Ministère du commerce : déconnecté ou dépassé par l’explosion des prix de première nécessité ?

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Ministère du commerce : déconnecté ou dépassé par l’explosion des prix de première nécessité ?

 

Ministère du commerce : déconnecté ou dépassé par l’explosion des prix de première nécessité ?
Thierry Patrick Akoloza

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Alors que les prix des produits de première nécessité s’envolent à cause du carburant et des barrières, le ministère du commerce reste figé dans ses arrêtés, dépassé par une crise qu’il ne parvient ni à comprendre ni à juguler.

 

À Bangui, l’arrêté ministériel censé réguler les prix ressemble à une injonction venue d’une autre planète. Signé depuis un bureau loin du terrain, ce texte impose des tarifs que les commerçants, eux, peinent à respecter. Le directeur général du commerce, Thierry Dinghede, pointe du doigt une application aléatoire : les contrôles sporadiques intimident temporairement les opérateurs, mais dès que les agents tournent le dos, la spéculation reprend ses droits. Le gouvernement accuse les commerçants de désobéissance, mais la vraie question est ailleurs : cette mesure reflète-t-elle seulement la réalité du terrain ?

 

En effet, fixer le prix du ciment, des tôles ou du manioc depuis un ministère, c’est méconnaître une règle élémentaire enseignée dès le secondaire : c’est le marché qui dicte les prix. Les commerçants ne sont pas des magiciens. Ils importent, transportent et vendent dans un contexte marqué par des barrières douanières, des routes jonchées de corruption et une flambée du coût du carburant,  ce même carburant qui fait grimper le prix de tout, du transport à la dernière arachide sur l’étal. Quand le gouvernement augmente le prix de l’essence et exige dans le même souffle que les commerçants baissent leurs tarifs, on frôle l’absurde. Quelle économie peut tenir sur une telle contradiction ? Le ministère se targue d’avoir diffusé son arrêté via les médias nationaux et les radios communautaires. Pourtant, certains commerçants jurent n’en avoir jamais entendu parler, tandis que d’autres, lucides, profitent du manque de suivi pour ignorer les règles.

 

Par conséquent, en imposant des prix déconnectés des coûts réels, le gouvernement pousse les commerçants à vendre à perte,  une pratique que la loi, ironiquement, interdit. Forcer un opérateur à brader son stock sans tenir compte des frais d’importation, des taxes officieuses payées sur les routes ou de la cherté du transport, c’est le condamner à la faillite. Les conséquences sont claires : des étals vides, des familles sans revenus et, au bout du compte, un peuple encore plus fragilisé. Le ministère croit protéger les consommateurs, mais il aggrave leur calvaire en ignorant les rouages du commerce. Plutôt que de jouer les démiurges depuis leurs bureaux, les autorités devraient chausser leurs bottes et arpenter les marchés. Pourquoi ne pas déployer des agents non pas pour sanctionner, mais pour écouter ? Recueillir les doléances des commerçants, analyser les obstacles concrets – corruption, carburant, infrastructures – et ajuster les prix en conséquence.

 

D’ailleurs, la cellule permanente envisagée dans les principaux marchés de Bangui est un pas, mais elle ne suffira pas si elle se limite à sermonner au lieu de résoudre. Et que dire des produits périmés vendus par les ambulants, que l’arrêté promet d’éradiquer ? Sans présence continue, sans moyens logistiques, cette ambition reste une belle parole. Le ministère doit cesser de blâmer les commerçants pour son propre manque de clairvoyance. Fixer des prix, oui, mais pas en improvisation, pas sans données réelles, pas sans contrôle efficace. Sinon, c’est comme demander à Dieu de faire respecter ses commandements sans jamais envoyer de prophètes sur Terre. Stabiliser le marché et protéger les consommateurs, comme le clament les autorités, est un objectif louable.

 

Pourtant, cela ne se fera pas en brandissant un arrêté comme un sceptre divin. Réduire les barrières, enrayer la corruption, stabiliser le prix du carburant : voilà les vrais leviers pour soulager le peuple centrafricain. Tant que le gouvernement restera perché dans sa tour d’ivoire, ses décisions continueront de flotter loin des réalités du terrain – et les commerçants, comme les consommateurs, en paieront le prix….

 

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