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Rapport the Sentry sur SUCAF et l’UPC : « c’est l’absence de l’état qui a créé tous ses désarrois », estime l’opposant Jean – Serge Bokassa

 

Bangui, République centrafricaine, lundi, 30 août 2021, 02:50:50 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Dans une interview accordée à la radio Ndékèluka, l’opposant Jean-Serge Bokassa revient sur le rapport de l’ONG américaine « the Sentry qui   a récemment publié un rapport mettant en cause l’entreprise SUCAF  pour son appui financier présumée à l’UPC, un groupe armé actif dans la région du centre.  Pour l’opposant Bokassa, c’est L’absence de l’état qui a créé justement tous ses désarrois là. « Je pense que ce n’est qu’une conséquence à cela », estime-t-il. Mais pour le magistrat Éric Didier Tombo, procureur général près de la cour d’appel de Bangui, l’opposant Jean-Serge Bokassa est devenu « un avocat de la SUCAF ». Si c’est le cas, il ferait bien qu’il s’inscrive au barreau centrafricain.

 

 

Radio Ndékèluka (RNL) : Monsieur Jean-Serge Bokassa bonjour,

Jean-Serge Bokassa (JSB)  :  bonjour armando

 

RNL : malgré la reconquête de certaines villes de province par le gouvernement, l’insécurité persiste toujours.  Vous dit être profondément touchés par cette situation, comment ?

 

JSB :  je pense que la reconquête telle qu’elle nous est présenté aujourd’hui cache malheureusement bien des réalités.  la présence de nos hommes dans les grandes villes bien évidemment à saluer mais la propagande qui entoure cette présence là et fait parfois de bien des mensonges.  Les chefs de groupes armés sont malheureusement toujours là. Il n’y a eu aucune prise des poids lourds qui ont toujours mené à la gâchette au bout du canon  La danse dans les régions dans lesquelles ils se sont implantés. Donc pour moi j’ai un sentiment très mitigé. Autant je suis poussé à encourager les Faca dans le cadre des missions qui sont des leurres, autant j’exprime quelques inquiétudes quant aux méthodes aussi qui nous parviennent sur la façon dont les choses se font parfois où il semble qu’il y’a beaucoup d’innocents qui laissent leur vie, les rebelles sont toujours là. Peut-être pas dans les grandes villes mais ils sont là.

 

RNL :  vous voulez parler du massacre de Bossangoa ces derniers temps où des jeunes non loin de Bozoum ?

JSB : exactement! Il y’a eu ce massacre à Bossangoa qui a porté à en croire le nombre de victimes à 19 si j’ai une bonne mémoire dont une enquête aurait été ouverte.  malheureusement ça fait une enquête de plus, je ne pense pas qu’on aura des suites de cette enquête là comme on n’a pas eu de suite des  autres enquêtes. Nous recevons des informations très alarmante des populations qui sont aux abois parce qu’ils ont vu certains de leurs parents être fauché par les mercenaires qui appartiennent au groupe Wagner alors que ce sont des citoyens complètement innocents, ils n’appartiennent pas à ce groupe armés l’a. Donc tous les amalgames qui est entretenue autour de tout cela est très inquiétant.

 

RNL : messieurs, l’ONG américaine « the Sentry »  a récemment publié un rapport mettant en cause l’entreprise SUCAF  pour son appui financier présumée à l’UPC, un groupe armé actif dans la région du centre. Comment réagissez-vous à cela ?

JSB : bien évidemment c’est une triste réalité. Après je voudrais aller plus loin dans la réflexion. Comment une entreprise, que ce soit celle-ci ou bien d’autres, lorsqu’elle mène une activité en plein cœur d’un champ ou se trouve des rebelles. Comment doit-elle faire? Alors Loin d’encourager justement le soutien apporté à un groupe armé, je pense que d’ailleurs il faut aller dans le sens des recommandations qui ont été faites dans ce même rapport. L’absence de l’état a créé justement tous ses désarrois là. Je pense que ce n’est qu’une conséquence à cela. Ça peut être ce cas là, il peut y avoir d’autres cas qui ne sont pas révélés, qui n’ont peut-être pas fait l’objet d’enquête. Mais je pense que ce n’est certainement pas le seul des cas.  C’est l’absence de l’état qui a entraîné tout cela. Si l’état était présent, je ne pense pas que ce serait retourné vers ce groupe armé là.

RNL : mais avant cela un autre rapport publié par la même organisation a épinglé les forces armées centrafricaines et leurs alliés russes d’avoir commis des exécutions sommaires des civils.  Quelle est la réaction du mouvement Kodro kozo -ti-mo-ni-si que vous dirigez?

 

JSB : c’est vraiment alarmante. Tout ce qui nous parvient aujourd’hui encore,  ce rapport établit des faits aussi graves que ceux-ci. Il serait utile que la justice puisse investiguer.  Vous savez, le travail qui se fait sur le terrain se fait à l’abri de tout projecteurs. Il n’y a aucun cadre transparent permettant justement d’apprécier les actes qui sont posés au quotidien, et c’est extrêmement grave. L’assemblée nationale aurait pu jouer un rôle prépondérant en ouvrant justement une enquête parlementaire afin de mettre tout cela en lumière. Il y va quand même de la vie de certains compatriotes. Des vies qui sont fauchés parfois sans aucune raison. Les témoignages qui nous sont rapportés sont extrêmement triste et alarmante. Donc si le peuple centrafricain ne peut plus se confier à son état,  s’il ne peut plus se confier à son armée. Vers qui va t-il se tourner?  ils fuient les groupes armés est aujourd’hui se retrouve encore en train de fuir les Faca, tout simplement parce que les méthodes utilisées ne sont pas conventionnels. Les FACA n’ont pas été formés pour fonctionner comme des mercenaires. C’est une armée régulière et qui doit fonctionner avec une certaine éthique. Lorsque celle ci disparaît,  eh ben elle se retrouve justement au même rang des accusés, à savoir des groupes armés. Bien que l’armée nationale soit appelée la grande muette et qu’elle soit plus sous l’influencé d’un régime plutôt que placer sous le drapeau, à savoir sous la république, je souhaite quand même vivement qu’elle se ressaisisse et qu’elles se départissent de tout ce qui pourrait l’entachée parce que c’est une institution noble à laquelle nous tenons.

 

RNL : certains partenaires de la république centrafricaine ont suspendu leur aide budgétaire. Une manière pour exiger du gouvernement la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion. Est-ce que cela vous étonne?

 

JSB :  messieurs, cela ne m’étonne pas mais encore une fois vous voyez tous les sujets d’actualité que nous abordons sont des sujets qui nous peinent énormément. Ce besoin de transparence n’est pas simplement attendu par les acteurs de la communauté internationale,  le peuple centrafricain aujourd’hui dont je me fais le devoir aussi de faire entendre la voix demande aussi plus de transparence dans la gestion des affaires publiques. C’est une démarche qui se veut républicaine dans un contexte qui est celui de la démocratie. Cette opacité qu’on a finalement érigée en règle de gouvernance elle est odieuse, elle n’honore pas la république, elle n’honore pas monsieur faustin archange Touadera avec une redistribution des richesses plus équitable avec un respect de la parole donnée, avec un respect justement des engagements que nous prenons,  Un respect de nos lois, alors tout cela a disparu.

 

RNL :  mais si vous dites que vous êtes étonnés de la gestion actuelle, mais vous étiez hier cogérant des premières heures du pouvoir de Touadera ?

 

JSB : oui, vous savez lorsque nous faisons le choix d’aller vers un homme, on le fait sans boule de cristal. On n’est pas censé savoir ce qu’il en adviendra mais justement la présence d’hommes et de femmes de qualité autour de ses leaders là c’est aussi une façon de vouloir sécuriser un tout petit peu la marche de ce dernier. C’est une façon de mettre en place aussi des espèces de garde-fous. Mais  bon malheureusement je constate aussi une chose c’est que la plupart de ceux qui l’ont soutenu aux premières heures comme vous l’avez évoqué malheureusement ne sont plus dans le navire.

 

RNL : Et donc vous balayer du revers de la main la gestion qui se poursuivait à votre époque ?

 

JSB : disons que je n’ai pas toujours été en phase avec les choix qui ont été opérés. Les choix par exemple d’inviter des représentants de groupes armés à la gestion des affaires publiques ça fait partie justement des points de désaccord qui étaient les nôtres à l’époque. Je suis prêt à faire des concessions pour peu que ce soit utile, pour peu que ces concessions la apporte véritablement la paix. Mais lorsque le gouvernement, l’état centrafricain passe le clair de son temps à faire des concessions avec des groupes armés sans que cela ne remplissent les engagements qu’ils prennent, sans que cela ne puisse même faire des actes posés, des actes de bonne foi.  Alors je ne vois pas pourquoi continuer dans cette dynamique là. Les accords de Khartoum où aujourd’hui son rendu caduc par le comportement de tous ses signataires est cosignataire qui ont pratiquement tous rejoint la CPC. Mais vous entendrez encore des sirènes aujourd’hui au sein du gouvernement? Dans les discours du président qui continue de s’accrocher à ces accords de Khartoum. Je fais référence à son discours lors de son investiture où pendant qu’il avait la main levée et juré protection du peuple centrafricain, lorsque dans son discours il dira qu’il s’engage à lutter contre l’impunité, il y avait quand même dans la salle un certain monsieur Michel Djotodia qui a quand même été durant neuf mois à la tête de ce pays dans une transition sanglante, une période des plus sanglantes que nous avons connue en république centrafricaine. Alors à la fin de son discours il aurait peut-être été utile qu’ils puissent procéder directement à son arrestation dans la salle. Pourquoi aujourd’hui la loi devrait être un service à la tête du client?

 

RNL : vous voulez parler de qui par exemple ?

 

JSB : je parle de Michel Djotodia

 

RNL : qui encore ?

 

JSB : oh! Écoutez nous avons appris récemment que Ali Darassa était convoité par le régime. Ils ont tout fait pour le débaucher de la CPC et le ramener auprès des russes, enfin du groupe Warner. Donc vous voyez ce sont des jeux malsains.

 

RNL :  après votre retrait monsieur Bokassa de la course à la présidence de la république du décembre dernier, vous avez disparu de la scène politique. Quelle est votre stratégie actuelle ?

 

JSB : il se trouve qu’à cette  période là mon épouse s’en est allé. Donc je continue de vivre mon deuil.  Ça a été une compagne qui m’a accompagné dans ma lutte politique justement, elle a toujours été à mes côtés et qui a laissé un très grand vide, le temps déjà de faire mon deuil et de cicatriser un peu de cette blessure que ça m’a laissé

 

RNL monsieur Serge Bokassa merci

 

JSB : Merci beaucoup

 

Transcrit par la rédaction du CNC

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