Union africaine : échec humiliant de la diplomatie centrafricaine avec la défaite de Jean-Jacques Demafouth

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Union africaine : échec humiliant de la diplomatie centrafricaine avec la défaite de Jean-Jacques Demafouth

Union africaine : échec humiliant de la diplomatie centrafricaine avec la défaite de Jean-Jacques Demafouth
jean-jacque demafouth

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 La tentative de Jean-Jacques Demafouth d’accéder au poste de commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA) a tourné au fiasco pour le pouvoir de Baba Kongoboro. Soutenu exclusivement par le président Faustin-Archange Touadéra, l’ancien chef rebelle a été largement battu par le Nigérian Bankole Adeoye, qui a été reconduit avec 37 voix. Cet échec dévoile au grand jour l’influence déclinante du régime centrafricain sur la scène diplomatique continentale.

 

Jean-Jacques Demafouth : un choix controversé

 

Jean-Jacques Demafouth, ancien leader du groupe rebelle APRD (Armée populaire pour la restauration de la démocratie), traîne un lourd passif. Il avait été impliqué dans des actes de violence qui ont marqué l’histoire de la République centrafricaine, notamment dans les années 80 où il aurait été impliqué dans une attaque ayant fait des victimes dans le cinéma le Club à Bangui. Malgré cette réputation et les nombreuses réserves sur son profil, le président Baba Kongoboro a tenté d’imposer sa candidature.

 

Loin d’être une surprise, ce rejet marque un désaveu clair. La RCA, qui accumule des arriérés de cotisations à l’UA, ne bénéficie plus d’aucune marge de manœuvre pour imposer un candidat à un poste stratégique. Les diplomates africains, conscients du manque de crédibilité de Jean-Jacques Demafouth, de son vrai nom Mafoutapa, ont préféré miser sur un profil expérimenté et reconnu comme Bankole Adeoye.

 

La tentative de placement d’un ancien chef de milice  Jean-Jacques Demafouth  à la tête de la Commission paix et sécurité a été perçue comme une provocation. Les observateurs de la politique africaine soulignent que l’UA ne pouvait pas accepter un tel profil, surtout après les précédents scandales liés aux nominations controversées imposées par le régime centrafricain dans d’autres organisations sous-régionales.

 

Une diplomatie en ruine

 

L’échec de Jean-Jacques Demafouth dévoile au grand jour l’amateurisme de la diplomatie centrafricaine. La ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, nommée davantage pour sa proximité avec le président que pour ses compétences, n’a pas su défendre la candidature de son pays.

 

Ce revers démontre une fois de plus une tentative maladroite de la présidence centrafricaine de récompenser un allié politique controversé. Jean-Jacques Demafouth, qui avait œuvré en coulisses pour la victoire controversée de Touadéra en 2016, espérait ainsi bénéficier d’une reconnaissance à l’UA. Ce calcul s’est retourné contre le pouvoir de Bangui, exposant ses méthodes clientélistes et son manque de vision stratégique.

 

Ce revers montre aussi l’isolement croissant du régime centrafricain. Alors que certains pays comme le Rwanda, le Nigeria ou l’Algérie parviennent à positionner leurs candidats à des postes clés au sein des instances continentales, la RCA peine à faire entendre sa voix. L’échec de Demafouth démontre une fois de plus cette marginalisation progressive, conséquence de l’alignement du régime sur des puissances étrangères comme la Russie de Poutine qui ne provoque que méfiance au sein de l’UA.

 

Le président centrafricain pensait pouvoir appliquer la même méthode que celle utilisée à la CEMAC, où il a réussi à imposer un ancien chef milicien anti-balaka de Carnot, monsieur Évariste Ngamana à la tête du Parlement communautaire. Mais l’UA fonctionne sur un autre niveau. La tentative de récompenser Jean-Jacques Demafouth pour ses services passés en manipulant un poste stratégique s’est soldée par un rejet catégorique.

 

L’affaire Dominique Désiré Erenon : une autre injustice du régime de Baba Kongoboro

 

L’UA n’a pas la mémoire courte. Elle se souvient de la manière dont Touadéra et son entourage avaient écarté l’opposant Dominique Désiré Erenon de son poste d’expert constitutionnaliste, qu’il avait pourtant obtenu par mérite. Contrairement à Jean-Jacques Demafouth, qui bénéficiait uniquement d’un soutien politique, Erenon avait réussi un test de sélection. Mais cette réussite dérangeait le pouvoir de Bangui, qui a tout instrumenté pour l’éjecter et l’empêcher d’exercer ses fonctions.

 

L’éviction d’Erenon, homme intègre et compétent, au profit d’un ancien chef rebelle, est révélatrice de la gestion clanique et opportuniste du régime Touadéra. Ce favoritisme permanent, qui privilégie les alliances politiques au détriment des compétences, nuit à l’image de la RCA à l’international.

 

Les diplomates africains n’ont pas oublié ce précédent. Ils savent que l’UA aurait perdu toute crédibilité en acceptant Demafouth à un poste censé garantir la stabilité et la sécurité sur le continent. Ce choix aurait discrédité l’organisation et envoyé un signal dangereux aux autres États membres.

 

Un revers stratégique pour Touadéra

 

L’échec de Jean-Jacques Demafouth dépasse le simple cadre d’un vote perdu. Il dévoile aux yeux du monde les limites de la politique extérieure du régime centrafricain, qui tente d’acheter des soutiens à coups de nominations douteuses. Touadéra, qui s’imaginait pouvoir manœuvrer l’UA comme il l’a fait avec la CEMAC en plaçant un ex-milicien Anti-Balaka au parlement communautaire, se retrouve isolé face à une institution qui ne joue pas selon ses règles.

 

Ce revers risque d’avoir des conséquences bien au-delà de la scène diplomatique. Il accentue l’isolement du pouvoir centrafricain et renforce la méfiance de nombreux partenaires internationaux. À l’heure où la RCA tente de redorer son image après des années d’instabilité, cette tentative avortée d’imposer un ancien rebelle à l’UA n’a fait que creuser un peu plus le fossé entre Bangui et le reste du continent.

 

La diplomatie centrafricaine sort affaiblie de cette séquence. À force de privilégier des nominations politiques au détriment des compétences, le régime s’est enfermé dans une logique où les intérêts d’un cercle restreint priment sur ceux du pays. L’UA a envoyé un message clair : elle ne se laissera pas manipuler par un pouvoir qui pense pouvoir imposer ses hommes sans tenir compte des principes et des exigences de gouvernance.

 

Alors que d’autres pays africains construisent patiemment leur influence sur la scène internationale, la RCA s’enfonce dans une diplomatie improvisée et inefficace. L’échec de Demafouth n’est pas seulement celui d’un homme, mais celui d’un système qui privilégie la loyauté politique à la compétence. Une stratégie qui a atteint ses limites face à une Union africaine qui refuse désormais de se laisser dicter ses choix.

 

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