Un jeune kidnappé, un vieux papa tabassé et torturé : la crise intercommunautaire à Zémio prend de l’ampleur

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Zémio, la violence intercommunautaire s’intensifie avec l’enlèvement d’un jeune Peul et l’agression sauvage d’un vieillard, plongeant la ville dans la peur.
Ces derniers jours, la ville de Zémio, une ville où la coexistence entre musulmans, majoritairement Peuls, et chrétiens a toujours été fragile, traverse une période particulièrement sombre. Deux incidents graves, survenus en l’espace de quelques jours, ont aggravé les tensions et semé la panique parmi les habitants. L’enlèvement d’un jeune homme et l’attaque violente d’un vieillard Peul révèlent une fracture profonde entre les communautés, menaçant de faire basculer la ville dans un chaos encore plus grand.
Le premier drame a eu lieu entre vendredi et samedi 26 avril dernier. Un jeune Peul, musulman, marchait dans les rues de Zémio lorsqu’il a été enlevé en plein jour. Personne ne sait exactement comment cela s’est passé, ni qui est derrière cet acte. Ce qui est certain, c’est que le jeune homme a disparu sans laisser de trace. Sa famille, ses amis et toute la communauté musulmane se sont lancés dans une recherche désespérée, allant de quartier en quartier, frappant à toutes les portes, mais sans succès. « On ne sait pas où il est. On le cherche partout, mais rien », confie un proche, la voix brisée par l’angoisse. Cet enlèvement a bouleversé Zémio, en particulier la communauté musulmane, qui se sent de plus en plus ciblée. Pour beaucoup, cet acte n’est pas un simple fait divers, mais le signe d’une hostilité grandissante envers les musulmans, souvent accusés à tort d’être liés à des groupes armés dans la région.
Le second incident, encore plus choquant, s’est produit ce week-end, notamment dimanche dernier. Un vieil homme, lui aussi Peul et musulman, rentrait de son champ lorsqu’il a été attaqué sur un chemin isolé. Un groupe de jeunes l’a pris à partie, le rouant de coups et le lapidant avec des pierres. Grièvement blessé, le vieillard a été laissé pour mort. Par chance, il a survécu, mais son état est inquiétant. « Il est vivant, mais il est faible, démoralisé. Il ne parle presque plus », raconte un membre de sa famille, encore sous le choc. Cette agression, d’une violence inouïe, a profondément marqué les esprits. Pour la communauté musulmane, c’est une preuve supplémentaire qu’aucun de ses membres, pas même les plus vulnérables, n’est à l’abri.
À Zémio, les musulmans, et particulièrement les Peuls, vivent désormais dans une peur constante. Sortir de leur quartier pour aller au marché, cultiver un champ ou simplement se déplacer est devenu un risque majeur. « Si tu vas trop loin, à plus d’un kilomètre de chez toi, tu peux être enlevé ou attaqué. On ne bouge presque plus », explique un habitant. Cette restriction de mouvement a des conséquences dramatiques. Les musulmans ne peuvent plus cultiver leurs terres, situées à la périphérie de la ville, ce qui menace leur sécurité alimentaire. Au marché, certains commerçants chrétiens refusent de vendre à des musulmans, tandis que les produits des vendeurs musulmans trouvent difficilement preneurs. « Parfois, tu arrives avec ton argent, mais on te dit non. On te regarde mal, et tu repars les mains vides », témoigne une femme Peule. Cette marginalisation, à la fois économique et sociale, étrangle la communauté musulmane, qui se sent piégée dans ses propres quartiers.
Ce qui rend la situation encore plus inquiétante, c’est l’inaction des autorités. À chaque visite des responsables locaux ou régionaux à Zémio, de nouveaux incidents éclatent, souvent en leur présence. « Ils viennent, ils regardent, ils parlent, mais rien ne change. C’est comme si tout ça leur était égal », déplore un habitant. Cette passivité, perçue comme un désintérêt, alimente la colère et le désespoir. Pour beaucoup, les autorités donnent l’impression de fermer les yeux sur les violences contre les musulmans, ce qui renforce le sentiment d’impunité des agresseurs.
Pourtant, Zémio n’a pas toujours été ainsi. Cette ville, où chrétiens et musulmans ont longtemps vécu côte à côte, a connu des périodes de paix relative. Mais aujourd’hui, la méfiance domine. Les accusations mutuelles, les rumeurs et les préjugés empoisonnent les relations entre les communautés. Les Peuls, en particulier, sont souvent victimes de stéréotypes qui les associent à des groupes armés ou à des conflits régionaux, ce qui attise la haine à leur égard. « Nous sommes des gens comme les autres. Nous voulons juste vivre en paix, travailler, nourrir nos familles », insiste un leader communautaire musulman.
La situation actuelle ne peut pas durer. Zémio est au bord d’une crise encore plus grave, qui pourrait dégénérer en violences à grande échelle si rien n’est fait. Il est urgent que les autorités agissent avec fermeté : une enquête sérieuse doit être menée pour retrouver le jeune homme enlevé et punir les responsables de l’attaque contre le vieillard. Mais au-delà de la répression, il faut renouer le dialogue. Des discussions entre leaders religieux, chefs traditionnels et habitants pourraient aider à apaiser les tensions. Il est également crucial de garantir la liberté de mouvement et d’accès aux ressources pour tous, en particulier pour les musulmans, afin qu’ils puissent vivre dignement….
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