Une noyade tragique sur la rivière Ouaka ravive les inquiétudes à Kouango
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
La rivière Ouaka a de nouveau frappé. Le 14 décembre 2024, alors que le soleil déclinait sur le village de Touhou, à 22 kilomètres de Kouango, une pirogue transportant des pêcheurs et des passagers a basculé dans les eaux tumultueuses. Un homme a disparu dans les profondeurs, ravivant les blessures d’une communauté déjà meurtrie par des drames similaires.
“Mon frère était dans cette pirogue. Nous avons tout tenté pour le retrouver, mais les eaux l’ont emporté”, raconte Pascal, la voix nouée par l’émotion. “Chaque jour, nous scrutons la rivière, espérant apercevoir son corps, permettre à notre famille de faire son deuil. Mais jusqu’à présent, rien“.
Cette tragédie survient exactement un an après la noyade d’un jeune Peul au même endroit. Les habitants de Touhou parlent désormais d’une “malédiction”. Les anciens évoquent les “talimbis”, ces esprits des eaux qui, selon les croyances locales, attirent les voyageurs dans leurs pièges aquatiques.
La période est particulièrement critique pour cette communauté riveraine. À l’approche des fêtes de Noël et du Nouvel An, la rivière Ouaka constitue l’unique voie d’approvisionnement pour les villages environnants. Les pêcheurs et commerçants, contraints d’emprunter cette route fluviale périlleuse, naviguent désormais dans la peur.
“Nous devons continuer à utiliser la rivière, nous n’avons pas le choix”, explique Ataouaka Narcisse, un pêcheur local. “Mais chaque traversée devient une épreuve. Nous prions avant de monter dans les pirogues, nous surveillons le moindre remous, le moindre signe“.
La disparition du passager pose aussi des questions sur la sécurité de la navigation fluviale dans la région. Les pirogues, souvent surchargées, naviguent sans gilets de sauvetage. Les points d’accostage, rudimentaires, deviennent particulièrement dangereux pendant la saison des pluies.
Les témoignages recueillis auprès des rescapés décrivent une scène de chaos. La pirogue, qui transportait des produits de pêche et plusieurs passagers, aurait commencé à tanguer violemment avant de se retourner. Dans la panique qui a suivi, certains ont réussi à s’accrocher à l’embarcation renversée, d’autres ont nagé jusqu’à la berge. Mais un homme a été happé par le courant.
“J’entends encore les cris”, confie un rescapé qui préfère garder l’anonymat. “L’eau était agitée ce jour-là. Nous avons essayé de former une chaîne humaine pour le retrouver, mais le courant était trop fort“.
La disparition a déclenché une vaste opération de recherche. Pendant plusieurs jours, les villageois ont sillonné les berges, tandis que les pêcheurs expérimentés sondaient les eaux profondes. Sans succès.
Cette nouvelle tragédie ravive aussi les tensions entre les différentes communautés qui dépendent de la Ouaka. Les pêcheurs accusent les “talimbis”, d’autres pointent du doigt le manque d’infrastructures et l’absence de mesures de sécurité.
Le chef du village de Touhou a lancé un appel pressant aux autorités de Kouango : “Nous ne pouvons plus accepter que la rivière prenne nos enfants. Il nous faut des équipements de sécurité, des points d’accostage aménagés, une réglementation de la navigation“.
Cette tragédie s’ajoute à une longue liste d’accidents sur la Ouaka. En 2023, trois personnes avaient péri dans des circonstances similaires. Les statistiques officielles restent parcellaires, mais les habitants affirment que chaque année, la rivière réclame son tribut.
À l’approche des fêtes, période traditionnellement marquée par une intensification des déplacements fluviaux, la crainte grandit dans les villages riverains. Les familles redoutent que d’autres drames ne viennent assombrir cette période festive.
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