Les Peuls, au cœur des violences et de la stigmatisation

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Les Peuls, au cœur des violences et de la stigmatisation

 

Un papa peul, père des 5 enfants peuls, à Bossembélé, a été agressé par un groupe des malfaiteurs vbien connu de la ville.
Monsieur Aladji Bouba, l’un des éleveurs Peuls braqués par un groupe des jeunes villageois près de Bossembélé, dans la préfecture de l’Ombella-Mpoko Screenshot

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le 19 mars 2025, Boubou Cissé, figure peule influente et président de l’un des principaux marchés à bétail de Bamako, a été abattu devant son domicile. Ce meurtre illustre la violence ciblée que subissent les communautés peules dans l’ensemble du Sahel.

 

Les Peuls, traditionnellement éleveurs nomades, sont souvent accusés de soutenir ou de composer une grande partie des groupes djihadistes actifs dans la région du Sahel, notamment au Mali et au Burkina Faso. Cette stigmatisation conduit à des amalgames dangereux qui alimentent la haine contre cette communauté. Au Burkina Faso, par exemple, ils sont fréquemment perçus comme des ennemis intérieurs, ce qui justifierait des violences extrêmes et des appels à leur extermination. « Les Peuls comptent le plus grand nombre de morts tués lors des attaques, et enregistrent le plus grand nombre de déplacés internes », soulève Lassina Ouédraogo, analyste politique burkinabè.

 

Des communautés prises pour cible

Au Burkina Faso, des massacres massifs ont été documentés, notamment dans l’ouest du pays à Solenzo les 10 et 11 mars 2025. Près d’une centaine de civils peuls ont été tués par des milices supplétives de l’armée burkinabè, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Des vidéos macabres diffusées sur les réseaux sociaux montrent des femmes et enfants menacés, des cadavres entassés, et des discours haineux appelant à la violence contre les Peuls. Il est possible d’entendre l’un des assaillants dans un de ces contenus diffusés en ligne : « vous les Peuls, vous voulez prendre notre [pays]. Vous n’y arriverez jamais ». Les autorités burkinabè dénoncent un complot, refusant d’identifier la nature ciblée de la tuerie. Une posture qui laisse le champ libre aux auteurs de ces violences.

 

Au Mali, la situation est tout aussi dramatique. Le massacre d’Ogossagou en mars 2019, perpétré par des milices dogons, a fait plusieurs centaines de morts parmi les civils peuls, avec des actes de barbarie extrêmes (mutilations, brûlures, décapitations). Ce tragique événement s’inscrit dans un contexte de rivalités anciennes entre communautés peules et dogons, exacerbées par la présence de groupes djihadistes et les défaillances de l’État malien à protéger les populations civiles.

 

« Début de vengeance »

La stigmatisation et les massacres subis, par les armées et les djihadistes, renforcent le sentiment d’abandon des Peuls, facilitant parfois le recrutement de jeunes dans les groupes terroristes. Quelques jours après le massacre de Solenzo, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) – englobant plusieurs mouvements djihadistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, comme Ansaroul Islam – a diffusé une vidéo montrant des rescapés, sous sa protection.

 

Début avril, le chef d’Ansarul Islam, le Burkinabè Jafar Dicko, a également revendiqué une attaque d’envergure contre une caserne militaire à Diapaga, dans l’Est, faisant au moins cinquante tués chez les militaires et les VDP. Dicko l’aurait présentée comme un « début de vengeance » pour Solenzo.

 

Les leaders peuls appellent à une reconnaissance des massacres et à des enquêtes indépendantes, dénonçant l’impunité des auteurs et une complicité tacite des autorités. L’Union africaine et plusieurs organisations internationales condamnent ces exactions et demandent des mesures urgentes pour protéger cette communauté.

 

Les Peuls au Burkina Faso et au Mali sont ainsi victimes d’une double peine : d’une part, ils subissent des massacres et des violences ciblées, et d’autre part, ils sont assimilés aux djihadistes, servant de prétextes aux attaques perpétrées.

 

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