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La BIR, un copier-coller de bataillon EBA sous Kolingba : 40 ans après, une nouvelle Brigade ethnique en Centrafrique voit le jour.

La BIR, un copier-coller de bataillon EBA sous Kolingba : 40 ans après, une nouvelle Brigade ethnique en Centrafrique voit le jour. 

 

 

Le lancement, 7 février 2023, de la nouvelle brigade de Touadera dénommée Brigade d'Intervention Rapide (BIR) à Bangui par Touadera
Le lancement, 7 février 2023, de la nouvelle brigade de Touadera dénommée Brigade d’Intervention Rapide (BIR) à Bangui par Touadera

 

Bangui, 15 février 2024 (CNC) – Dans une étrange répétition de l’histoire fou, les Centrafricains assistent, avec effarement, à la création d’une Brigade d’Intervention Rapide (BIR), exclusivement composée de membres de l’ethnie Gbakamandja, initiée par le président putschiste Faustin-Archange Touadéra. Une brigade copiée et collée à l’image de l’Escadron Blindé Autonome (EBA) créé il y a 40 ans par le président André Kolingba, critiqué à l’époque pour sa composition ethnique dominante de Yakoma, etnhie de Kolingba et dissous en 1994 dès l’accession au pouvoir du feu Ange Félix Patassé. 

  

Au cœur de cette controverse, la nouvelle Brigade d’Intervention Rapide (BIR) cristallise les préoccupations des Centrafricains, suscitant des parallèles inquiétants avec le passé et soulevant des questions cruciales sur l’avenir de la stabilité nationale. 

  

La création de la BIR par Faustin Archange Touadera, exclusivement composée en majorité des membres de l’ethnie de sa mère, Gbakamandja et de l’ethnie de son père, le peul, résonne curieusement avec l’histoire récente de l’Escadron Blindé Autonome (EBA) formé il y a quatre décennies par le feu président André Kolingba, principalement constitué d’individus de l’ethnie Yakoma. 

  

Les critiques qui avaient alors émaillé la création de l’EBA, accusé de favoritisme ethnique, semblent réapparaître avec la BIR de Touadera. Pour de nombreux Centrafricains, cette unité est perçue comme une extension de la garde présidentielle, une force supplémentaire consolidant la domination d’une ethnie spécifique. 

  

Les préoccupations s’accentuent lorsque l’on considère que la BIR est largement concentrée dans la capitale Bangui avec une apparente préférence pour les missions de sécurité présidentielle plutôt que de répondre aux défis plus urgents dans les provinces. Les appels des citoyens se multiplient pour que cette unité ethnique se déploie efficacement dans tout le pays, particulièrement dans les zones rurales où les groupes armés continuent de menacer la stabilité et qu’elle soit ouverte à toutes les ethnies dans le pays. 

  

Une critique majeure concerne la formation exclusive des éléments de la BIR à l’étranger, souvent perçue comme un investissement inapproprié dans des compétences est largement remises en cause et fortement favorisée pour cette unité ethnique. Les Centrafricains expriment un besoin pressant de voir cette unité dirigée vers les zones de conflit, pour répondre directement aux défis sécuritaires du pays. 

  

Les doutes quant à la véritable mission de la BIR alimentent également les discussions. Est-ce une force destinée à assurer la sécurité du président ? ou une unité prête à affronter les troubles qui sévissent au-delà des frontières de la capitale ? 

  

Dans ce contexte, les attentes du peuple centrafricain sont claires : une unité militaire efficace, capable de faire face aux menaces réelles dans tout le pays, plutôt qu’une force perçue comme le prolongement d’une garde présidentielle ethniquement orientée. 

  

Le défi pour le président putschiste Touadéra réside dans la gestion de cette nouvelle unité militaire, en garantissant que la BIR, loin d’être une force exclusivement centrée sur l’ethnie Gbakamandja, devienne un véritable rempart contre les instabilités intérieures. La transparence sur les missions futures de la BIR, son déploiement équitable sur le territoire national, et une réelle adaptation aux besoins de sécurité du pays sont autant de critères qui définiront son rôle dans l’édification d’une nation centrafricaine unifiée et stable et non dirigée contre les opposants politiques. 

  

Ainsi, alors que le pays aspire à une armée nationale multi-ethnique et professionnelle, le retour à des unités basées sur l’ethnie soulève des doutes quant à la vision politique actuelle. La Centrafrique se trouve à un carrefour où des décisions cruciales devront être prises pour garantir une stabilité durable, loin des ombres du passé. 

 

 

 

Par Alain Nzilo

Directeur de publications

 

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