La destruction des trois résidences de la maire de Zemio expose l’effondrement de l’État et la montée de la haine dans la ville

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La destruction des trois résidences de la maire de Zemio expose l’effondrement de l’État et la montée de la haine dans la ville

 

La destruction des trois résidences de la maire de Zemio expose l’effondrement de l’État et la montée de la haine dans la ville
Madame la maire de Zémio, Rosalie Nawira

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Ce jeudi 3 avril 2025, la destruction des trois résidences de madame la maire de Zemio par des miliciens Azandés et une foule déchaînée marque la fin de l’illusion d’un État centrafricain stable vantée par le gouvernement.

 

En effet, la ville de Zémio, dans la préfecture du Haut-Mbomou, a basculé dans une vaste violence aveugle. Trois habitations appartenant à la maire de la commune ont été saccagées, pillées et incendiées par des miliciens Azandé, soutenus par une foule de civils en colère. Cet acte, qui dépasse le simple vandalisme capricieux, dévoile l’échec retentissant du gouvernement centrafricain et de ses alliés, les mercenaires russes du groupe Wagner, à maintenir un semblant d’ordre. La maire, désormais sous escorte, est forcée de quitter la ville pour être relocalisée à Bangui, abandonnant une population livrée à elle-même et à la fureur des milices.

 

Il y’a lieu de noter que ces habitations détruites n’étaient pas de simples maisons. Elles incarnaient un lieu de vie et d’accueil, prisé même par des membres du gouvernement ou certains membres de délégations officielles venues de Bangui ou d’ailleurs qui y séjournaient pour leur confort et leur caractère soigné. La maire y possédait également trois motos, toutes volées dans le pillage, ainsi qu’une boutique attenante, elle aussi réduite en cendres. Mais la destruction ne s’arrête pas là. Lors d’une réunion tendue organisée jeudi 3 avril avec les mercenaires russes du groupe Wagner, les miliciens Azandés et une partie de la population ont proféré des menaces claires : dans les prochains jours, ils comptent s’attaquer à la mosquée centrale de Zémio et aux boutiques des musulmans et des autres communautés non Zandé. Une promesse de chaos qui résonne comme un ultimatum.

 

Rappelons le, l’élément déclencheur de cette flambée de violence ? L’arrestation le 2 avril d’un milicien Azandé, soupçonné de participer à l’assassinat des deux jeunes Peuls de 20 et 22 ans le 15 mars dernier, puis d’un casque bleu de la Minusca à 20 kilomètres de Zemio sur la route de Rafaï. Le milicien Azandé, nommé Balle, a été capturé par les mercenaires russes.

 

Rappelons que les mercenaires russes, présents dans la ville de Zemio depuis mai 2024, avaient formé et armé des centaines de miliciens Azandé à Obo pour reprendre des villes comme Mboki, Rafaï, Djéma et Zémio aux rebelles de l’UPC. Mais une fois ces objectifs atteints, les miliciens, loin de se ranger sous l’autorité de l’État, ont viré à la sauvagerie. Pourtant, le gouvernement, dans une tentative maladroite de masquer la vérité, avait clamé que ces hommes étaient intégrés à l’armée nationale. Les faits prouvent le contraire aujourd’hui : ils tuent, volent et sèment la terreur, au point que même leurs formateurs russes semblent dépassés.

 

Cependant, 24 heures après l’arrestation du milicien Balle, son transfèrement  vers Bangui par hélicoptère, le jeudi 3 avril dernier, a mis le feu aux poudres. La foule, massée à l’aérodrome pour empêcher son départ, a été repoussée par des tirs des mercenaires russes et des soldats FACA. Frustrée, elle s’est alors retournée contre les biens de la maire, perçue comme le dernier rempart de l’autorité étatique. Les trois habitations, la boutique, les motos : tout a été détruit dans une rage collective qui traduit un rejet total de l’État et de ses représentants.

 

Mais le plus inquiétant est ailleurs. Lors de la réunion de ce jeudi, la population et les miliciens Azandés ont été catégoriques : ils ne veulent plus voir ni les mercenaires russes de Wagner, ni les soldats FACA, ni les gendarmes, ni les policiers à Zémio. Une déclaration ferme, presque une déclaration d’indépendance, qui montre à quel point l’autorité centrale a perdu pied. Ces mêmes miliciens, appuyés par des civils, ne se contentent plus de défier l’État : ils veulent purger la ville de toute présence extérieure, qu’elle soit militaire, policière ou ethnique. Les menaces contre la mosquée et les commerces des musulmans annoncent une escalade vers une violence ciblée, aux relents communautaires.

 

La maire, elle, paie le prix de cette déroute. Seule figure à avoir tenté de maintenir un dialogue entre les Zandés, les musulmans et les autres communautés, elle est aujourd’hui abandonnée par un gouvernement incapable de la protéger.

 

Que dire du gouvernement centrafricain ? Englouti dans ses propres mensonges, il assiste, impuissant, à la désintégration de son autorité. Les miliciens Azandés, qu’il présente comme des soldats, agissent en criminels, pillant et menaçant la coexistence fragile des communautés. Les mercenaires russes de Wagner, censés être des alliés, ont créé un monstre qu’ils ne maîtrisent plus. Quant à Zémio, la ville sombre dans une anarchie où la haine prend le pas sur la raison….

 

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