mardi, décembre 17, 2024
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En Centrafrique, fin du dialogue national sans avancées concrètes

Texte par: Lalibre.be
Publié par: Corbeaunews Centrafrique

Le 15 mars, le président Touadéra avait annoncé à la surprise générale que le « Dialogue républicain » avec l’opposition et la société civile aurait lieu à partir du 21 mars, mais sur un programme et des objectifs restés très vagues.

Cette semaine de discussions, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale à Bangui, s’est tenue parfois dans des conditions houleuses, notamment lorsque des représentants de la société civile ont menacé de se retirer quand une modification de la Constitution pour permettre au chef de l’État de se présenter à un troisième mandat a été évoquée, avant d’être finalement retirée.

« J’ai utilisé le dialogue comme seule voix de la paix et de la réconciliation nationale », a déclaré lors de la cérémonie de clôture de ces assises le président Touadéra, devant environ 700 participants, assurant que le dialogue de réconciliation nationale a « atteint son objectif ».

« Dans un élan de solidarité sans précédent, vous avez résisté aux manipulations et aux gesticulations diaboliques des éternels contestataires », a-t-il poursuivi, visant l’opposition qui a boycotté le dialogue.

Lors de cette cérémonie, le président du dialogue, Richard Filkota, a annoncé que 600 recommandations avaient été formulées.

Il n’a cependant égrené qu’une partie de ces propositions, comme la mise en place d’un impôt pour le budget de l’armée, ou encore la fin de l’embargo sur les armes à feu réclamée depuis de nombreuses années par Bangui. Cet embargo avait été imposé par l’ONU en 2013, après qu’une coalition de groupes armés avait renversé le régime du président François Bozizé et plongé le pays dans la guerre civile.

« Le président a toujours dit qu’il ramènerait la paix dans ce pays avec le dialogue, toutes les recommandations sont essentielles », a affirmé à l’AFP Albert Yaloké Mokpeme, porte-parole de la présidence.

– » Ni le temps ni l’argent » –

« Il faut qu’on applique ces conclusions pour que l’on puisse s’en sortir, et ce dialogue est une demi-victoire, même si nous aurions souhaité que les groupes armés soient là parce qu’ils sont à l’origine de nos problèmes », a affirmé un membre de la société civile, Bruno Gbiebga, avocat et militant des droits humains.

Mais « les recommandations ne seront pas mises en oeuvre », prévient déjà Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Même si le gouvernement voulait les mettre en oeuvre, il n’en aurait ni le temps ni l’argent ».

L’opposition et plusieurs experts de la région avaient déjà critiqué un dialogue de réconciliation sans les principaux rivaux politiques ni ennemis armés du régime, estimant qu’il ne pourrait déboucher sur aucune avancée concrète en dehors de la promesse vague d’une « feuille de route » destinée à mieux intégrer l’opposition et la société civile dans la gouvernance du deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU.

Touadéra avait promis à la communauté internationale ce dialogue de réconciliation au lendemain de sa réélection, fin décembre 2020, avec 53,16% des suffrages mais alors que moins d’un électeur sur trois avait eu la possibilité d’aller voter en raison de l’insécurité. Depuis, comme après son élection en 2016, quand la guerre civile entamée en 2013 avait commencé à se faire moins meurtrière, le chef de l’État et son Mouvement Coeurs Unis (MCU) règnent sans partage au gouvernement comme au Parlement, grâce à l’appoint de petits partis satellites.

Lors de la présidentielle, Bangui était menacée par une offensive de plusieurs des groupes armés occupant alors deux tiers du territoire. M. Touadéra avait appelé Moscou à l’aide et des centaines de paramilitaires russes étaient venus s’ajouter à ceux présents depuis 2018, à la rescousse d’une armée démunie.

Ces « instructeurs non armés » selon Moscou, « mercenaires » de la société privée de sécurité russe Wagner selon l’ONU, ont, depuis, facilement repoussé les groupes armés de la majorité des villes et territoires qu’ils occupaient. Non sans être accusés par l’ONU et la France de commettre – tout comme les groupes armés et rebelles – des « crimes de guerre », et d’avoir fait main basse sur les ressources du pays.

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