Centrafrique : Touadéra ouvre, et ferme automatiquement la porte au dialogue avec l’opposition

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Touadéra ouvre et ferme en même temps la porte au dialogue avec l’opposition

 

Touadéra ouvre et ferme en même temps la porte au dialogue avec l’opposition
Le Président Touadera alias Baba Kongoboro devant les députés lors de son discours sur l’état de la nation le 28 décembre 2024. Photo la renaissance.

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Alors que le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) exige un face-à-face avec Faustin Archange Touadéra pour garantir des élections transparentes, le président joue un double jeu : il évoque le dialogue tout en freinant son élan, à huit mois d’un scrutin sous tension.

 

Dans son discours du 30 mars 2025, prononcé à l’occasion du neuvième anniversaire de son investiture, Touadéra a abordé la demande pressante de l’opposition réunie au sein du BRDC. Ce regroupement, formé il y a près de 3 an, conditionne sa participation aux élections générales de fin 2025 à une discussion directe avec le chef de l’État,  pas avec des intermédiaires,  sur des enjeux majeurs : l’Autorité nationale des élections (ANE), la conseil constitutionnel et, surtout, la Constitution du 30 août 2023, adoptée dans des conditions très illégales par les centrafricains. Mais derrière les mots soigneusement choisis du président Baba Kongoboro, une stratégie ambiguë se dessine, plus proche d’une temporisation que d’une réelle volonté d’aboutir à un débat franc et constructif.

 

Le président Kongoboro se dit « sensible » à la proposition du BRDC, qui cherche, selon ses termes citant l’opposition, à « explorer les solutions pouvant garantir l’organisation des prochaines élections générales avec des garanties d’inclusivité, de transparence et dans le strict respect des délais légaux ». Il va même jusqu’à qualifier cette démarche de « pas important vers le retour dans la République ». À première vue, une main tendue. Mais la suite de son propos révèle une intention bien différente. Touadéra annonce avoir saisi le BRDC pour demander des « précisions sur le contenu, les contours structurels et les thématiques » de ce dialogue, une réponse qui, loin d’ouvrir la voie à une rencontre immédiate, renvoie la balle dans le camp adverse et dilue l’urgence du moment.

 

Cette posture n’a rien d’anodin. À moins d’un an du scrutin, le temps presse pour l’opposition. Le BRDC a été clair : sans un échange direct avec le président, il refuse de cautionner un processus électoral qu’il considère comme biaisé, notamment à cause de la Constitution de 2023, imposée sans consensus et perçue comme un outil pour pérenniser le pouvoir de Touadéra. Réformer l’ANE et la Cour constitutionnelle, essentielles pour des élections crédibles, exige des mois de préparation. En renvoyant l’opposition à des clarifications préalables, Touadéra s’assure – ou du moins prend le risque – que ce dialogue, s’il se tient, arrive trop tard pour modifier quoi que ce soit. À deux ou trois mois des élections, une telle discussion ne serait plus qu’une coquille vide, incapable de changer un cadre déjà ficelé par le régime.

 

Et le président ne s’arrête pas là. Tout en affichant une apparente ouverture, il glisse une mise en garde, pointant des « menaces à peine voilées d’une nouvelle déstabilisation du pays » dans la demande du BRDC. Une accusation qui sonne comme une tentative de discréditer l’opposition, la reléguant au statut de fauteur de troubles plutôt que de partenaire légitime. Ce mélange d’appel au dialogue et de suspicion illustre un double langage bien connu : d’un côté, Touadéra se pose en père de la nation, prêt à tendre l’oreille ; de l’autre, il suggère que toute remise en cause de son autorité pourrait être vue comme une attaque contre la stabilité, un argument pratique pour justifier une éventuelle fermeté.

 

Le contexte renforce ces doutes. Depuis un an, le BRDC martèle ses conditions sans obtenir de réponse concrète. Pendant ce temps, le pouvoir a déroulé son agenda, s’appuyant sur une Constitution taillée sur mesure et des institutions que l’opposition juge inféodées. À huit mois du vote, l’absence d’avancées tangibles sur ces questions cruciales laisse peu de place à l’illusion : Touadéra mise sur l’usure, espérant que le BRDC, à court de temps, se résigne à entrer dans une élection jouée d’avance ou s’isole en la boycottant.

 

Ce numéro d’équilibriste comporte des risques. En jouant la montre, Touadéra pourrait attiser la frustration d’une opposition déjà méfiante et d’une population fatiguée des promesses non tenues. Mais pour l’heure, le président garde le contrôle, et son discours du 30 mars, sous ses airs conciliants, s’apparente à une manœuvre habile pour conserver l’avantage. Le dialogue avec l’opposition ? Oui, peut-être, mais à ses conditions et à son rythme. Pendant que l’horloge tourne, le BRDC se retrouve coincé entre ses exigences et la realpolitik, risquant de n’être qu’un spectateur d’un scrutin verrouillé. Une fois de plus, Touadéra montre qu’il sait parler sans s’engager….

 

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