PLAIDOYER POUR UNE DEMARCHE COHERENTE D’ORGANISATION DE LA DIASPORA CENTRAFRICAINE MONDIALE
Bangui, le 18 novembre 2017.
Par : Clotaire Saulet SURUNGBA, CNC.
La récente création de la «Communauté Centrafricaine de France-CCFR » le 04 novembre 2017, au-delà des débats suscités ainsi que les réactions, tant des autorités politiques et administratives que des citoyen(ne)s, a induit une dynamique qu’il convient d’exploiter positivement afin d’initier, si besoin est, une Politique Cohérente pour la gestion des Centrafricain(e)s de l’Extérieur et une organisation générale de la Société Civile centrafricaine.
Cependant, il faut noter que c’est depuis fort longtemps que la problématique de l’organisation de la Diaspora Centrafricaine Mondiale est posée. Nous en voulons pour preuve, la Commission organisation de la diaspora évoquée par Bertrand KEMBA, le 13 juillet 2014 dans le journal en ligne www.centrafrique-presse.com dans le cadre de la préparation du « Forum diaspora centrafricaine ». Et, en prélude au Forum National de Bangui de 2015, il a été produit des documents qui font état de la création et de la mise en place d’un bureau de la Diaspora à Bangui. Le principe étant déjà accepté par le gouvernement lors du Forum de la Diaspora en 2010 et il ne resterait qu’à mettre en place le statut juridique et les textes d’application devant gérer les intérêts de la Diaspora. A l’issue du Forum National de Bangui, des réunions de concertation entre les diverses diasporas centrafricaines d’Europe, d’Amérique et d’Afrique ont eu lieu à Bangui. Ces réunions ont porté sur l’organisation d’une Plateforme Mondiale de la Diaspora Centrafricaine et un Congrès devrait se tenir à une date et dans un lieu qui seront déterminés par consensus…
Que s’est-il passé depuis ?
En tout cas, il ne s’est rien passé depuis, jusqu’à l’appel de février et octobre 2017 qui a conduit au 04 novembre 2017…
A l’occasion de la célébration du 57ème anniversaire de la proclamation de la République Centrafricaine, le Chef de l’Etat, dans son message à la Nation du 12 août 2017, avait lancé un appel aux Centrafricain(e)s établi(e)s à l’Extérieur en ces termes :
« J’exhorte les Compatriotes de la Diaspora à contribuer positivement aux efforts de relèvement économique de notre Pays. Nous avons plus besoin d’unité et de contributions des uns et des autres pour avancer ensemble ».
C’est un truisme de dire que la Diaspora Centrafricaine est un atout pour le développement. Elle doit être, en cette période critique de notre histoire, une force de propositions concrètes et un outil de travail.
Pour permettre à cette Diaspora d’agir positivement en direction du Pays, un certain nombre de préalables apparaissent tout naturellement. Les conclusions du Forum de la Diaspora en 2010 doivent être revisitées, premièrement. Ensuite, un aperçu du Rapport de la Table Ronde du 06 octobre 2006, organisée par le Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, sur le thème « Favoriser la création d’entreprises dans les pays en développement : le rôle des diasporas », nous fournit des clés pour que la Diaspora centrafricaine, au même titre que celles des autres Pays, joue véritablement son rôle. Nous retiendrons de ce Rapport quelques points, notamment :
- Le membre de la Diaspora qui veut investir ou se réinstaller dans son pays d’origine ne doit pas être perçu comme une menace,
- Les interventions des membres des diasporas dans les domaines de l’investissement et du développement doivent se faire de manière libre et volontaire,
- La diaspora ne doit pas être considérée comme une « vache à lait »,
- Les ressortissants d’une diaspora ne peuvent rien faire de productif dans leur pays d’origine s’ils n’y trouvent pas des relais et des réseaux de soutien,
- Les membres d’une diaspora ont besoin d’avoir des gens et des structures auxquels ils peuvent faire confiance quand ils veulent investir leurs économies ou d’autres ressources dans leur Pays,
- Il faudrait un cadre qui permette aux membres de la diaspora de se rencontrer et d’identifier ensemble les secteurs dans lesquels ils pourraient se lancer avec succès, car la dispersion et l’isolement des initiatives ne peuvent porter de fruits.
Il apparaît clairement que les Autorités politiques et administratives, sans s’ingérer de manière ostentatoire dans la vie des associations des Centrafricain(e)s de la Diaspora, ont l’impérieux devoir d’accompagner les membres de la Diaspora Centrafricaine, organisés en associations ou non.
Dans la mesure où la plupart des associations de la Diaspora ou membres de la Diaspora ont pour ambition d’intervenir dans les domaines économiques, socio-éducatives, culturelles, sportives et du développement durable, elles se classent tout naturellement dans la Société Civile Centrafricaine. Et leur organisation ne peut et ne doit alors se faire que dans le cadre d’une Société Civile Centrafricaine aussi organisée dans toute sa globalité.
Ainsi, par patriotisme et avec réalisme, je propose ce qui suit.
1°/- Susciter la création du « Conseil National de la Société Civile Centrafricaine-CNSCCA »
- Société Civile de l’Intérieur :
CIONG-CA, CNOSCA (toutes les Fédérations sportives), Centrales Syndicales, Association des Poètes et Ecrivains Centrafricains, Défenseurs des Droits de l’Homme, Professions libérales (Ordre des Avocats, Ordre des Médecins, Pharmaciens et Dentistes etc) , Fédérations de Théâtre, de Danse Traditionnelle, Artistes Plasticiens, BUCADA etc
- Société Civile de l’Extérieur :
Associations de la Diaspora Centrafricaine (Centrafricain(e)s de l’Etranger) en Afrique, en Europe, en Amérique, en Asie, en Océanie, à l’exception des associations à caractère politique.
2°/- Le Bureau ou la Direction du CNSCCA, dont la composition sera à définir, aura en son sein, une Délégation des Centrafricain(e)s de l’Etranger et dont la mission principale sera d’être l’interface entre les Autorités politiques et administratives et les Associations qui interviennent au Pays. Cette structure, par sa connaissance du terrain, pourra éclairer sur le monde associatif des Centrafricain(e)s établi(e)s en dehors du territoire national.
3°/- Le CNSCCA, dans un avenir proche, pourra convoquer à Bangui, les Associations de la Diaspora (Afrique, France-Europe, Etats-Unis-Amérique, Asie, Océanie) pour mettre en place la structure faîtière des Centrafricain(e)s de l’Etranger. Ce pourrait être un Haut Conseil des Centrafricain(e)s de l’Etranger, Conseil Supérieur des Centrafricain(e)s de l’Etranger…
Centrafricainement
N.B. : Par définition, le vocable Diaspora est la dispersion hors de Palestine des juifs exilés ou l’ensemble des communautés juives dispersées à travers le monde. On utilise également ce mot « diaspora » en minuscule pour parler de la dispersion d’un peuple, d’une ethnie à travers le monde. Par un abus de langage, nous disons Diaspora ou diaspora centrafricaine, étant entendu que l’expression appropriée serait « Centrafricain(e)s de l’Etranger » ou « Centrafricain(e)s de l’Extérieur ».
SAULET SURUNGBA Clotaire
Ancien Conseiller National
Représentant de la Diaspora-Zone Europe au CNT
Conseiller «Communauté Centrafricaine de France- CCFR »
« clotairesaulet3@gmail.com »
17/11/2017