchirés, les chaussures usées et l’absence de moyens pour se laver ou se nourrir dignement achèvent de briser le moral des troupes.
À Ouadda-Maïkaga, la situation est aggravée par la présence de groupes rebelles qui encerclent la ville, rendant chaque jour plus dangereux. Les soldats, mal équipés et sous-alimentés, se sentent abandonnés face à cette menace constante. Parfois, la municipalité ou les Casques bleus de la MINUSCA leur fournissent de la nourriture, mais ces rations, souvent inadaptées à leurs habitudes, ne comblent pas leurs attentes. « Ce qu’on nous donne, ce n’est pas ce qu’on a l’habitude de manger pour être en équilibre toute la journée », déplore un déserteur de la première vague.
Pour survivre, certains militaires ont instauré des barrières autour de la ville, où ils prélèvent des taxes sur les passants, les éleveurs ou les commerçants. Ces « formalités », comme ils les appellent, incluent des taxes douanières, phytosanitaires ou de passage. Pourtant, cet argent ne semble pas améliorer leur quotidien. Beaucoup soupçonnent que ces fonds, au lieu de bénéficier aux soldats, restent bloqués entre les mains de leur adjudant-chef, qui est le responsable du détachement militaire dans la ville, sans qu’aucune transparence ne soit apportée.
À Bangui, l’état-major des FACA semble déconnecté de ces réalités. Les discours officiels vantent une « montée en puissance » de l’armée, mais sur le terrain, les jeunes recrues, habituées à vivre avec peu, se retrouvent confrontées à une misère qu’ils jugent insupportable. « Vaut mieux être en prison que dans cette jungle », lancent certains, amers, en référence aux conditions extrêmes qu’ils endurent.
Ces désertions à répétition posent une question: comment l’armée centrafricaine peut-elle prétendre sécuriser le pays si ses propres soldats, démoralisés et démunis, abandonnent leurs postes ? Les départs d’Ouadda-Maïkaga ne sont pas des cas exceptionnels, mais le symptôme d’un malaise plus large, où le manque de soutien logistique et financier mine les efforts de reconstruction de l’institution militaire.
Les habitants de la ville, eux, observent avec inquiétude. Sans une présence militaire stable, Ouadda-Maïkaga risque de devenir encore plus vulnérable aux incursions rebelles. Pour les soldats restants, le sentiment d’abandon grandit, et avec lui, la tentation de suivre ceux qui sont déjà partis. Sans une réponse rapide de Bangui – versement régulier des primes, amélioration des conditions de vie, meilleure gestion des ressources –, la spirale des désertions pourrait s’accélérer, fragilisant davantage une armée déjà sous pression….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC