La préfecture de la Nana-Mambéré interdit une marche pacifique de soutien au Dr Jonas Donon, invalidé par la Cour constitutionnelle pour les législatives dans la circonscription de Bouar 4

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La préfecture de la Nana-Mambéré interdit une marche pacifique de soutien au Dr Jonas Donon, invalidé par la Cour constitutionnelle pour les législatives dans la circonscription de Bouar 4

 

L'ex-député DONON invalidé suite à la requettte d'un ex-colonel du 3R
L’ex-député DONON invalidé suite à la requettte d’un ex-colonel du 3R

 

Rédigé le 15 décembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Les habitants de Bouar voulaient manifester leur soutien au Dr Jonas Donko, candidat invalidé aux législatives. Leur demande d’autorisation pour une marche pacifique a été rejetée par la préfecture, sans explication détaillée. Une décision qui, pour les organisateurs, s’inscrit dans un système plus large d’étouffement de la contestation.

 

 

Dans un pays normal respectant la liberté, les citoyens ont le droit de manifester pour dégager leur colère ou leur joie. C’est un principe fondamental, inscrit dans toutes les constitutions du monde. Quand une décision de justice choque la population, quand une institution bafoue les droits d’un candidat, les gens descendent dans la rue. Ils marchent pacifiquement, ils portent des pancartes, ils crient leur désaccord. Les autorités encadrent la manifestation, elles déploient des forces de l’ordre pour garantir la sécurité, mais elles n’interdisent pas la protestation. C’est ainsi que fonctionne la démocratie.

 

En Centrafrique, ce droit n’existe plus. Les préfets décident qui peut manifester et qui ne le peut pas. Ils examinent les demandes d’autorisation, ils évaluent le degré de dangerosité politique de chaque marche, ils consultent Bangui avant de donner leur réponse. Si la manifestation gêne le pouvoir, elle est interdite. Si elle conteste une décision politique du régime, elle ne verra jamais le jour.

 

À Bouar, la population a voulu exercer ce droit constitutionnel. Le Dr Jonas DONON venait d’être éliminé de la course aux législatives par la Cour constitutionnelle. Les accusations portées contre lui étaient grotesques : complicité de kidnapping, meurtre de l’imam de Nièm-Yéléwa, division communautaire. Toute la ville sait que ces charges sont fausses. Les habitants connaissent leur député depuis des années. Ils savent qu’il n’a jamais tué personne, qu’il n’a jamais participé à un enlèvement, qu’il n’a jamais créé de division entre les communautés.

 

La colère montait dans les quartiers de Bouar 4. Les gens se parlaient, ils échangeaient leurs impressions, ils comparaient leurs informations. Tous arrivaient à la même conclusion : l’invalidation du Dr DONON est une manipulation politique. Un ancien chef rebelle du 3R, Souleyman Bi Hassan, candidat du parti présidentiel MCU, avait déposé un recours bourré de mensonges. La Cour avait validé sans vérifier. Le médecin vétérinaire et juriste se retrouvait hors course.

 

Les partisans du Dr DONON ont décidé d’agir. Ils ont préparé des pancartes. Les messages étaient simples, directs, compréhensibles par tous. “Ramenez le dossier de notre candidat Dr DONON Jonas”, “Nous réclamons notre candidat DONON Jonas député de Bouar 4”, “Ramener la candidature de notre député Dr DONON Jonas Bouar 4 – Non à l’injustice”, “Nous population de la circonscription de Bouar 4 réclamons la candidature député Dr DONON Jonas – Non à l’injustice”.

 

Ces pancartes devaient être brandies lors d’une marche pacifique dans les rues de la ville. Les organisateurs avaient tout planifié. Le parcours était défini, les slogans étaient prêts, les participants étaient mobilisés. Il ne manquait qu’une chose : l’autorisation administrative.

 

Le Comité d’organisation de la marche pacifique a déposé une demande officielle auprès de la préfecture de la Nana-Mambéré. Le document précisait l’objet de la manifestation, le nombre approximatif de participants, l’itinéraire prévu. Les organisateurs demandaient un encadrement par les forces de l’ordre pour garantir la sécurité. Rien d’illégal, rien de violent, rien de subversif. Une marche citoyenne pour réclamer le rétablissement de la candidature du Dr DONON.

 

La réponse de la préfecture est arrivée rapidement. Le préfet Pierre Fils Kenguena-Minang a adressé un courrier officiel au Comité d’organisation. Le ton est administratif, poli, mais ferme. La préfecture refuse d’accorder l’autorisation pour la marche pacifique. Aucune explication détaillée. Aucun motif juridique précis. Juste un refus sec et définitif.

 

Le message était clair pour les habitants de Bouar. Vous pouvez être en colère, vous pouvez contester la décision de la Cour constitutionnelle, vous pouvez préparer des pancartes, mais vous ne descendrez pas dans la rue. La préfecture a parlé. L’ordre vient d’en haut. Le dossier est clos.

 

Cette interdiction n’a rien de surprenant. Elle s’inscrit dans la logique du régime Touadéra. Quand le pouvoir invalide un candidat gênant en utilisant des accusations mensongères, il ne va pas ensuite autoriser la population à protester contre cette invalidation. Ce serait contradictoire. Le système fonctionne de manière cohérente : la Cour élimine le médecin, la préfecture empêche les citoyens de manifester leur désaccord.

 

Le refus du préfet Pierre Fils Kenguena-Minang ne vient pas de lui. Il a reçu des instructions directement de Bangui. Les autorités suivent de près ce qui se passe à Bouar. Elles savent que la population rejette l’invalidation du Dr DONON. Elles savent que les habitants sont prêts à descendre dans la rue. Elles ont donné l’ordre aux préfets de bloquer toute manifestation.

 

La population de Bouar se retrouve piégée. Elle ne peut pas accepter l’injustice faite à son député, mais elle ne peut pas non plus l’exprimer publiquement. Les pancartes resteront dans les maisons. Les slogans ne résonneront pas dans les rues. La colère ne trouvera pas d’exutoire légal. Les citoyens sont condamnés au silence.

 

Cette situation pousse les centrafricains à s’interroger : à quoi sert le droit de manifester s’il n’est jamais accordé ? La Constitution centrafricaine garantit la liberté d’expression et le droit de manifestation pacifique. Mais dans les faits, ces droits n’existent que sur le papier. Dès qu’une manifestation risque de gêner le pouvoir, elle est interdite. Les préfets utilisent leur pouvoir discrétionnaire pour étouffer toute protestation.

 

Les habitants de Bouar comprennent le message du régime. Vous pouvez voter, à condition de voter pour les candidats que nous avons choisis. Vous pouvez vous exprimer, à condition de ne pas critiquer nos décisions. Vous pouvez manifester, à condition que votre manifestation ne dérange personne. Sinon, restez chez vous et taisez-vous.

 

Le Dr Jonas DONON n’est pas le seul perdant dans cette affaire. C’est toute la population de Bouar qui perd. Les citoyens perdent leur droit de choisir librement leur député. Ils perdent leur droit de contester une décision judiciaire manifestement injuste. Ils perdent leur droit de descendre dans la rue pour défendre leurs convictions. Ils perdent leur dignité de citoyens libres.

 

Le préfet Pierre Fils Kenguena-Minang a signé le refus d’autorisation. Mais il n’a fait qu’exécuter des ordres venus d’ailleurs. À Bangui, dans les bureaux du pouvoir, des gens ont décidé que la population de Bouar devait se taire. Ils ont calculé que laisser les manifestants occuper les rues créerait un précédent dangereux. D’autres villes pourraient suivre. D’autres candidats invalidés pourraient bénéficier du soutien populaire. Il fallait couper court.

 

Par Arsène Maleyombo….

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