Le comité islamique de Centrafrique offre 30 millions à Touadéra  pour son troisième mandat : le chantage déguisé en don et l’instrumentalisation honteuse de la religion

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Le comité islamique de Centrafrique offre 30 millions à Touadéra  pour son troisième mandat : le chantage déguisé en don et l’instrumentalisation honteuse de la religion

 

Don du comité islamique de Centrafrique à Touadera pour le financement de sa campagne électorale don-du-comite-islamique-de-centrafrique-a-touadera_500
Don du comité islamique de Centrafrique à Touadera pour le financement de sa campagne électorale don-du-comite-islamique-de-centrafrique-a-touadera_500

 

Rédigé le 13 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Le 11 octobre 2025, le comité islamique de Centrafrique a remis publiquement un chèque de 30 millions de francs CFA au président sortant Faustin-Archange Touadéra pour sa campagne électorale. L’image de cette remise, organisée devant le domicile du PPrésident du comité islamique de Centrafrique au quartier PK5, a circulé largement sur les réseaux sociaux et a provoqué des réactions contrastées. Mais derrière ce “don” présenté comme un “acte de solidarité”, se cache une réalité beaucoup plus sombre : un racket organisé auprès des commerçants musulmans, une instrumentalisation politique de la religion, et une violation flagrante du code électoral.

 

 

Selon les informations recueillies par la rédaction du CNC, la somme de 30 millions affichée publiquement ne représente qu’une partie des contributions réellement collectées. Des sources concordantes évoquent une collecte totale dépassant 100 millions de francs CFA, levée auprès de commerçants et anciens collecteurs de diamants musulmans.

 

Ces commerçants du marché PK5 et de plusieurs localités minières affirment avoir été “sollicités pour participer à l’effort de soutien” au chef de l’État. Mais le mot “sollicité” est un euphémisme. Plusieurs témoignages parlent de pressions indirectes exercées par des responsables du comité islamique.

 

Traduisons : des commerçants musulmans ont été contraints de donner de l’argent pour la campagne de Touadéra. Ils n’avaient pas vraiment le choix. Refuser aurait signifié s’exposer à des représailles : harcèlement administratif, problèmes avec les autorités, perte de protections officieuses dont ils bénéficient.

 

Cette “collecte” n’est donc pas un don volontaire. C’est un racket déguisé en solidarité communautaire. Les commerçants musulmans paient une taxe politique pour continuer à exercer leurs activités sans être harcelés par le régime.

 

Pour comprendre pourquoi les commerçants musulmans acceptent de payer, il faut revenir à la révision du code minier. Depuis cette révision, le statut de “collecteur de diamants” a disparu. Une grande partie des opérateurs économiques musulmans, qui dominaient traditionnellement le commerce du diamant en Centrafrique, s’est retrouvée marginalisée.

 

Beaucoup d’anciens collecteurs ont perdu leur activité au profit d’entreprises étrangères, notamment chinoises, russes et rwandaises. Le régime Touadéra a délibérément restructuré le secteur diamantifère pour favoriser des opérateurs étrangers au détriment des commerçants musulmans centrafricains.

 

Cette marginalisation a créé une situation de dépendance. Les anciens collecteurs qui veulent continuer à opérer dans le secteur, même de manière réduite, ont besoin de la bienveillance du régime. Ils ont besoin de protections, d’autorisations officieuses, de fermeture des yeux sur certaines activités.

 

Et pour obtenir cette bienveillance, ils doivent payer. Verser des contributions pour soutenir le régime. Financer la campagne de Touadéra. Montrer publiquement leur allégeance.

 

C’est du chantage économique pur et simple. Le régime a d’abord marginalisé les commerçants musulmans en changeant le code minier. Puis il leur fait payer pour conserver un minimum de protection économique. Et il présente ce racket comme un “don volontaire” de la communauté musulmane.

 

Sur le plan juridique, cette “donation” de 30 millions (ou 100 millions selon les sources réelles) pose de multiples problèmes.

 

Le code électoral centrafricain impose la transparence sur les sources de financement des campagnes. Il interdit les dons provenant d’organismes publics, étrangers ou religieux. Il exige que toutes les contributions soient déclarées à l’Autorité Nationale des Élections (ANE).

 

Le don du comité islamique viole clairement ces dispositions. Une communauté religieuse n’a pas le droit de financer un candidat politique. Les organisations religieuses doivent rester neutres dans les compétitions électorales.

 

De plus, aucune mention officielle n’a été faite de cette somme dans les comptes de campagne du candidat Touadéra. Cet argent n’apparaît nulle part dans les déclarations à l’ANE. C’est donc un financement occulte, non déclaré, illégal.

 

Mais personne ne sera poursuivi. Parce que l’ANE est aux ordres de Touadéra. Parce que le Conseil Constitutionnel est dirigé par le cousin de Touadéra. Parce que la justice centrafricaine ne sanctionne jamais les violations commises par le régime.

 

Le code électoral n’existe que pour empêcher l’opposition de mener campagne. Quand c’est Touadéra qui viole la loi, personne ne dit rien.

 

L’aspect moral de cette affaire est encore plus troublant que l’aspect juridique. En remettant publiquement de l’argent à Touadéra, la direction du comité islamique instrumentalise la religion à des fins politiques.

 

Elle donne l’impression que la communauté musulmane dans son ensemble soutient Touadéra. Que les musulmans centrafricains ont choisi leur camp et financent le président sortant.

 

Cette instrumentalisation expose la communauté musulmane à plusieurs dangers :

 

  1. Les divisions internes : Plusieurs fidèles interrogés à Bangui disent ne pas se reconnaître dans cette initiative. Ils n’ont pas été consultés. Ils ne veulent pas que leur religion soit utilisée pour soutenir un régime autoritaire. Mais la direction du comité a agi en leur nom, créant des tensions au sein de la communauté.

 

  1. La récupération politique : Touadéra va utiliser ce “don” pour prétendre qu’il a le soutien de la communauté musulmane. Il va brandir cette image de la remise du chèque pour montrer qu’il est soutenu par toutes les composantes de la société centrafricaine, y compris les musulmans.

 

  1. Les risques de stigmatisation : En associant publiquement la communauté musulmane au régime Touadéra, la direction du comité expose les musulmans centrafricains à être perçus comme complices d’un régime autoritaire. Quand ce régime tombera, les musulmans risquent d’être stigmatisés pour avoir financé Touadéra.

 

Beaucoup de musulmans centrafricains craignent que leur foi soit instrumentalisée à des fins électoralistes. Ils ont raison. C’est exactement ce qui se passe. La direction du comité utilise la religion comme couverture pour une opération politique de soutien à Touadéra.

 

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