Vakaga : L’ex-préfète Denise Madina Duekoe dénonce l’hypocrisie du gouvernement face aux incursions des bandits soudanaiss sur le territoire national

Rédigé le 23 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Depuis la France où elle réside, l’ancienne préfète de l’Ombella-Mpoko Denise Madina Duekoe questionne le récent communiqué du ministère de la Défense et dénonce au passage l’inaction du gouvernement centrafricain face aux violences dans la Vakaga depuis plusieurs mois.
Le communiqué publié par le ministère centrafricain de la Défense sur les incidents de la Vakaga a provoqué une réaction inattendue. Denise Madina Duekoe, ancienne préfète de l’Ombella-Mpoko actuellement en séjour en France, a décidé de rompre son silence pour critiquer vertement la position du gouvernement. Contactée par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, elle n’a pas mâché ses mots.
L’ancienne préfète commence par s’interroger sur la portée réelle de ce communiqué officiel. Selon elle, si ce document s’adresse uniquement aux populations de Bangui et ses environs, ou s’il concerne l’ensemble du territoire national. Car pour Denise Madina Duekoe , ce que raconte le communiqué ne correspond absolument pas à la réalité vécue par les populations de la Vakaga.
Son questionnement porte particulièrement sur l’appel à la vigilance lancé par le ministère de la Défense. Le communiqué demande aux populations de dénoncer toute activité suspecte aux autorités. Mais l’ex-préfète Denise Madina Duekoe se demande de quelle population il s’agit exactement. S’adresse-t-il uniquement aux habitants de la capitale ou à tous les Centrafricains ?
Cette question n’est pas rhétorique pour Denise Madina Duekoe. Ressortissante de la Vakaga, née à Birao, chef-lieu de ladite préfecture, , elle connaît intimement la situation de sa région d’origine. Et selon elle, les populations de cette préfecture appellent à l’aide depuis plus d’un an sans que le gouvernement ne réagisse. Elles dénoncent régulièrement les incursions de bandits soudanais sur le territoire centrafricain qui commettent crimes et massacres, faisant des dizaines de morts.
“La population crie sans que le gouvernement réagisse”, déclare-t-elle avec amertume. Ces cris d’alarme ne datent pas d’hier. Depuis des années, les habitants de la Vakaga signalent les agissements de malfaiteurs soudanais qui franchissent la frontière pour braquer, tuer et repartir chez eux. Mais ces dénonciations répétées sont restées lettre morte.
L’ex-préfète Denise Madina Duekoe souligne l’ironie de la situation actuelle. Alors que le gouvernement appelle maintenant à la vigilance, les populations de la Vakaga pratiquent cette vigilance depuis des années, en vain. Le récent incident impliquant les mercenaires russes qui ont tué des éleveurs arabes soudanais a déclenché des représailles qui frappent directement les civils centrafricains.
Denise Madina Duekoe ne comprend pas cette logique gouvernementale. Les mercenaires russes sont partis tuer des éleveurs qui marchaient tranquillement sur la route, puis sont repartis à leur base. Maintenant, ce sont les populations civiles qui subissent les conséquences de cet acte à travers les attaques de représailles soudanaises. Plusieurs villages autour d’Amdafock vivent dans la terreur, contraints de se déplacer pour échapper aux violences.
Cette situation interpelle profondément l’ancienne responsable administrative. Elle se demande si envoyer des mercenaires russes qui commettent des dégâts avant de laisser les populations face aux conséquences constitue vraiment une stratégie de protection des civils centrafricains. Pour elle, cette approche aggrave la situation au lieu de l’apaiser.
L’ex-préfète Denise Madina Duekoe fait également référence aux déclarations récentes du gouverneur de la région qui qualifiait les problèmes frontaliers de “question internationale”. Cette caractérisation la laisse perplexe. Comment peut-on internationaliser des problèmes qui se règlent quotidiennement sur le territoire national et affectent directement les citoyens centrafricains ?
Denise Madina Duekoe tient à préciser qu’elle n’a de problème personnel avec personne au gouvernement. Son intervention se base uniquement sur son observation de la réalité du terrain et sa connaissance intime de la région. En tant que fille de la Vakaga, elle se dit choquée par ce qui se passe dans sa région natale depuis des mois, sans réaction gouvernementale appropriée.
Son analyse porte sur l’efficacité réelle des mesures sécuritaires prises par le gouvernement. Au lieu de sécuriser effectivement les populations, l’envoi de mercenaires russes qui agissent puis disparaissent semble créer plus de problèmes qu’il n’en résout. Cette stratégie transforme les populations civiles en cibles de représailles pour des actes qu’elles n’ont pas commis.
L’ancienne préfète Denise Madina Duekoe pointe du doigt l’écart entre la communication officielle et la réalité vécue par les populations frontalières. Pendant que Bangui publie des communiqués rassurants sur les “opérations réussies” des forces de sécurité, les habitants de la Vakaga fuient leurs villages sous les attaques de représailles.
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