Le scandale des marchés truqués au sein de la MINUSCA fait de ravage
À Bangui, la colère gronde parmi les entrepreneurs centrafricains. La MINUSCA, mission des Nations Unies censée contribuer au développement du pays, pratique un favoritisme criminel dans l’attribution de ses marchés, excluant systématiquement les entreprises locales au profit d’intérêts étrangers.
Marchés truqués au sein de la MINUSCA : le cas du rond-point des nations-unies qui fait déborder le vase
La récente attribution du marché pour l’aménagement du rond-point des Nations Unies à Bangui cristallise toutes les frustrations. Ce projet, d’une valeur de 63 millions de francs CFA, a été confié à l’ONG congolaise “Médecins d’Afrique”, au mépris total des compétences nationales.
“C’est une gifle pour tous les entrepreneurs centrafricains”, s’indigne Jean-Pierre Seregaza, patron d’une PME de BTP à Bangui. “Comment une ONG médicale étrangère peut-elle obtenir un contrat de travaux publics chez nous ? Nous avons les compétences et l’expérience nécessaires. Cette décision est incompréhensible et inacceptable.”
Les travaux, débutés mi-septembre, doivent s’achever en janvier. Pendant quatre mois, les Banguissois assisteront, impuissants, à ce chantier symbole d’un système qui les exclut de leur propre développement.
Un système de favoritisme bien rodé au sein de la MINUSCA
Cette attribution contestable n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon plusieurs sources au sein de la MINUSCA, un véritable réseau s’est mis en place pour détourner les marchés au profit d’intérêts étrangers.
“Le responsable congolais chargé des appels d’offres au sein de la MINUSCA attribue systématiquement les contrats à des entreprises de son pays, voire à ses propres sociétés écrans”, révèle un employé de la Minusca interrogé par la rédaction du CNC. “C’est un secret de polichinelle, mais personne n’ose s’y opposer ouvertement“.
Le secteur de la restauration n’échappe pas à ces pratiques douteuses au sein de la MINUSCA. M. Tanoh, chef ivoirien de l’administration et de la logistique en poste depuis 2014, a lui aussi accordé l’ensemble des contrats de restauration à sa compatriote ivoirienne résidant à Bangui surnommée “Cloclo“.
“Des millions de dollars de contrats échappent ainsi à l’économie centrafricaine”, déplore François Balépou, un activiste de la société civile centrafricaine. “C’est un gâchis monumental qui prive nos entrepreneurs de ressources vitales pour se développer.”
Les entrepreneurs centrafricains exclus et désemparés.
Face à ces pratiques mafieuses au sein de la MINUSCA, les entrepreneurs locaux se sentent abandonnés et trahis. Malgré leurs compétences et leur volonté de participer au développement de leur pays, ils se retrouvent systématiquement écartés des opportunités offertes par la présence de la MINUSCA.
“Nous avons investi dans du matériel, formé notre personnel, respecté toutes les procédures”, témoigne Marie Gallo, gérante d’une entreprise de BTP à Bangui. “Mais chaque fois qu’un appel d’offres est lancé, c’est toujours la même histoire : le marché est attribué à une entreprise étrangère fictive, souvent sans expérience dans le domaine. C’est décourageant et injuste“.
Ce sentiment d’injustice est partagé par de nombreux acteurs économiques centrafricains. “La MINUSCA dépense des milliards dans notre pays, mais ces sommes ne profitent pas à notre économie”, constate Alain Mballa, économiste centrafricain. “C’est un cercle vicieux : sans accès à ces marchés, nos entreprises ne peuvent pas se développer et restent donc toujours considérées comme ‘pas assez qualifiées’ pour les contrats suivants au sein de la MINUSCA “.
L’impact négatif de ces pratiques au sein de la MINUSCA sur l’économie centrafricaine.
Les conséquences de ces pratiques au sein de la MINUSCA vont bien au-delà des frustrations individuelles. C’est toute l’économie centrafricaine qui pâtit de cette situation.
“Chaque contrat attribué à une entreprise étrangère représente des emplois perdus pour les Centrafricains, des impôts non perçus par l’État, et un manque à gagner pour toute la chaîne de sous-traitants locaux”, explique Basile Yakoma, spécialiste en développement économique. “À long terme, cela freine considérablement le développement du secteur privé national, pourtant essentiel à la stabilité et à la prospérité du pays“.
De plus, cette situation au sein de la MINUSCA alimente un sentiment de méfiance envers les organisations internationales. “Comment pouvons-nous croire aux discours sur le renforcement des capacités nationales quand nous constatons jour après jour que nos compétences sont ignorées ?”, s’interroge Paul Mbério.
La MINUSCA reste sourde aux appels.
Malgré les protestations répétées du secteur privé centrafricain, la MINUSCA semble imperméable aux critiques. Aucune mesure concrète n’a été prise pour remédier à cette situation.
Cette inertie alimente les tensions et les suspicions. “Il y a forcément des intérêts puissants au sein de la MINUSCA derrière ce système”, estime un entrepreneur qui préfère garder l’anonymat. “Sinon, comment expliquer qu’une pratique aussi manifestement préjudiciable puisse perdurer année après année ?”
Vers une mobilisation des entrepreneurs ?
Face à cette situation bloquée au sein de la MINUSCA, certains entrepreneurs centrafricains envisagent des actions plus radicales. “Nous réfléchissons à organiser une action robuste pour faire entendre notre voix”, annonce Parfait, un entrepreneur centrafricain. “Si la MINUSCA ne veut pas nous écouter, peut-être qu’elle nous verra“.
D’autres plaident pour une internationalisation du problème. “Nous devons alerter le siège des Nations Unies à New York”, propose Clarisse Sonia Séréfio, avocate centrafricaine. “Ces pratiques vont à l’encontre des principes mêmes de l’ONU en matière de développement durable et de renforcement des capacités locales”.
Une chose est sûre : sans une réforme en profondeur de ses procédures d’attribution des marchés au sein de la MINUSCA, la MINUSCA risque de perdre définitivement la confiance des entrepreneurs centrafricains qu’elle est censée aider. Le développement économique du pays, déjà fragile, en paierait le prix fort.
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Cliquez sur ce lien pour vous Abonnez à la chaine WhatsApp de Corbeau News Centrafrique
Invitation à suivre la chaine du CNC
Cliquez sur ce lien pour intégrer nos groupes WhatsApp :
Rappelons que dans les deux premiers groupes, seuls les administrateurs publient des contenus. Et c’est réservé uniquement aux articles du CNC.