Prison du camp de Roux, une violente bagarre a failli déclencher entre deux ex-chefs Anti-Balaka

Prison du camp de Roux, une violente bagarre a failli déclencher entre deux ex-chefs Anti-Balaka

Les miliciens Anti-balaka dans la ville de Bangassou.

 

 

Une violente altercation a éclaté récemment à la prison du camp de Roux à Bangui entre deux ex-chefs anti-Balaka de Bangassou, révélant la dangereuse promiscuité entre criminels de guerre incarcérés.

 

Bangui, 29 août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Les protagonistes de cette altercation avortée ne sont autres que Pinot-Pinot et Zelete Yvon, alias Nponporo, deux figures tristement célèbres des milices anti-Balaka ayant semé la terreur à Bangassou. Leur rencontre fortuite derrière les barreaux a réveillé de vieilles rancœurs, manquant de peu de dégénérer en bain de sang.

 

Portrait d’un sanguinaire : l’ascension et la chute de Pinot-Pinot.

 

Le parcours criminel de Pinot-Pinot illustre la brutalité qui a caractérisé le conflit centrafricain. Cet homme, dont le surnom évoque une innocence trompeuse, a laissé derrière lui une traînée de sang à travers le pays.

 

Sa carrière macabre a débuté dans les rangs des anti-Balaka de Damala, au nord de Bangui. Rapidement, il s’est fait remarquer par sa cruauté, gravissant les échelons de la milice. Son ascension l’a mené successivement à Boali, puis à Bakouma, laissant sur son passage un sillage de violences et d’exactions.

 

C’est à Bangassou, chef-lieu de la préfecture du Mbomou, que Pinot-Pinot a atteint l’apogée de sa barbarie. Entre 2015 et 2016, lui et ses hommes ont perpétré des atrocités innommables. Femmes enceintes éventrées, nourrissons massacrés, musulmans exterminés… La liste de ses crimes est longue et glaçante.

 

Sa soif de pouvoir l’a même poussé à éliminer ses propres compagnons d’armes. En 2017, il a orchestré l’assassinat de plusieurs chefs anti-Balaka, s’imposant comme le maître incontesté de Bangassou. Mais son règne sanglant touchait à sa fin.

 

Trahi par les siens, Pinot-Pinot a dû fuir précipitamment lorsqu’une faction rivale s’est retournée contre lui dans la commune de Bema. Dans sa fuite éperdue, il a traversé le fleuve Oubangui à bord d’une pirogue, espérant trouver refuge en République démocratique du Congo.

 

Mais la chance avait tourné pour le criminel. À peine débarqué sur la rive congolaise, il est tombé dans les filets de la police locale. Avec 37 de ses fidèles, Pinot-Pinot a été arrêté puis extradé vers Bangui en juin 2018.

 

Zelete Yvon : l’autre visage de la terreur à Bangassou.

 

Si Pinot-Pinot incarne la violence débridée, Zelete Yvon représente un visage plus calculateur du conflit. Connu sous le pseudonyme de Nponporo, cet homme est accusé d’avoir été le cerveau financier derrière les attaques anti-Balaka contre les musulmans de Bangassou.

 

Le 13 mai 2017, la ville a été la scène d’un massacre qui a choqué la communauté internationale. Selon de nombreux témoignages, Zelete Yvon aurait orchestré cette tuerie dans le but d’évincer la population musulmane et de s’approprier le lucratif commerce des diamants et de l’or dans la région.

 

Contrairement à Pinot-Pinot, Zelete Yvon a longtemps échappé à la justice. Ce n’est que récemment qu’il a été appréhendé par les Casques bleus de la MINUSCA et transféré à Bangui. Actuellement détenu à la prison centrale de Ngaragba, il fait l’objet d’une enquête de la Cour pénale spéciale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

 

Une poudrière carcérale prête à exploser.

 

La confrontation avortée entre ces deux criminels notoires souligne les graves défaillances du système pénitentiaire centrafricain. À la prison du camp de Roux, Pinot-Pinot a failli lyncher Zelete Yvon dès son arrivée, l’accusant d’être responsable de son arrestation.

 

“Les ennemis d’hier sont entassés ensemble. C’est une bombe à retardement”, s’alarme un observateur sous couvert d’anonymat. L’absence de séparation entre les différentes factions armées crée un environnement propice aux règlements de comptes et aux violences.

 

Les autorités judiciaires semblent ignorer ces risques, regroupant sans discernement des criminels aux antagonismes profonds. “On force des rivaux mortels à cohabiter dans des cellules surpeuplées. C’est une recette pour le désastre”, déplore une source proche du dossier.

 

Une justice à la traîne.

 

Alors que Pinot-Pinot a déjà été condamné à la réclusion à perpétuité, le sort judiciaire de Zelete Yvon reste incertain. Contacté par téléphone à la prison de Ngaragba, il affirme être interrogé par la Cour pénale spéciale mais n’a toujours pas comparu devant un tribunal.

 

Cette lenteur de la justice envers les criminels de guerre irrite les tensions au sein des prisons. Pendant que les procédures s’éternisent, le risque d’affrontements entre factions rivales ne cesse de croître.

 

Un système à réformer d’urgence.

 

L’incident entre Pinot-Pinot et Zelete Yvon n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il révèle un problème systémique qui menace la stabilité même du processus de justice et de réconciliation en Centrafrique.

 

Une refonte complète du système carcéral s’impose. La séparation des détenus en fonction de leurs affiliations passées, l’amélioration des conditions de détention et l’accélération des procédures judiciaires sont autant de mesures urgentes à mettre en place.

 

Sans une action rapide et décisive, les prisons centrafricaines risquent de devenir un terrain de nouvelles violences.

 

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