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RCA / ONU : Déclaration au nom de l’Union européenne par S.E. Ambassadeur Olof Skoog sur la situation en Centrafrique.

 

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Déclaration au nom de l’Union européenne

Par

S.E. Ambassadeur Olof Skoog

Réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies

sur la

Situation en République Centrafricaine

(Nations Unies, New York, 20 février 2020)

 

Le texte prononcé fait foi

 

Monsieur le Président, distingués membres du Conseil de sécurité, Mesdames et Messieurs,

 

J’ai l’honneur de faire un exposé au Conseil de sécurité au nom de l’Union européenne.

 

Il y a aujourd’hui douze mois, le gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés ont signé l’accord de paix de Bangui.

 

Le rapport du Secrétaire général donne une image claire des progrès accomplis dans la mise en œuvre du processus de paix ainsi que des défis restants.

 

Je me concentrerai sur les domaines dans lesquels l’Union européenne voit le plus grand besoin pour toutes les parties prenantes d’agir avec détermination.

 

Permettez-moi de commencer par ce que nous considérons comme des développements positifs. Premièrement, cet accord est le seul parmi les nombreux accords antérieurs signés en RCA qui tient, un an après sa signature. Ce n’est pas un résultat mineur. Cette dynamique doit être consolidée et la confiance dans l’accord maintenue et renforcée. Cela ne sera possible qu’avec une mise en œuvre effective.

 

Ce résultat nous le devons en grande partie à la détermination du Président Touadéra et de son Gouvernement à maintenir une posture courageuse et conciliante et une approche réaliste sur la situation. Nous nous félicitons de la voie de l’apaisement choisie pour faire face au retour des anciens présidents dans le pays. Ils doivent faire partie du processus. Nous félicitons également le Gouvernement d’avoir poursuivi le dialogue avec d’autres parties prenantes, y compris d’anciens hauts responsables, avec les groupes armés ainsi qu’avec la région. La tenue des commissions mixtes bilatérales avec les voisins de la RCA peut contribuer à restaurer la confiance et à solidifier la paix.

 

Nous constatons également des progrès dans la mise en place des unités spéciales mixtes de sécurité, qui bénéficient d’un soutien important de l’UE. Nous assistons aux premiers signes encourageants d’un retour de l’autorité de l’État dans certaines régions et, au fur et à mesure que le déploiement des Forces armées nationales progresse, nous devons veiller à ce que le processus reçoive le soutien nécessaire pour être crédible et s’inscrire dans la durée.

 

À l’heure actuelle, toutes les parties prenantes doivent reconnaître que l’Accord de Bangui – malgré ses imperfections – reste le seul cadre fédérateur et viable pour la paix, où chacune et chacun – signataires, facilitateurs, société civile, acteurs politiques et partenaires du pays – ont un rôle à jouer pour qu’il marche.

 

 

Monsieur le Président,

 

Permettez-moi également d’évoquer aujourd’hui les prochaines étapes et les défis auxquels nous devons faire face.

 

Un an après la signature de l’Accord, plusieurs groupes armés ne respectent toujours pas leurs engagements. Les violences qui ont éclaté dimanche dernier à Birao entre deux groupes armés n’étaient malheureusement pas un incident isolé. Il s’agissait d’une opération planifiée et perpétrée contre l’Accord de paix. Au final, ce sont les populations locales qui en sont les premières victimes, et le travail des humanitaires qui s’en trouve empêché.

 

Aucune raison ne saurait justifier ces violences. L’Union européenne exhorte les parties à respecter leur parole. Nous demandons aussi au Gouvernement, aux garants et aux facilitateurs de l’Accord de Bangui d’agir et d’envisager sérieusement l’imposition de sanctions contre les responsables. Cette situation intolérable doit cesser.

 

La violence est aussi le résultat d’une culture d’impunité qui n’a que trop duré. La lutte contre l’impunité doit se poursuivre et la Justice doit être placée en son centre. C’est une disposition essentielle de l’Accord, qui est indispensable au soutien de la population.

 

En outre, le processus de DDR doit être accéléré et conduit de manière synchronisée avec la mise en place des Unités Spéciales Mixtes de Sécurité. En la matière, les critères spécifiques pour la démobilisation, le désarmement, la validation et l’entrainement doivent être suivis à la lettre.

 

Nous constatons malheureusement que certains groupes armés ne respectent pas ces critères, pourtant précis. Au lieu de s’en tenir à leurs obligations, plusieurs leaders essaient d’en renégocier les termes. A nouveau, nous enjoignons les garants et facilitateurs de l’Accord à prendre les mesures qui s’imposent.

 

Monsieur le Président,

 

Cela m’amène au rôle de l’Union européenne. Nous maintenons notre engagement à travailler avec le Gouvernement, avec les forces vives et les populations de la RCA et toutes les autres parties prenantes. Notre engagement est également clairement témoigné par le soutien important apporté par l’UE aux prochaines élections. L’UE prendra en charge environ la moitié du budget prévisionnel et prévoit de déployer des experts électoraux. Nous espérons que d’autres donateurs puissent suivre notre exemple. Les élections sont essentielles pour consolider la démocratie et les institutions démocratiques en RCA. Un report n’est pas une option. Les élections doivent avoir lieu. Les acteurs politiques doivent faire preuve de responsabilité en contribuant à un processus électoral apaisé, transparent et inclusif. De même, l’appui de la MINUSCA à la sécurité et à la logistique demeure d’une importance cruciale. Le calendrier constitutionnel doit être respecté.

 

Enfin, l’UE est en train de déployer une mission civile, EUAM RCA, pour soutenir la réforme et le déploiement des forces de sécurité intérieure. La mission de conseil de l’UE complètera le précieux travail accompli par notre mission militaire, EUTM RCA. L’EUTM continue de travailler en toute transparence, coordination et cohésion avec la MINUSCA et d’autres acteurs.

 

Un dernier mot pour réitérer notre engagement pour un partenariat solide avec l’ONU et l’Union africaine, comme cela a été montré, entre autres, lors de nos missions trilatérales conjointes de haut niveau en RCA. À cet égard, je voudrais souligner que les récentes campagnes de manipulation et de désinformation contre les partenaires internationaux en RCA, notamment la MINUSCA, sont très préoccupantes. Je tiens à réitérer notre plein appui  à la Mission.

 

La RCA a le potentiel pour devenir une réussite pour le Conseil de sécurité, pour nous tous et, surtout, pour la RCA elle-même. Cela ne sera possible que si nous restons tous unis, engagés et concrètement mobilisés derrière et avec le peuple centrafricain. Il le mérite.

 

Monsieur le Président,  je vous remercie.

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