Toposed à Bangui : Quand une société de lotissement se prend pour l’État centrafricain
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Dans un entretien accordé aux journalistes centrafricains, Jean-Claude Nibayom, directeur général de l’entreprise Toposed, a tenu des propos qui interpellent sur la gestion des terres dans le 9e arrondissement de Bangui. Son discours témoigne d’une dérive inquiétante dans la conduite d’un projet pourtant important pour la capitale centrafricaine.
Tout commence en 2018. Le gouvernement confie à Toposed une mission de lotissement dans ce qui était alors le 7e arrondissement. Le contrat est simple : aménager les terrains selon un cahier des charges précis. Mais cinq ans plus tard, la réalité sur le terrain raconte une autre histoire.
“Je représente le groupe Toposed. Même si tu construis un gratte-ciel, je viens détruire”, lance sans détour M. Nibayom. Ces mots démontre parfaitement le glissement progressif de cette entreprise privée vers un rôle qui n’est pas le sien. Car si Toposed dispose bien d’un contrat avec l’État, celui-ci ne lui accorde nullement le droit de décider du sort des constructions existantes.
Le directeur général va plus loin encore. Il s’attribue le droit exclusif de vendre les terres : “C’est Toposed qui doit vendre la terre”. Une affirmation qui ignore totalement le principe fondamental du droit foncier centrafricain : seul l’État est propriétaire des terres et peut décider de leur attribution.
Les habitants du quartier ne s’y trompent pas. Depuis un an, ils dénoncent des ventes multiples de terrains par Toposed. Une pratique qui pose question : comment une entreprise mandatée pour lotir peut-elle se retrouver à commercialiser des parcelles ?
La gestion des “relogés” par Toposed pose également problème. M. Nibayom évoque une “base de données” et des critères de sélection, mais sans jamais mentionner une quelconque validation par les services de l’État. Les attributions semblent se faire selon des règles que l’entreprise définit elle-même.
Plus troublant encore, le ton employé par le directeur général traduit une conception très personnelle de sa mission : “Tu devrais t’agenouiller et accepter ce projet”. Une posture qui fait fi des droits des citoyens et du nécessaire dialogue dans tout projet d’aménagement urbain.
Les grands projets annoncés par M. Nibayom : cimetières de 400 hectares, lac artificiel, édifices publics , relèvent normalement de la planification urbaine étatique. Comment une entreprise privée peut-elle s’arroger le droit de décider seule de tels aménagements ?
Cette situation met en lumière une fois de plus un dysfonctionnement majeur. Une société privée ne peut se substituer à l’État dans la gestion du domaine public. Le contrat de lotissement doit rester ce qu’il est : une mission technique encadrée, et non un blanc-seing pour remodeler la ville à sa guise.
L’urgence aujourd’hui est de clarifier les rôles de Toposed. L’État doit reprendre la main sur ce projet d’aménagement vital pour Bangui. Les citoyens ont besoin de règles claires et équitables, pas du bon vouloir d’une entreprise privée.
Le cas Toposed illustre parfaitement les dangers d’une privatisation mal encadrée des missions d’aménagement urbain. Il rappelle que la ville appartient d’abord à ses habitants, et que son développement ne peut être laissé aux seules mains d’intérêts privés.
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