L’ancien président mauritanien a été inculpé pour enrichissement illicite et blanchiment d’argent. Il n’ira cependant pas en prison.
Selon un communiqué du parquet, Mohamed Ould Abdel Aziz a été mis sous “contrôle judicaire poussé” avec 10 co-prévenus dont deux anciens Premiers ministres. L’enquête financière, précise le communique du parquet, a permis “de découvrir, de geler et saisir des biens mobiliers et immobiliers provenant de plusieurs crimes.”
Des biens gelés estimés à plus de 41 milliards d’anciennes ouguiyas, soit 100 millions d’euros. Le parquet note que cette somme représente seulement ce qui a été déjà découvert en Mauritanie. Ce qui sous-entend donc la possibilité de biens dissimulés au-delà des frontières mauritaniennes.
C’est pourquoi la justice du pays entend “rechercher et recouvrer par tous les moyens, y compris les facilités offertes par l’entraide judiciaire internationale, des biens frauduleusement acquis.”
L’inculpation de Mohamed Ould Abdel Aziz est le résultat du travail d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur la gestion des biens publics pendant la décennie qu’il a passée à la tête de l’Etat.
Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire, Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu en 2009 et réélu en 2014. Il a aussi présidé l’Union africaine pendant une année.
Une leçon pour les autres
Un ancien chef d’Etat mauritanien poursuivi pour corruption est une première dans ce pays et même rare en Afrique.
Quel impact pourrait avoir cette affaire sur la gestion future des biens publics ? Notre correspondant en Mauritanie a posé la question à Mohamed Abdellahi Bellil, président de l’Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption. Pour lui, “personne n’est au dessus de la loi”.
L’exemple sud-africain
En Afrique du sud, l’ancien président Jacob Zuma a été poussé à la démission en février 2018, emporté par les nombreux scandales de corruption qui ont terni son règne.
Il est notamment accusé d’avoir touché 4 millions de rands (environ 224 000 euros) en pots-de-vin de la part du groupe de défense et d’électronique français Thales dans le cadre d’un énorme contrat d’armement de 51 milliards de rands (environ 3 milliards d’euros). Il était à l’époque vice-président.
La commission chargée d’enquêter sur la corruption d’Etat généralisée a réclamé en février dernier, auprès de la plus haute juridiction du pays, deux ans de prison à l’encontre de Jacob Zuma pour son refus de témoigner.
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