Être refugiés au Cameroun, c’est être dans une prison à ciel ouvert, où les conditions de vie sont inhumaines

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Être refugiés au Cameroun, c’est être dans une prison à ciel ouvert, où les conditions de vie sont inhumaines

 

Être refugiés au Cameroun, c’est être dans une prison à ciel ouvert, où les conditions de vie sont inhumaines
Des refugiés centrafricains font la queue devant les bureaux administratifs de Garoua-Boulaï au Cameroun, le 8 janvier 2021, où le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) les traitera après avoir fui la RCA

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Au Cameroun, la situation des réfugiés, qu’ils soient centrafricains, tchadiens ou d’autres nationalités, devient de plus en plus insupportable. Ces hommes, femmes et enfants, déjà forcés de fuir leurs pays à cause de conflits, de persécutions ou de violences, se retrouvent aujourd’hui piégés dans un quotidien avec des difficultés écrasantes. Entre l’impossibilité de trouver un travail, les restrictions de mouvement absurdes et l’absence de soutien réel de la part des institutions censées les protéger, comme le HCR, leur vie ressemble davantage à une prison qu’à un refuge. Voici un tableau détaillé, criant de vérité, de ce qu’ils endurent.

 

Le travail : un rêve inaccessible

 

Pour un réfugié au Cameroun, trouver un emploi relève du parcours du combattant. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) leur délivre un document officiel attestant de leur statut. Sur le papier, ce bout de papier devrait leur ouvrir des portes, leur permettre de subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille. Mais dans la réalité, c’est tout le contraire. Dès qu’un réfugié présente ce document à un employeur potentiel, il est presque systématiquement rejeté. Pourquoi ? Parce que ce statut de réfugié, au lieu d’être une protection, devient un stigmate. Les employeurs, par méfiance ou par ignorance, préfèrent ne pas s’embarrasser.

 

Imaginez un père de famille qui veut simplement nourrir ses enfants, ou une mère célibataire qui cherche à payer un loyer. Sans travail, ces réfugiés n’ont aucun moyen de s’en sortir. Le HCR, censé être leur bouée de sauvetage, ne leur offre pas grand-chose de plus que ce document. Pas d’aide financière régulière, pas de programmes concrets pour les intégrer dans le marché du travail. Les besoins de base – manger, se loger, se soigner – restent un luxe hors de portée. Les frais de scolarité pour les enfants ? Une chimère. Une visite chez le médecin ? Un privilège réservé à ceux qui, par miracle, ont encore quelques économies. Cette absence de soutien transforme leur quotidien en une lutte permanente, où chaque jour est une question de survie.

 

Une liberté de mouvement réduite à néant

 

Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là. Les réfugiés au Cameroun ne sont même pas libres de se déplacer comme ils le souhaitent. Prenons un exemple concret : la distance entre Yaoundé et Douala, deux grandes villes du pays, est d’environ 240 kilomètres. Pour un Camerounais ordinaire, aller d’une ville à l’autre est une simple formalité. Pour un réfugié, c’est une mission impossible. Le document qui leur est remis par le HCR semble avoir une portée géographique limitée, comme s’il était valable uniquement dans la ville où ils ont été enregistrés. Si un réfugié de Yaoundé veut tenter sa chance à Douala, ou vice versa, il risque de se heurter à un mur.

 

Aux checkpoints tenus par les forces de l’ordre, le scénario est toujours le même. Les policiers ou gendarmes regardent le papier, froncent les sourcils et lâchent : « Tu es réfugié, tu n’as pas le droit de bouger. Reste où tu es ». C’est une aberration totale. On dirait un document régional, une sorte de laissez-passer qui cloisonne les réfugiés dans des zones précises, comme des animaux en cage. Mais où a-t-on vu ça ? Même dans des pays réputés pour leurs restrictions, comme la Chine, on ne limite pas les déplacements internes avec une telle rigidité. Au Cameroun, cette pratique n’a aucun sens. Si un réfugié ne trouve pas de travail à Douala, pourquoi ne pourrait-il pas aller vendre quelques marchandises à Yaoundé ou ailleurs ? Pourquoi lui bloquer la route ?

 

Cette situation pousse à s’interroger. Est-ce de l’ignorance de la part des forces de l’ordre, qui ne comprennent pas la portée des documents des réfugiés ? Est-ce une volonté délibérée des autorités de compliquer leur vie ? Ou alors, est-ce que personne ne prend la peine de former les agents pour qu’ils appliquent correctement les règles internationales ? Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : les réfugiés sont coincés, privés d’une liberté fondamentale.

 

Le casse-tête des documents de voyage

 

Et puis, il y a la question des documents de voyage, un problème encore plus grave. Un réfugié qui veut quitter le Cameroun – que ce soit pour rejoindre un pays voisin comme le Tchad, le Nigeria ou le Bénin, ou pour saisir une opportunité ailleurs,  se retrouve face à un mur infranchissable. Le HCR, censé faciliter ce genre de démarches, ne délivre pratiquement jamais ces précieux sésames. Quand un réfugié fait une demande, les réponses sont floues : « C’est réservé aux étudiants », dit-on parfois. Mais même les étudiants, lorsqu’ils insistent, se voient opposer un refus, souvent accompagné d’excuses comme « On n’a pas de stock » ou « Il faut plus de justificatifs ».

 

Pour mieux comprendre, et selon les règles internationales, notamment la Convention de 1951 sur les réfugiés, tout réfugié reconnu a le droit de recevoir un document de voyage (appelé « titre de voyage pour réfugié ») pour faciliter ses déplacements transfrontaliers. Au Cameroun, cette responsabilité incombe en partie au HCR, qui travaille avec les autorités locales pour délivrer ces documents. Mais dans la pratique, ça coince. Les sites officiels du HCR mentionnent que ce titre doit être accessible à tous les réfugiés, sans discrimination, pour des raisons professionnelles, éducatives ou personnelles. Pourtant, au Cameroun, rien ne semble fonctionner. Les autorités camerounaises, qui doivent valider ces demandes, brillent par leur inaction. Résultat : pas de papier, pas de voyage, pas d’espoir.

 

Imaginez un footballeur réfugié qui décroche un contrat pour jouer dans une équipe à l’étranger. Ou un journaliste invité à un séminaire régional. Sans document de voyage, ces opportunités s’évaporent. Les étudiants, eux, galèrent tout autant : même avec une admission dans une université hors du pays, ils restent bloqués. Cette bureaucratie absurde tue les rêves et condamne les réfugiés à l’immobilisme.

 

Une stratégie pour les pousser à partir ?

 

Derrière ces obstacles, une question dérangeante se pose : et si tout cela était voulu ? Les conditions de vie des réfugiés au Cameroun sont tellement dures qu’on pourrait presque y voir une tactique pour les forcer à rentrer chez eux. Pas d’emploi, pas de liberté, pas de soutien – à quoi bon rester ? Pour quelqu’un qui a fui la guerre ou la persécution, retourner dans son pays d’origine peut signifier la mort. Mais ici, on dirait que le système les y pousse, en leur rendant la vie insupportable.

 

Le HCR, qui devrait être leur bouclier, les abandonne à leur sort. Les Nations unies financent cet organisme pour protéger les réfugiés, pas pour les laisser croupir dans des limbes administratifs. Le Cameroun, de son côté, affiche une volonté d’accueil,  ce qui est louable,  mais ne respecte pas les engagements internationaux. Ce n’est pas l’argent du Cameroun qui paye pour ces réfugiés, après tout ; c’est celui de la communauté internationale. Alors pourquoi tant de blocages ?

 

Plonger dans la criminalité ou non ?

 

Privés de perspectives, certains réfugiés sombrent. Les jeunes, en particulier, se retrouvent dans une situation désespérée. Sans travail ni moyens de subsistance, quelques-uns finissent par basculer dans des activités illégales : banditisme, petits trafics,  juste pour manger. Ceux qui refusent de céder à cette tentation vivent dans une misère silencieuse, réduits à mendier ou à compter sur la charité. Être réfugié, dans ces conditions, c’est perdre toute dignité. On les traite comme des moins-que-rien, des indésirables qu’on tolère à peine.

 

Pourtant, la roue tourne. Les crises qui frappent aujourd’hui la Centrafrique ou le Tchad peuvent toucher le Cameroun demain. Personne n’est à l’abri. Alors pourquoi infliger autant de souffrances à ceux qui cherchent simplement un refuge ?

 

Le Cameroun doit revoir ses copies

 

Il est temps que le Cameroun revoie sa façon d’accueillir les réfugiés. Les autorités doivent clarifier les règles, former les forces de l’ordre et délivrer les documents nécessaires – notamment les titres de voyage – sans inventer des excuses. Le HCR, de son côté, doit arrêter de se cacher derrière des procédures floues et suivre les réfugiés de près, les épauler vraiment dans leurs démarches. Forcer les gens à rentrer chez eux en leur rendant la vie impossible, ce n’est pas une solution. C’est une trahison.

 

Les réfugiés ne demandent pas la lune. Ils veulent juste une chance de vivre, de travailler, de bouger librement. Au Cameroun, on leur refuse même ça. Combien de temps encore devront-ils supporter cet enfer ?

 

Par Alain Nzilo….

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