Mahamat Fara Ibrahim interpelle Touadera sur le drame de la Vakaga

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Une lettre ouverte de monsieur Mahamat Fara Ibrahim adressée au président Touadera dénonce l’abandon d’une région livrée aux groupes armés soudanais.
Mahamat Fara Ibrahim n’a plus de mots pour décrire ce que vit sa région. Ce fils du village de Boura, dans la commune de Ridina à Birao, a écrit le 13 juillet 2025 une lettre ouverte au président Faustin-Archange Touadera. Son message est simple : la Vakaga brûle et ses habitants meurent sous les coups de groupes armés venus du Soudan.
Les villages de cette préfecture du nord-est subissent depuis des années des pillages répétés. Les jeunes hommes sont assassinés, le bétail volé, les champs incendiés. Les femmes comme Amina Youssouf, agricultrice à Ouandja, ne peuvent plus cultiver leurs terres. “Nous ne pouvons plus aller dans nos champs. Les bandits nous menacent, brûlent nos récoltes. Comment nourrir nos enfants ?”, explique-t-elle depuis Birao.
Cette situation s’aggrave depuis 2019, date à laquelle les habitants ont alerté Bangui sur la nécessité de déployer des forces gouvernementales à la frontière soudanaise. Leur appel est resté sans réponse. L’escalade de la crise soudanaise en 2023, opposant le gouvernement de Khartoum aux Forces de soutien rapide, a empiré la situation. Les hommes armés traversent une frontière devenue passoire et sèment la terreur dans les villages centrafricains.
Fatima Ali, commerçante à Amdafock, observe ce phénomène au quotidien. “Nous voyons des hommes armés traverser la frontière comme s’il n’y avait aucun contrôle. Nos villages sont sans défense, et personne ne vient nous protéger“. Cette porosité permet aux groupes armés de massacrer et piller en toute impunité, profitant de l’absence totale de forces de sécurité.
Les conséquences sont terribles. Des villages entiers se vident de leurs habitants. Ouandja, Vokouma, Amdafock : les communes se désertent une à une. Les déplacés affluent par milliers à Birao, seule ville encore relativement sûre de la préfecture. Ils vivent dans des camps de fortune, sans nourriture, exposés aux intempéries et aux maladies.
Hawa Mahamat a fui Vokouma après l’incendie de son village. “Nous avons tout perdu. À Birao, nous dormons sous des bâches, sans nourriture ni soins. Nos enfants tombent malades, et nous n’avons rien“. Cette mère de famille fait partie des milliers de déplacés qui survivent dans des conditions précaires, pris en otage par des groupes armés que rien ne semble pouvoir arrêter.
Face à cette détresse, Mahamat Fara Ibrahim demande une réaction immédiate du gouvernement. Il réclame le déploiement de forces armées gouvernementales pour protéger les villages et une action d’envergure pour dissuader les groupes armés. Zara Issa, enseignante à Birao, partage cette urgence. “Nos élèves ne peuvent plus aller à l’école en sécurité. Nous avons besoin de protection, de soldats pour repousser ces criminels. Le gouvernement doit agir maintenant“.
L’auteur de la lettre va plus loin dans son avertissement. Si le gouvernement continue à ignorer ces appels au secours, les villageois pourraient prendre les armes pour se défendre.
“Si notre gouvernement continue toujours à faire la sourde oreille à ces cris, les villageois eux-mêmes prendront leur responsabilité pour assurer leur défense”, écrit-il.
Cette mise en garde pose une question fondamentale sur la capacité de l’État centrafricain à protéger ses citoyens. “C’est le moment de savoir si réellement on est dans un pays avec un gouvernement ou on ne l’est pas”, interroge Mahamat Fara Ibrahim. Cette phrase résume le sentiment d’abandon qui prévaut dans la Vakaga, où les habitants se sentent livrés à eux-mêmes face à la violence.
Mariam Abakar, leader communautaire à Birao, exprime cette lassitude générale. “Nous sommes fatigués de pleurer nos morts. Nous voulons vivre en paix, cultiver nos champs, élever nos enfants. Le président doit entendre ce cri.” La lettre de Mahamat Fara Ibrahim, portée par les voix des femmes de la Vakaga, constitue un ultime appel à l’action pour sauver une région au bord de l’effondrement….
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