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La réalité derrière le rideau : comprendre la politique centrafricaine à travers les mots d’Albert Yaloké Mokpeme

La réalité derrière le rideau : comprendre la politique centrafricaine à travers les mots d’Albert Yaloké Mokpeme

 

Albert Yaloké Mokpème, Ministre conseiller et porte-parole de la présidence centrafricaine @crédit photo Erick Ngaba
Albert Yaloké Mokpème, Ministre conseiller et porte-parole de la présidence centrafricaine @crédit photo Erick Ngaba

 

Bangui, 20 novembre 2023 (CNC) –Dans l’arène politique complexe de la République centrafricaine, les récentes déclarations d’Albert Yaloké Mokpeme, porte-parole de la présidence, offrent un aperçu révélateur des stratégies gouvernementales et des interactions internationales du pays. Cette analyse examine les déclarations de Mokpeme sur des sujets clés tels que le refus de dialoguer avec l’opposition, la position sur les leaders des groupes armés, la situation spécifique de Mahamat Al-Khatim du MPC, et la réponse du gouvernement à l’intervention de la Minusca par Valentine Rugwabiza.

Elle met en lumière les contradictions inhérentes à la politique centrafricaine, où les enjeux de souveraineté, de justice et de paix se heurtent à des réalités de gouvernance ambivalentes et à des interactions internationales complexes. Cette dissection des propos de Mokpeme vise à dévoiler les nuances et les implications des politiques actuelles en RCA, dans un contexte où la réalité politique souvent contredit le discours officiel.

 

Pas de Dialogue, Même avec l’Opposition

 

Dans le contexte politique actuel de la République centrafricaine, la posture du gouvernement, incarnée par les déclarations du porte-parole de la présidence Albert Yaloké Mokpeme, apparaît marquée par des contradictions frappantes. Alors que le discours officiel prône une intransigeance face aux leaders des groupes armés et un refus catégorique de dialogue avec l’opposition, la réalité politique au sein du gouvernement de Félix Moloua présente une image nettement différente.

 

Ce paradoxe soulève des questions sur la sincérité du refus de dialoguer avec l’opposition. Il semble que le gouvernement soit prêt à intégrer des individus aux mains souillées de sang, tant que cela sert ses intérêts politiques, remettant en cause la crédibilité de sa position de non-négociation.

 

En outre, la déclaration de Mokpeme sur la non-amnistie des criminels de guerre contraste fortement avec la situation du ministre Hassan Bouba, inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mais qui reste libre et actif au sein du gouvernement. Cette contradiction met en lumière une politique de deux poids, deux mesures, où certains sont tenus responsables de leurs actes, tandis que d’autres bénéficient d’une apparente immunité.

 

Cependant, bien que le gouvernement rejette toute négociation avec les leaders des groupes armés tels qu’Al-Khatim, cette position semble incohérente au vu de la présence de figures similaires dans le gouvernement actuel du premier ministre Félix Moloua. La décision de ne pas engager de dialogue avec les leaders des groupes armés qui se retirent de la CPC à l’exemple de monsieur Al-Khatim contraste avec l’acceptation de leaders de groupes armés au sein du gouvernement, remettant en question la logique et l’équité des critères du gouvernement dans le choix de ses interlocuteurs.

 

Ceci dit, l’analyse des déclarations d’Albert Yaloké Mokpeme et de la situation politique en République centrafricaine révèle un paysage complexe et paradoxal. D’une part, le gouvernement affiche une position de fermeté et de justice, mais d’autre part, il semble appliquer ces principes de manière sélective. Cette approche soulève des interrogations sur la véritable nature des intentions gouvernementales et sur l’efficacité de leur stratégie pour atteindre la paix et la stabilité dans un contexte aussi contradictoire et complexe.

 

Critique de la Minusca

 

La réponse des autorités centrafricaine à l’appel de Valentine Rugwabiza, chef de la mission de l’ONU en RCA (Minusca), pour un dialogue inclusif, dévoile une facette complexe des relations entre la RCA et les institutions internationales. Albert Yaloké Mokpeme, porte-parole de la présidence de la République, a fermement critiqué ce qu’il considère comme une ingérence de la Minusca dans les affaires internes du pays, affirmant que son mandat devrait se cantonner à la restauration de la paix et non à l’influence des processus politiques internes.

 

Cette position, qui semble à première vue défendre la souveraineté nationale et l’autonomie du processus politique interne, se heurte cependant à un contexte historique récent contradictoire. Il est important de noter que la Minusca a joué un rôle clé dans le contexte électoral de 2016 et de 2020, favorisant indirectement l’élection et la réélection de Faustin Archange Touadera malgré des accusations d’irrégularités et de fraudes massives. De plus, la Minusca a également observé, sans opposition significative, le passage d’un référendum controversé initié par Touadera pour une nouvelle constitution.

 

Cette constitution, élaborée dans l’opacité et adoptée dans des circonstances troubles, est perçue comme discriminatoire par de nombreux observateurs. Son objectif apparent serait de permettre à Touadera de briguer un troisième mandat, voire de s’assurer une présence prolongée au pouvoir. La critique de Mokpeme à l’égard de la Minusca peut donc être interprétée comme une manoeuvre politique visant à masquer la complaisance passée de l’organisation internationale envers les actions du gouvernement Touadera. Ce paradoxe soulève des questions sur la véritable nature de la relation entre le gouvernement centrafricain et la Minusca, et sur l’influence réelle de cette dernière dans les affaires internes du pays.

 

En réalité, l’ensemble des déclarations d’Albert Yaloké Mokpeme, reflétant la position officielle du gouvernement centrafricain, révèle un tableau complexe où politique, justice et souveraineté se mêlent dans un contexte de profondes contradictions. D’un côté, il y a un discours ferme sur la non-négociation avec les groupes armés et l’affirmation de l’autorité de l’État, tandis que de l’autre, des actes qui trahissent une certaine complaisance ou incohérence, notamment dans l’intégration de figures controversées au sein du gouvernement et dans les interactions avec des entités internationales comme la Minusca.

 

Cette situation soulève des questions critiques sur la légitimité et l’efficacité des stratégies adoptées pour atteindre la paix et la stabilité en République centrafricaine. Elle met également en évidence la complexité des relations entre le gouvernement centrafricain et les organisations internationales, où les enjeux de pouvoir et de souveraineté nationale s’entremêlent avec les nécessités de la diplomatie et de la coopération internationale.

 

En définitive, la réalité politique en RCA se révèle être un échiquier où les déclarations officielles ne reflètent pas toujours les mouvements stratégiques en cours, illustrant ainsi les défis persistants auxquels le pays est confronté dans sa quête d’une gouvernance stable et d’une paix durable.

 

Par Gisèle MOLOMA

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