Ouagadougou (Burkina-Faso) – 26 déc. 2019 03:39
Le Burkina Faso était en deuil mercredi, jour de Noël, après l’attaque jihadiste d’envergure qui a fait 42 morts dans le nord du pays, la pire depuis cinq ans.
Au total, 35 civils, dont 31 femmes, et sept militaires (quatre soldats et trois gendarmes) ont été tués dans cette attaque armée non revendiquée, menée la veille à Arbinda, près de la frontière malienne, qui a visé à la fois le détachement militaire et la population civile. Six civils et une vingtaine de soldats ont été blessés, a également précisé le ministre de la communication, Remis Dandjinou. Des sources sécuritaires ont ensuite annoncé à l’AFP qu’une nouvelle attaque s’était produite dans la même région dans la nuit de mardi à mercredi, à une soixantaine de kilomètres d’Arbinda. “Une dizaine de militaires [du détachement militaire de Namssiguia] ont été tués dans cette embuscade qui a eu lieu à Hallalé”, localité située près de Tongomael, dans la province du Soum. Le président dénonce une “attaque barbare” A Arbinda, mardi, la riposte militaire avait permis de tuer “80 terroristes”, selon l’état-major des armées burkinabées, et de saisir aux jihadistes en fuite “une centaine de motos, de l’armement et des munitions en grande quantité”. L’attaque avait été menée par plus de 200 individus lourdement armés, à bord de pick-up et de motocyclettes, selon une source sécuritaire. “Les échanges de tirs ont été vraiment intenses et ont duré près de trois heures. C’est le soutien aérien qui a permis de repousser l’attaque.” Pendant que le détachement [militaire] essuyait des tirs nourris, un autre groupe d’individus armés s’en est pris aux populations civiles, majoritairement des femmes, dont des personnes déplacées qui avaient trouvé refuge à Arbinda.Une source sécuritaireà l’AFP Le président burkinabé, Roch Kaboré, a décrété 48 heures de deuil national en hommage aux victimes, jusqu’à jeudi. Le soir de l’attaque d’Arbinda, il avait annoncé sur Twitter le macabre bilan de cette “attaque barbare”, alors qu’il lui a souvent été reproché son manque de poigne face aux groupes jihadistes qui multiplient les actions violentes. La commune rurale d’Arbinda et sa région ont été régulièrement frappées cette année par des attaques jihadistes, visant aussi bien les civils que les forces de l’ordre. Début avril, 62 personnes avaient été tuées en trois jours lors d’attaques jihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires dans la commune. Depuis 2015, les attaques jihadistes au Burkina ont fait près de 750 morts, selon un décompte de l’AFP, et environ 560 000 déplacés et réfugiés, d’après l’ONU. Le nord et l’est du pays sont particulièrement touchés. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises. Ces attaques sont rarement revendiquées mais attribuées à des groupes armés jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda et d’autres au groupe Etat islamique. La communauté internationale peine à s’organiser Les forces de l’ordre burkinabées, qui paient un lourd tribut, sont sous-équipées et mal entraînées. Elles ont cependant revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations. Cinq Etats sahéliens (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) qui tentent depuis 2015 de mettre sur pied une force militaire conjointe de 5 000 soldats, ont appelé mi-décembre la communauté internationale à les soutenir davantage. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a adopté le 21 décembre un plan d’action d’un milliard de dollars sur cinq ans pour lutter contre le terrorisme, aux contours cependant flous. Malgré la présence de forces françaises (4 500 soldats de l’opération Barkhane), de l’ONU (Minusma au Mali, 13 000 hommes), ainsi que de forces américaines, les pays sahéliens subissent des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, depuis les premières violences dans le nord du Mali en 2012. La France a convié les cinq Etats sahéliens à un sommet en janvier pour “redéfinir plus clairement les objectifs militaires, politiques et de développement” de la lutte commune contre les groupes jihadistes, selon le président Emmanuel Macron. Ce dernier juge ambiguë l’attitude des présidents burkinabé et malien au sujet de la présence des soldats français, critiquée par une partie de l’opinion publique de ces deux pays.
Avec AFP
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