Nouveau massacre près de Bozoum : près de 60 Peuls tués par des miliciens anti-balaka

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Nouveau massacre près de Bozoum : près de 60 Peuls tués par des miliciens anti-balaka

 

Nouveau massacre près de Bozoum : près de 60 Peuls tués par des miliciens anti-balaka
Les miliciens Anti-Balaka à Bangui pour illustration, le 4 fevevrier 2014 afp

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 En l’espace de quelques jours, entre le 14 et le 16 février 2025, des localités  autour de Bozoum, à une quarantaine de kilomètres de cette petite ville centrafricaine, a basculé dans l’horreur. Des miliciens anti-balaka, armés jusqu’aux dents et venant de plusieurs villages, ont pris pour cible des campements d’éleveurs peuls, laissant derrière eux des dizaines de morts, des troupeaux décimés et une poignée de survivants traumatisés. Ce n’est pas une simple flambée de violence : c’est un massacre méthodique, organisé, et qui porte les traces d’une brutalité qu’on croyait appartenir au passé. Pourtant, ici, dans ce triangle entre Bozoum, Bouar et Niem, le cauchemar est bien réel.

 

Tout a commencé par un braquage

 

Deux jours plutôt, Un jeune de Bozoum, , qui portait sur lui quelques grammes d’or, se fait attaquer par des bandits. Ils le braquent, lui volent son or, et le tuent sans hésiter. L’histoire aurait pu s’arrêter là, un drame parmi tant d’autres dans un pays où l’insécurité ronge le quotidien. Mais les murmures qui circulent dans les villages désignent rapidement les coupables : des miliciens anti-balaka, les mêmes qui, deux jours plus tard, allaient semer la mort à une échelle effroyable.

 

Vendredi 14 février : les premières victimes tombent

 

Le vendredi 14 février, vers 16 heures, le village de Mboforo devient la scène d’une première attaque. Des miliciens anti-balaka s’en prennent à des Peuls qui vivaient là. Deux personnes sont tuées sur le coup, un troisième prend une balle dans la main et parvient à être évacué jusqu’à l’hôpital de Bozoum, à une quarantaine de kilomètres. Ce même jour, un peu plus loin, à Bomboro, trois éleveurs peuls transhumants, venus simplement s’approvisionner, tombent dans une embuscade. Deux meurent, le troisième, blessé, est lui aussi transporté à Bozoum. Leur cheval, leur seul bien, est confisqué par les assaillants. Ces miliciens, d’après ce qu’on sait, ont été formés par des mercenaires du groupe Wagner, ces Russes qui traînent depuis des années dans le pays pour appuyer le gouvernement ou sécuriser leurs propres intérêts.

 

Samedi 15 février : le grand massacre d’Alhadji Tambaya

 

Le lendemain, samedi 15 février, tout s’accélère et prend une tournure encore plus sombre. Les miliciens anti-balaka ne se contentent plus de petites attaques. Ils se regroupent, venant de partout : Mboforo, Beltoum, Bomboro, Bakoua, Bernard, Bayanga, Batara, Yaou. Ils ont des armes de toutes sortes, des machettes aux fusils, et ils savent s’en servir. Leur cible ? Un grand campement d’éleveurs peuls dirigé par un homme connu dans la zone, Alhadji Tambaya. Là, ils ne font pas de quartier. Jeunes, femmes, vieillards, enfants : personne n’est épargné. Sur les 56 personnes qui vivaient dans ce campement, presque toutes sont tuées. Les chiffres sont glaçants : plus de 50 morts, des corps qui s’entassent sous les coups des assaillants.

 

Seuls quatre survivants parviennent à s’enfuir. Une femme, serrant ses deux bébés contre elle, court à travers la brousse pour échapper au massacre. Un jeune garçon, pas encore 18 ans, trouve aussi la force de s’échapper. Il file vers Niem, puis finit par arriver à Bouar, à des kilomètres de là, épuisé mais vivant. Les miliciens, eux, ne s’arrêtent pas aux humains. Ils abattent des dizaines de bœufs, pillent ce qu’ils peuvent, et laissent derrière eux un campement ravagé.

 

À la tête de cette opération, il y a Blaise, le chef du village de Yaou. C’est lui qui donne les ordres, qui mobilise les hommes des villages voisins. Et son petit frère, Dabarè, est là aussi, son adjoint sur le terrain. Une fois le carnage fini, c’est Dabarè qui prend la pelle : il enterre les corps dans des fosses communes, des trous creusés à la va-vite pour cacher ce qu’ils ont fait. Une méthode qu’ils n’ont pas inventée seuls, d’ailleurs. On raconte que ce sont les mercenaires de Wagner qui leur ont appris à faire disparaître les traces comme ça, vite et sans laisser de preuves.

 

Dimanche 16 février : la violence continue

 

Le lendemain, dimanche, les miliciens ne s’arrêtent pas. Ils frappent encore, cette fois dans un autre campement. Six éleveurs peuls perdent la vie. Les troupeaux, là encore, sont touchés, mais on n’a pas tous les détails – dans le chaos, compter les bêtes devient presque secondaire face à la perte humaine. Ce qui est sûr, c’est que la peur s’installe partout dans ce coin de la Centrafrique. Les survivants, ceux qui ont vu la mort de près, savent que ça peut recommencer n’importe quand.

 

Qui sont ces miliciens ?

 

Ces anti-balaka, ce ne sont pas des inconnus. Beaucoup d’entre eux sont liés à un nom bien connu dans la région : Bello. Cet ancien chef anti-balaka, dont on parlait déjà en 2022 dans des histoires de braquages et de vols à grande échelle, semble tirer les ficelles, ou du moins avoir laissé son empreinte sur ces hommes. Spécialisés dans les attaques brutales, ils savent frapper fort et disparaître. Mais derrière leurs armes et leur organisation, il y a autre chose : Wagner. Ces mercenaires russes, qui rôdent en Centrafrique depuis des années, ont formé ces miliciens, leur ont appris à tuer et à effacer leurs traces. Et aujourd’hui, les Peuls en payent le prix.

 

Une situation misérable

 

Aujourd’hui, 19 février 2025, quelques jours après les attaques, on commence à peine à mesurer l’ampleur du drame. À l’hôpital de Bozoum, deux blessés luttent encore pour survivre, soignés comme ils peuvent dans un système de santé qui tient à peine debout. Le jeune garçon qui s’est enfui est à Bouar, loin de chez lui, mais en sécurité pour l’instant. La femme et ses bébés ? On ne sait pas trop où ils sont, mais on espère qu’ils ont trouvé un abri. Sur place, près des campements, il ne reste que des ruines et des fosses où les corps ont été jetés. Les miliciens ont fait ça vite, comme on leur a appris, pour que personne ne puisse venir fouiller trop longtemps après.

 

Un cri pour la justice

 

Cette histoire ne peut pas s’arrêter là. Ce massacre, c’est une affaire qui doit arriver devant la Cour pénale spéciale, cette institution créée en Centrafrique pour juger les crimes les plus graves, ceux qui déchirent le pays depuis trop longtemps. Il faut qu’ils aillent à Bozoum, qu’ils parlent aux blessés à l’hôpital, qu’ils écoutent le jeune qui a fui. Il faut qu’ils creusent, littéralement, pour sortir les corps de ces fosses et montrer au monde ce qui s’est passé. Blaise, Dabarè, Bello, et derrière eux peut-être Wagner : tous doivent répondre de ça.

 

Nous, à la rédaction du CNC, on est prêts à aider. On a suivi cette histoire de près, on a vu les mêmes miliciens faire leurs coups il y a des années, et on peut guider la Cour si elle veut agir. Mais il faut faire vite. Les corps dans les fosses, c’est la preuve de ce carnage. Si on attend trop, tout risque de disparaître, comme si ces 60 vies n’avaient jamais compté.

 

Un pays qui saigne encore

 

Ce qui s’est passé près de Bozoum, ce n’est pas juste une dispute entre voisins qui a mal tourné. C’est une tragédie qui raconte tout ce qui va mal en Centrafrique : les milices qui font la loi, les étrangers qui les arment, les communautés qui se déchirent. Les Peuls, ces éleveurs nomades, sont souvent les premiers visés, accusés de tout et de rien dans un pays où la paix reste un rêve lointain. Et pendant ce temps, des hommes comme Blaise et Dabarè continuent, soutenus par des forces qu’on ne voit pas toujours, mais qui laissent des traces dans le sang.

 

Il faut que ça s’arrête. Il faut que quelqu’un dise stop, que quelqu’un rende justice à Alhadji Tambaya, à ses 56 compagnons, aux six éleveurs du dimanche, à tous ceux qui sont tombés ces trois jours maudits. Sinon, la Centrafrique restera ce qu’elle est trop souvent : un pays où la vie ne tient qu’à un fil, et où les fossoyeurs travaillent plus vite que les juges.

 

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