En Centrafrique, les hôpitaux agonisent, Le personnel médical travaille sans salaire depuis des mois, et les malades meurent faute de soins
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À l’hôpital de Paoua, par exemple, les soignants n’ont pas vu leur salaire depuis 16 mois. Une tragédie qui ne se limite pas à cette capitale provinciale de Lim-Pendé, mais également à Carnot, à Bria, en passant par Bangassou, le personnel médical travaille le ventre vide pendant que les malades agonisent sur leurs lits faute des soins.
Des hôpitaux vidés de leurs médecins
“Ici à l’hôpital de Paoua, nous ne sommes que trois médecins pour 300 000 habitants”, lâche le Dr Dieudonné Barakoutia, la voix fatiguée. Dans les couloirs, des infirmiers secouristes tentent de remplacer les professionnels diplômés partis chercher fortune ailleurs.
À quelques km de là, l’hôpital de Carnot, capitale provinciale de la Mambéré, tourne avec un seul médecin. “Nous travaillons parfois jusqu’à 22 heures avec un seul médecin pour tout l’hôpital”, confie un agent de santé qui préfère garder l’anonyme.
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Le cri du cœur des blouses blanches
Les 16 mois de salaires impayés à Paoua ne sont pas le seul cas isolé dans le pays. À Bria, capitale provinciale de la Haute-Kotto, certains agents n’ont pas touché leur paye depuis plus d’un an. “On vient travailler avec le ventre vide”, témoigne une infirmière. “Comment soigner correctement les malades dans ces conditions ?”
Partout dans les villes de provinces en RCA, les médecins qualifiés fuient. Sur les trois médecins que compte l’hôpital de Paoua, deux envisagent déjà leur départ. “Sans salaire et sans moyens, nous ne pouvons pas continuer”, explique l’un d’eux.
“Nous avons des familles à nourrir”, explique -t-il en rangeant ses dossiers.
Des patients entre la vie et la mort
“Les patients meurent sous nos yeux faute de personnel qualifié”, raconte un infirmier de Bangassou. Dans certains services, un seul agent doit s’occuper de 30 malades. Les gardes de nuit se font parfois sans médecin.
Plus choquant, une mère pleure devant l’hôpital de Bangassou. Son bébé est mort cette nuit d’une simple fièvre. “Il n’y avait personne pour le soigner”, sanglote-t-elle.
Les femmes enceintes sont les premières victimes. À Bria, une sage-femme témoigne : “Nous n’avons même pas de gants stériles pour les accouchements. Nous devons les faire acheter aux patientes qui n’ont déjà pas de quoi manger.”
![À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise](https://corbeaunews-centrafrique.org/wp-content/uploads/2021/07/Hopital-de-Nanga-Boguila-450x338.jpg)
Un ministre invisible, des promesses en l’air
Le ministère de la Santé promet depuis des années de recruter du personnel qualifié. Mais sur le terrain, rien ne change. Les quelques médecins formés préfèrent partir dans les ONG ou à l’étranger, où les salaires sont payés régulièrement.
L’hôpital de Paoua, quant à lui, respire encore grâce au projet Seni plus. Mais à Bria, le départ annoncé de MSF fait trembler tout le monde. “Qui va nous remplacer ?” s’inquiète un infirmier.
La mort au bout du couloir
Sans paiement des arriérés de salaire, sans recrutement de personnel qualifié, les hôpitaux publics vont continuer leur descente aux enfers. Les populations les plus vulnérables en paient déjà le prix fort.
“Nous voyons des enfants mourir de maladies facilement soignables”, témoigne Jean-Baptiste Manikaou. “C’est insupportable pour un père de famille “.
Cependant, la nuit tombe sur l’hôpital de Paoua. Dans un service surchargé, une infirmière court d’un lit à l’autre. Trente patients pour elle seule.
À Carnot, un père vend sa moto pour payer les soins de son fils. À Bria, une grand-mère attend son médicament depuis trois jours.
Pendant ce temps à Bangui, les bureaux climatisés du ministère restent silencieux. Et dans les provinces, on continue de mourir de maladies qu’un simple comprimé aurait pu guérir.
Dans les provinces, les habitants n’ont plus qu’un choix : prier pour ne pas tomber malade ou trouver l’argent pour aller se faire soigner à Bangui. Mais même dans la capitale, les hôpitaux publics souffrent des mêmes maux : manque de personnel, équipements vétustes, et salaires impayés.
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