Touadéra choisit la ville de Paoua pour lancer l’année scolaire 2025 – 2026 : spectacle électoral à deux mois des élections

Rédigé le 23 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadera alias Baba Kongoboro programme son show éducatif pour le 6 octobre dans une ville où les écoles manquent de tout, mais où les caméras captureront parfaitement son message de campagne.
Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro a trouvé son nouveau décor électoral : Paoua, dans la préfecture de Lim-Pendé, accueillera le 6 octobre prochain le lancement solennel de l’année scolaire 2025-2026. Cette ville du nord-ouest, choisie pour sa capacité à incarner les “défis et espoirs” de l’éducation rurale selon la communication officielle, servira de toile de fond à un événement qui tombe à point nommé : quatre mois exactement avant les élections de décembre.
L’école préfectorale Mixte 1 de Paoua va vivre sa grande journée médiatique. Les autorités ont choisi ce site avec soin, non pas pour sa modernité ou ses équipements exemplaires, mais pour son potentiel symbolique. Une école de brousse qui permettra au président de jouer la carte de la proximité avec les “vraies difficultés” de l’éducation centrafricaine, tout en évitant soigneusement de montrer l’état réel des infrastructures scolaires du pays.
Le Conseil des ministres du 4 septembre a validé cette opération de communication sous une thématique qui sonne comme un slogan de campagne : “Renforcer les connaissances fondamentales à travers la lecture, l’écriture et le calcul pour la réussite de nos élèves”. Derrière cette formule convenue se cache une réalité que le président préfère occulter : des milliers d’élèves centrafricains peinent encore à accéder à ces fameux “fondamentaux” faute d’écoles, de professeurs ou de matériel pédagogique.
Bruno Yapandé, ministre de l’administration du territoire, a présenté le dossier en remplacement du ministre de l’Éducation nationale. Ce changement d’interlocuteur en dit long sur la nature politique de l’événement : quand l’éducation devient un enjeu électoral.
La mise en scène promet d’être grandiose. Le président compte mobiliser “l’ensemble des corps constitués de l’État”, la “communauté éducative dans son entièreté” et les “partenaires techniques et financiers”. Cette armada de personnalités officielles débarquera à Paoua pour une journée, le temps de quelques discours et photos de groupe, avant de repartir vers Bangui en laissant l’école locale retrouver sa routine quotidienne faite de manques et d’improvisation.
Le gouvernement se gargarise également des “enseignants intégrés dans la fonction publique” en 2024-2025, chiffre qui fait mouche dans les statistiques mais qui cache mal les réalités du terrain.
L’événement s’inscrit dans ce que les autorités appellent pompeusement la “stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique”. Cette référence aux grands engagements internationaux permet au gouvernement centrafricain de donner une dimension continentale à sa communication, alors que les problèmes restent dramatiquement locaux : classes surpeuplées, absence de manuels scolaires, infrastructures délabrées, enseignants non payés pendant des mois.
Le timing de cette cérémonie interpelle. Organiser un grand show éducatif quatre mois avant des élections relève d’un calcul politique évident. Touadéra mise sur l’éducation pour redorer son blason auprès d’un électorat qui n’a pas oublié les promesses non tenues des mandats précédents. Cette stratégie de communication intensive dans un secteur sensible vise à créer une dynamique positive avant les échéances électorales.
Le choix de Paoua n’est pas innocent non plus. Cette ville du nord-ouest permet au président de montrer qu’il s’intéresse aux régions périphériques, souvent oubliées par le pouvoir central. Mais ce déplacement présidentiel ne changera rien à la situation éducative locale une fois les caméras parties. Les élèves de Paoua retourneront à leurs difficultés quotidiennes, et le président à ses préoccupations électorales.
Cette opération de communication coûtera cher aux finances publiques. Transport du président et de sa délégation, sécurisation du site, organisation logistique, frais de protocole : la facture de cette journée de propagande électorale pourrait financer l’équipement de plusieurs écoles rurales. Mais l’investissement en vaut la chandelle pour un président en campagne.
L’ironie de la situation saute aux yeux : un chef d’État qui voyage en hélicoptère Wagner pour éviter les routes impraticables de son pays vient donner des leçons d’éducation dans une ville où les enseignants doivent parfois marcher des heures pour rejoindre leur école. Cette déconnexion entre la réalité présidentielle et celle des acteurs de terrain résume parfaitement l’état de l’éducation en République centrafricaine.
Le 6 octobre, Paoua vivra donc sa journée de gloire médiatique. Les discours fusent, les promesses pleuvront, les engagements se multiplieront. Puis le silence retombera sur cette ville qui aura servi de décor à une mise en scène électorale, en attendant peut-être la prochaine opération de communication du pouvoir centrafricain.
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