La rigueur au travail, un concept devenu étranger : le cas du PRAPAM en Centrafrique
L’anarchie règne en maître en République Centrafricaine depuis près d’une décennie, gangrenant tous les secteurs de la société. Du sommet de l’État aux échelons inférieurs de l’administration, le laisser-aller est devenu la norme, transformant le pays en un terreau fertile pour la corruption et le détournement de fonds.
Bangui, 29 juillet 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Un État en déliquescence.
La déliquescence de l’État centrafricain se manifeste de manière flagrante dans la gestion des institutions publiques. Les nominations aux postes clés se font sur des critères opaques, privilégiant souvent les réseaux clientélistes au détriment des compétences. Cette pratique néfaste gangrène l’administration et sape les efforts de développement du pays.
Le cas du ministère des Finances est emblématique de ce dysfonctionnement. Le récent remaniement opéré par le ministre Hervé Ndoba a provoqué l’ire de certains fonctionnaires militants du parti au pouvoir. Ces derniers, habitués à occuper des postes “juteux”, ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une “provocation”, accusant le ministre de favoriser l’opposition. Cette réaction révèle l’ampleur du problème : certains agents de l’État considèrent les postes publics comme des rentes personnelles plutôt que des responsabilités au service de la nation.
PRAPAM : la rigueur, un concept devenu suspect.
Dans ce contexte de délitement généralisé, toute tentative d’instaurer de la rigueur dans le travail est perçue avec méfiance, voire hostilité. L’exemple du projet PRAPAM (Projet d’Amélioration de la Productivité et de l’Accès aux Marchés des Produits Agropastoraux dans les Savanes) est révélateur. Le coordonnateur, Yvon Francis Bouba Dalambaye, connu pour sa gestion rigoureuse et son suivi minutieux sur le terrain, fait l’objet d’attaques de la part de ceux qui voient leurs intérêts menacés par cette approche professionnelle.
Cette situation dévoile un paradoxe alarmant : ceux qui travaillent avec sérieux et intégrité deviennent des cibles à abattre. Le cas du coordonnateur du PRAPAM n’est pas isolé, comme en témoigne celui du ministre des Finances. Ces exemples illustrent la profondeur de la crise morale qui secoue le pays.
Un avenir compromis.
L’incapacité à valoriser le travail bien fait et à sanctionner les dérives compromet gravement l’avenir de la Centrafrique. Comment espérer un développement durable quand l’incompétence et la malhonnêteté sont tacitement encouragées ? Les projets comme le PRAPAM, qui visent à améliorer les conditions de vie des populations rurales, risquent d’être sapés par cette culture de l’impunité et du laisser-aller.
La persistance de cette mentalité toxique entrave les efforts de reconstruction et de développement du pays. Elle décourage les initiatives positives et favorise une spirale négative où seuls les opportunistes et les fraudeurs prospèrent.
Face à ce constat accablant, une question cruciale se pose : comment la République Centrafricaine peut-elle s’extirper de ce bourbier moral et institutionnel ? Sans un sursaut collectif et une véritable volonté politique de réformer en profondeur les pratiques de gouvernance, le pays risque de s’enfoncer davantage dans le chaos, au détriment de sa population qui aspire légitimement à un avenir meilleur.
Il est urgent que les autorités centrafricaines prennent conscience de la gravité de la situation et mettent en place des mesures drastiques pour restaurer l’éthique et la rigueur dans la fonction publique. Sans cela, tous les efforts de développement, aussi bien intentionnés soient-ils, resteront vains.
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