Tempête sur le pétrole centrafricain : L’opposition fait bloc contre une gestion mafieuse
Le rapport explosif du GSTC sur le pétrole centrafricain enflamme le débat politique à Bangui.
Bangui, CNC. Le secteur pétrolier centrafricain est au cœur d’une violente polémique depuis la publication en septembre 2024 d’un rapport accablant du Groupe de Travail de la Société Civile (GSTC). Ce document, qui dénonce une “gestion mafieuse du pétrole centrafricain , a provoqué un séisme politique à Bangui. L’opposition, réunie au sein du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), s’est saisie de l’affaire pour accentuer la pression sur le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra.
Le monopole controversé de Neptune sur le pétrole centrafricain .
Au centre des critiques se trouve l’attribution du monopole d’importation et de distribution des produits pétroliers à la société Neptune. Mahamat Kamoun, ancien Premier ministre, a vivement dénoncé cette situation lors d’une conférence de presse du BRDC du 11 octobre dernier : “Le monopole qui a été banni par la loi est remis en place. Vous pensez que le prix actuel des carburants est normal ? C’est parce qu’il y a le monopole”.
Selon l’opposition, cette décision a des conséquences désastreuses sur l’économie du pays et le pouvoir d’achat des Centrafricains. L’ancien premier ministre Martin Ziguelé, président du MLPC et porte-parole du BRDC, a souligné la chute vertigineuse des recettes fiscales : “En période normale, la fiscalité pétrolière rapportait quelque chose comme 4 milliards de francs CFA par mois, dont Total payait la moitié. Maintenant, c’est tombé à 1 milliard“.
Le rapport du GSTC sur le pétrole centrafricain, une bombe à retardement.
Le rapport du GSTC sur le pétrole centrafricain, publié en septembre 2024, a servi de détonateur à cette crise. Le document pointe du doigt de nombreuses irrégularités dans la gestion du secteur pétrolier, allant jusqu’à parler de “mafia”. Maître Crépin Mboli-Goumba, coordinateur du BRDC, a repris ces termes à son compte : “Nous sommes dans une situation où, aujourd’hui, parler de mafia dans le secteur pétrolier est bien choisi. Ce n’est pas au bénéfice du peuple centrafricain, c’est à son détriment“.
L’opposition salue le travail du GSTC, estimant qu’il a “mis le fer chaud dans la plaie”. Maître Nicolas Tiangaye, président du CRPS, a déclaré : “Le GSTC a fait son travail. Ce travail doit être relayé par la presse, qui a la possibilité de mener aussi des enquêtes, faire des investigations“.
Piri, un ministre mafieux sur la sellette.
Le ministre de l’Énergie, Arthur Bertrand Piri, s’est retrouvé dans l’œil du cyclone suite à la publication du rapport du GSTC sur le pétrole centrafricain. Ses multiples réactions, jugées peu convaincantes par l’opposition, n’ont fait qu’attiser les critiques. Maître Tiangaye a fustigé l’attitude du ministre : “Il s’en prend personnellement à Béninga [du GSTC], qu’il méprise quand il parle de Beninga. Il ne dit pas Monsieur Beninga. Beninga, Beninga, Beninga. Beninga est devenu le mari de sa tante ?Donc, je pense que ce genre de comportement traduit la tourmente dans laquelle se trouve le ministre, parce qu’ils ont fauté et ils n’ont plus d’arguments“.
L’opposition exige la transparence.
Devant une telle situation, le BRDC exige la publication intégrale de la convention signée entre l’État centrafricain et Neptune. Maître Tiangaye a affirmé : “Vous ne pouvez pas imaginer lorsque ce pétrole arrive en Centrafrique, une bonne partie des ressources sont partagées entre trois personnes au sommet de l’État. Pendant ce temps, c’est la population qui subit les contre-coups, vous et moi“.
L’opposition dénonce également la suppression, dans la nouvelle constitution, du contrôle parlementaire sur les conventions liées aux ressources naturelles. Maître Tiangaye a expliqué : “L’article 60 de la constitution de 2016 constituait une garantie pour nous, les Centrafricains, pour l’exploitation de nos richesses minières, nos richesses naturelles. […] On a chassé Karim Meckassoua et on a mis en place une nouvelle constitution dans laquelle il n’y a plus ce contrôle, même si ce contrôle n’est pas totalement parfait, c’est pour qu’il y ait l’opacité dans la gestion des affaires de l’État.”
Un impact économique et social désastreux.
Les conséquences de cette gestion controversée du secteur pétrolier se font sentir dans tout le pays. Mahamat Kamoun a souligné : “Vous connaissez le taux de croissance ? Le PIB de la RCA à la fin 2023, on est à 0,5. Donc il y a un rythme, il y a le ralentissement avéré des activités économiques. Tout ça, c’est lié à la question du carburant“.
L’ancien Premier ministre a également évoqué les conséquences sociales : “Quand Total est parti, et même Tamoil , vous savez le nombre de Centrafricains qui sont mis au chômage ? Quand on sait qu’un Centrafricain fait vivre combien de personnes, au moins 20 bouches, ça n’a pas ému les autorités“.
Appel de l’opposition.
Face à cette situation, le BRDC appelle à une enquête approfondie et à une révision complète de la gestion du secteur pétrolier. L’opposition demande également à la presse et à la société civile de jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir.
Martin Ziguelé a conclu : “Nous ne sommes que cinq millions et nous sommes pauvres à côté de ce sac d’or. Parce que tout simplement, il existe des économies dans notre pays, une économie officielle dont les ressources vont au budget et une économie underground qui sert à financer toutes ces lobby que vous voyez là“.
Le débat autour de la gestion du secteur pétrolier centrafricain est loin d’être clos. Alors que l’opposition maintient la pression, le gouvernement devra tôt ou tard apporter des réponses concrètes aux accusations portées par le GSTC et relayées par le BRDC. L’avenir économique du pays pourrait bien dépendre de l’issue de cette crise.
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