Zemio : une réunion de paix vire à la révolte contre les FACA et le gouvernement

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Ce qui devait être une réunion de réconciliation à Zemio, organisée par le député Eric, a vite dégénéré en un cri de colère. Les chefs de groupe ont dénoncé les abus des soldats FACA et du gouvernement, révélant au passage des tensions profondes dans les différents quartiers de Zémio .
En effet, le mardi 8 avril dernier, vers 10 heures, une réunion prétendument de réconciliation, organisée par le député de Zemio, Eric Kpiodigui, dans le quartier musulman de la ville, a pris une tournure inattendue. Ce qui devait être un moment de dialogue s’est transformé en une vague de colère contre les soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) et les autorités du pays. Les chefs de groupe des quartiers chrétiens présents ont exprimé leur ras-le-bol face aux agissements des militaires et de leurs alliés russes, pointant du doigt des comportements qu’ils jugent abusifs et injustes.
Au cœur des débats, le comportement des soldats FACA et de leurs alliés russes. Un chef de groupe, qui a pris la parole lors de cette réunion, a dénoncé vivement les éléments de l’armée nationale qui, selon lui, menacent la population pour l’obliger à vendre ses produits au marché.
« S’ils veulent forcer les gens à faire ça, et que nous, les chefs, on ne donne pas l’ordre, qu’est-ce qu’ils vont faire ? Tuer tout le monde ? », a-t-il lancé, visiblement exaspéré. Le chef de groupe a aussi pointé du doigt l’attitude des FACA : « Ils menacent la population pour qu’elle vende au marché, mais eux, qu’est-ce qu’ils ont apporté à Zemio ? Un sac de manioc ? Rien ! C’est du grand n’importe quoi. »
Et ce n’est pas tout. Il a aussi abordé une pratique qui crispe les relations : les FACA et leurs alliés russes traquent les jeunes Zandé dont le corps porte des traces de lames, des cicatrices souvent liées à des vaccinations traditionnelles. Ces marques, courantes dans le pays, y compris à Zemio pour soigner certaines maladies que l’hôpital ne peut pas soigner, mais sont directement associées par les soldats aux miliciens azandés, qui utilisent parfois des rituels similaires pour leurs gris-gris.
Notre chef de groupe n’a pas mâché ses mots : « Chez nous, tout le monde a ces cicatrices. C’est comme ça qu’on se soigne ici. Pas d’hôpital, pas de médecin, alors on fait avec nos moyens. Mais eux, ils voient une trace de lame et ils disent : ‘C’est un milicien’. C’est n’importe quoi ! ». Il est allé plus loin, en défiant les militaires : « Déshabillez-les, ces soldats, un par un. Vous verrez les mêmes traces sur leur corps. Parce que beaucoup d’entre eux, ce sont d’anciens anti-balaka intégrés dans l’armée. Et maintenant, ils jouent les innocents pour punir les autres ? ».
Un exemple concret a alimenté sa colère : la récente arrestation par les soldats FACA d’un jeune à Djema, puis transféré à Zemio avant d’être retransféré à Bangui. Soupçonné d’appartenir à la milice Azandé ayant participé à l’assassinat des deux jeunes Peuls le 15 mars dernier et l’attaque visant une patrouille des casques bleus Kenyan. Pour ce chef du groupe, le suspect n’est autre qu’un conducteur de taxi-moto, accusé faussement d’être un milicien à cause de ces marques. « On l’a arrêté pour rien, injustement », a-t-il insisté. Il a aussi rappelé le rôle des miliciens azandés dans la libération de Zemio face aux rebelles de l’UPC. « Où étaient les FACA à ce moment-là ? Ils n’étaient pas là. Ces jeunes ont combattu, ils ont repris la ville. Et aujourd’hui, les soldats débarquent, s’installent et se retournent contre eux en les accusant de tout et n’importe quoi ».
Le chef a reconnu que les miliciens azandés avaient, par le passé, pris des biens aux commerçants. Mais il a assuré que cela avait cessé : « On leur a dit que c’était pas bien, ils ont arrêté. Maintenant, ils ne font plus rien. Mais on continue de les accuser sans raison. On dit qu’ils sont contre les musulmans, mais c’est faux. » En défendant ces jeunes, il a aussi critiqué la présence massive des soldats et de leurs alliés russes, qu’il accuse de semer le désordre. « Ils mettent des barrières partout, ils contrôlent tout, mais leur comportement est indéfendable », a-t-il ajouté.
Cette réunion a révélé une tension palpable. Le député Eric, qui avait convoqué ce rassemblement sous le drapeau de la paix, est lui-même dans une position ambiguë. Beaucoup le soupçonnent d’avoir contribué à la création de cette milice azandé, qu’il tente aujourd’hui de calmer pour soigner son image. Dans le quartier musulman, on voit son geste d’un œil sceptique. « Il joue sur la colère des gens pour se faire réélire », murmure-t-on. Sauf qu’en 2025, avec la nouvelle constitution illégale de Touadera, les députés ne seront pas élus, mais nommés seulement par un décret présidentiel muet, comme le président lui-même. Une réalité qui rend sa démarche encore plus ironique aux yeux des habitants.
Cette colère ne vise pas seulement les FACA. Les mercenaires russes, alliés des soldats, et gouvernement centrafricain sont aussi dans le viseur. Pour les chefs de groupe, leur présence et leurs méthodes ne font qu’envenimer une situation déjà tendue, loin de ramener la stabilité promise à Zemio….
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