Les Woro-woro : L’aventure des taxis-brousse sur la route Bangui-Dékoua

Les Woro-woro : L’aventure des taxis-brousse sur la route Bangui-Dékoua

 

Un taxi brousse surchargé de passagers et de marchandises à la sortie Nord de Bangui.
Un taxi-brousse surchargé, transportant passagers et marchandises à la sortie Nord de Bangui, au PK12. CopyrightCNC

 

À Bangui, la capitale centrafricaine, à peine l’aube pointe à l’horizon, le marché PK12 s’anime déjà dans un joyeux tintamarre. Au milieu des étals multicolores, une foule s’agglutine autour d’une Nissan chargée à ras bord. C’est un “Woro-woro”, le célèbre taxi-brousse centrafricain, qui s’apprête à prendre la route vers Dékoua, à environ 270 km au centre du pays, dans la préfecture de Kémo.

 

Bangui, 23 août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Moussa, le chauffeur chevronné, lance d’une voix forte aux passagers : “En route pour Dékoua ! Pour ceux qui aillent à la destination, c’est 8000 francs par personne, 5000 ou plus pour les gros bagages !” Les “Wali Gbalakouma “, ces commerçantes intrépides, se hissent à l’arrière avec leurs bagages. Elles rêvent déjà d’atteindre vite le lendemain le marché de Dékoua pour acheter des marchandises.

 

Le véhicule quitte Bangui vers 9 heures finalement pour Dékoua. Nous sommes le lundi 5 août 2024. Mais à peine 22 km parcourus, premier barrage, premier arrêt au PK22. Les gendarmes de la brigade motorisée scrutent le véhicule. “Papiers du véhicule !” ordonne l’un d’eux. Malgré des documents en règle, les tracasseries commencent. “Tournez le volant à gauche, à droite… Klaxonnez !” Moussa s’exécute, sachant bien ce qui l’attend. Finalement : “2000 francs pour la formalité “, exige le gendarme. Moussa paie, résigné.

 

Quelques kilomètres plus loin, ce sont les soldats FACA qui les arrêtent. Nouveau contrôle, nouvelle “formalité” à payer. À Guerengou, encore une barrière. Les passagers commencent à s’impatienter. Mais comme ils sont déjà habitués, ils sont obligés de patienter.

 

Arrivée à Damara, 75 km de Bangui. Au péage, c’est 1000 francs CFA. À la sortie, la brigade motorisée attend de pied ferme. Encore un prélèvement pour Moussa.

 

Le tronçon Damara-Sibut, 110 km théoriquement goudronnés, se révèle un calvaire. “C’est pas une route, c’est un gruyère !” plaisante amèrement une passagère, une Wali Gbalakouma. Le Woroworo avance comme un canard, zigzaguant entre les nids-de-poule. À différents niveau, des jeunes tentent de combler les trous avec du sable et de la latérite, quémandant quelques pièces aux véhicules qui passent.

 

Sept heures plus tard, vers 17 heures, Sibut est en vue. Nouveau péage : 1000 francs CFA. Les passagers en profitent pour acheter de quoi grignoter et chercher une place pour dormir, car le voyage va reprendre le lendemain.

Justement, le lendemain, à 10 heures, Moussa reprend la route avec ses passagers. Il a reçu quatre nouveaux passagers qui veulent aller à Dékoua. En quittant Sibut, à la sortie de la ville, c’est un festival de contrôles : gendarmes, policiers, et même les agents des eaux et forêts. Chacun veut sa part du gâteau.

 

“Accrochez-vous, maintenant ça va secouer !” prévient Moussa, le conducteur à ses passagers. La route goudronnée laisse place à une piste en latérite. La saison des pluies a transformé le chemin en bourbier. Par endroits, des flaques d’eau s’étendent. “On dirait qu’on navigue !” s’exclame une Wali Gara, mi-rieuse, mi-inquiète.

 

Brusquement, à 30 kilomètres à la sortie de Sibut, à 215 kilomètres de Bangui, un bruit métallique inquiétant se fait entendre. “Panne de moteur !” annonce Moussa. Tout le monde descend. Pendant que le chauffeur et quelques hommes s’affairent sous le capot, les autres passagers en profitent pour se dégourdir les jambes et acheter des fruits aux quelques villageois. Deux heures plus tard, le voyage reprend.

 

Le Woro-woro avance péniblement, s’enlisant parfois. Tous descendent pour pousser. La solidarité est de mise. “C’est ça, la Centrafrique !” lance fièrement un passager en remontant, couvert de boue.

 

« Pourtant, le projet Londo a réhabilité cette route il y’a quelques mois. Je ne sais pas ce qui se passe encore », explique une Wali Gbalakouma.

Enfin, après une journée éprouvante, Dékoua est en vue. Mais l’odyssée n’est pas tout à fait finie. À l’entrée de la ville, des hommes se présentant comme agents des impôts arrêtent le véhicule. Dernière ponction avant l’arrivée.

 

Il est presque 16 heures quand le Woro-woro atteint enfin sa destination. Les Wali Gara descendent, épuisées mais déterminées. Demain, elles seront au marché dès l’aube pour acheter viandes boucanées, manioc et poissons frais.

 

Moussa, le chauffeur, s’étire et soupire : “Encore une journée sur les pistes de Centrafrique. C’est dur, mais c’est notre vie.” Les Woro-woro, ces héros du quotidien, continuent leur mission : relier les villes, transporter les rêves et les espoirs, faire battre le cœur économique de la Centrafrique, contre vents, marées, nids-de-poule et tracasseries administratives.

 

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