Corruption à l’état-major : Les PGA, butin des officiers véreux

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Ouanda-Djallé, les coups de feu ont claqué comme un appel à l’aide désespéré. Excédés, les soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) ont tiré en l’air pour réclamer des mois d’arriérés de leur Prime globale d’alimentation (PGA), cette enveloppe dérisoire censée leur permettre de se nourrir loin des garnisons. La population, prise de panique, a déserté le marché, se cloîtrant chez elle, tandis que l’état-major, retranché dans ses bureaux de Bangui, a eu l’audace de publier un communiqué insultant : “Allégations mensongères”, ont-ils osé, jurant que les PGA avaient été versés la veille. Un mensonge éhonté qui bafoue la dignité des Centrafricains.
Le Dr Paul Cressan-Béniga, porte-parole du groupe de travail de la société civile, n’a pas laissé passer cette comédie. Sur la radio Ndéké-Luka, lors de l’émission politique Patara, il a asséné : “Il y a une grande différence entre le décaissement et l’accusé de réception”. En clair : les fonds quittent les caisses de l’État, mais ils s’évanouissent avant d’atteindre les soldats. À Birao, les troupes cumulent quatre mois d’arriérés. À Ziki, des détachements survivent sans un sou. Partout, la même réalité: des officiers supérieurs, métamorphosés en “grands commerçants”, pillent l’argent public avec une impunité révoltante. “Il y a des généraux, des colonels, des commandants qui sont des grands commerçants !”, a dénoncé Cressan-Béniga, dévoilant l’hypocrisie de ces barons en uniforme qui violent l’article commercial centrafricain en s’adonnant au commerce illégal.
Le ministre de la Défense, Claude Rameau-Bireau, tente de jouer les équilibristes. “Tout est sous contrôle”, répète-t-il, vantant des décaissements réguliers et des inspections de l’armée. Mais ses promesses sonnent vide face à la réalité. À Ouanda-Djallé, les soldats ont manifesté leur colère le lendemain même du prétendu versement des PGA. À Sam-Ouandja, Rameau-Bireaux a été informé d’un incident similaire alors qu’il discourait sur la bonne gestion des primes. Comment justifier ces “incompréhensions”, comme il les nomme ? La vérité est limpide : la corruption ronge l’état-major, et les PGA, destinées à nourrir les troupes, sont devenues le butin des officiers véreux.
Et que fait le président Faustin-Archange Touadéra face à ce scandale ? Il se tait. Ou plutôt, il détourne l’attention avec des annonces grotesques : trente véhicules “offerts” à l’armée sur son soi-disant “effort personnel”. Une fable que le Dr Cressan-Béniga a démolie sans détour : “C’est l’argent de l’État, sinon c’est du vol !”. Pendant que Touadéra se pose en mécène, ses soldats, affamés et abandonnés, se muent en prédateurs. À Gomion, ils fouettent des femmes enceintes. À Ziki, ils extorquent les mineurs. À Ouanda-Djallé, ils tirent en l’air pour hurler leur désespoir. Et à Bangui, on minimise, on sanctionne à peine, on protège les puissants.
Ce scandale des PGA n’est que la pointe de l’iceberg. La corruption s’étend à toute la gestion de l’armée. Des officiers supérieurs, parfois partenaires du ministère de la Défense, surfacturent des équipements, tandis que les soldats patrouillent en tongs et tee-shirts. Des recrutements truqués laissent entrer des “brigands” dans les rangs, comme l’a souligné Cressan-Béniga. Et les détachements, prolongés au-delà de six mois faute de logistique, transforment les militaires en potentats locaux, adoptant les “habitudes du lieu” – un euphémisme pour racket et violence.
Cette situation n’est pas un hasard. Elle est le fruit d’un régime où l’État, sous Touadéra, a renoncé à ses responsabilités. L’inspection générale de l’armée, tant vantée par Rameau-Bireau, n’est qu’un écran de fumée. Les sanctions, quand elles existent, restent secrètes. Où sont les noms des officiers sanctionnés ? Où sont les rapports sur les détournements des PGA ? Le silence du gouvernement est une complicité. Et pendant ce temps, la défiance entre l’armée et le peuple s’amplifie, ouvrant la voie aux groupes armés et aux alliés étrangers, comme les Russes, qui profitent de l’incurie des FACA pour s’imposer, notamment à Zémio.
Centrafricains, jusqu’à quand accepterons-nous cette trahison ? Une armée qui affame ses soldats et terrorise ses citoyens n’a rien de républicain. C’est une milice au service d’un pouvoir corrompu. Touadéra doit répondre : pourquoi tolère-t-il ces officiers commerçants ? Pourquoi les PGA n’arrivent-elles jamais aux soldats ? Et surtout, pourquoi laisse-t-il l’armée centrafricaine sombrer dans le chaos ? Le peuple exige des comptes. Et il les obtiendra….
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