Publié par: Corbeau News Centrafrique.
Il y’a des acteurs qui ne devraient plus briller par des absences sur la scène politique centrafricaine à l’heure où la mobilisation oblige tous les leaders à se solidariser pour sauver la RCA. Toutes les organisations politiques en activité à Bangui s’organisent et montent au front pour préparer des élections prochaines. Mais l’union des démocrates pour le renouveau panafricain (UDRP) n’est plus visible et son leader est dans la nature. Il était temps que François Bozizé, Michel Djotodia et Cathérine Samba Panza retrouvent les traces de l’économiste Likiti Benoît.
RCA – 19 septembre 2003, en plein atelier pendant le dialogue national, la fièvre montait contre la classe politique vieillissante. Les jeunes délégués centrafricains au Dialogue national de réconciliation, qui se tenait à Bangui, tapaient sans ménagement sur les amortis politiciens dont les guerres de chefs avaient conduit le pays à la banqueroute. On pouvait remarquer, présents parmi la jeune garde centrafricaine qui fustigeaient les mêmes dirigeants qui, depuis des décennies, avaient dévoyé le pouvoir en une “mangeocratie” meurtrière et prédatrice, Azouroute Joseph Cléopas, président de l’Association des chômeurs centrafricains, Crépin Mboli-Goumba, 32 ans au moment fraîchement rentré des Etats-Unis et quelques membres de la diaspora venue de France.
Dans la salle de l’hémicycle de l’Assemblée nationale centrafricaine, l’ambiance était électrique ; les choses se divisaient en deux y compris les acteurs. Ceux qui avaient échoué et ceux qui veulent maintenant diriger devraient se réunir et trouver un terrain d’entente si les objectifs recherchés par le dialogue national devraient trouver des solutions pour relancer la République Centrafricaine.
L’empêcheur de tourner en rond était quelque part mais silencieux. Benoit Likiti, puisqu’il s’agissait de lui, chef d’un parti centriste, l’UDRP, déjà vieux routier de la politique centrafricaine, à l’occasion n’avait pas ménagé le langage tant l’évidence est claire comme l’eau de source : les éternels rivaux de la vie politique nationale comme Abel Goumba ou les ex-présidents André Kolingba, David Dacko et Patassé – tous vivants à l’époque – n’avaient pas préparé la relève. “Il n’y a pas d’héritage, pas de succession”, constatait le loup politique. Ils voulaient manger jusqu’à la mort, et après eux le déluge” avait-il ajouté.
Mais de là l’eau a énormément coulé sous le pont. Le temps est passé ; il y’a eu des faits et d’hommes en politique centrafricaine qui ont marqué l’histoire, qui font l’actualité dans ce grand pays riche de ressources naturelles, pauvres de populations et, qui vit un drame humanitaire des plus importants de la sous-région Afrique Centrale faute d’un réel management de l’Etat.
« La politique est un spectacle génial à regarder surtout depuis les coulisses. » disait Franz-Olivier Giesbert, journaliste à Le Point. Dans les parvis des lieux où la politique centrafricaine fait et défait ses hommes, la mauvaise surprise est celle de retrouver au même pouvoir un même homme-sans fard-tout le temps. Exactement comme il ne se passe pas ailleurs sur le continent. Dans les coulisses de la politique centrafricaine s’il manque des meurtres et assassinats proprement dits dans le sens des termes, tout le spectacle se passe pour éloigner qui peut être gênant pour le pouvoir. Il faudra bien qu’un jour que l’on se définisse sans usurpation quel qu’il soit, c’est à dire président, ministre, député, simple conseiller municipal ou citoyen lambda.
LA COMPETENCE EN POLITIQUE
‘’L’homme politique doit vivre dans le réel, c’est à dire qu’il doit connaître et se soucier vraiment de tous les problèmes majeurs de toutes les classes sociales. Il doit régler les problèmes présents rapidement tout en se projetant dans le futur pour éviter leur retour.’’ Ecrivait Desmond Tutu à un certain Jacob Zuma suite aux massacres de Maricana en août 2012. Le standard d’homme politique ne change nulle part dans aucun pays au monde. Un homme politique idéal va être celui que le peuple voudra maintenir au pouvoir – quand bien même que c’est contraire à la Constitution. Mais un homme politique est celui-là même qui doit conserver et développer la cité pour le bien de tous. Il doit être capable de gérer, d’organiser les affaires publiques avec l’aide d’autres personnes d’avis différents. La compétence en politique est la capacité à gouverner, à déployer la bonne pratique dans les affaires de la cité. L’homme politique doit, pour cela, se tenir au courant des besoins de la population. Les idées afin de rendre la cité meilleure ne suffisent pas. Il doit être capable de les mettre en pratique.
L’homme politique, s’il est compétent doit être sage, prudent et réaliste car il est chargé de mettre en accord des personnes d’avis différents. Il doit faire preuve d’intelligence afin de gérer convenablement les affaires publiques, d’où la sagesse et la prudence. Les politiciens sont chargés de mettre en place le meilleur régime possible pour la population concernée. Pour cela des lois sont remises en cause et d’autres sont créées dans le but d’améliorer le quotidien des citoyens. Ils discutent également sur les désaccords au sein du parlement, du conseil municipal. Chacun doit savoir tenir compte de l’avis de l’autre pour ne pas léser toutes les personnes qui pensent comme ce dernier. La connaissance de l’avis de chacun est primordiale dans les discussions politiques puisqu’il faut savoir trouver les arguments qui vont convaincre les autres, tenir compte des objections, trouver un compromis.
Enfin, il doit faire preuve de justice. Le droit, la justice et la république sont imbriqués. L’un ne va pas sans l’autre. Ajoutons à cela la légitimité car, sans celle-ci, le pouvoir ne pourrait être appliqué dans de bonnes conditions. Les discussions aboutissent à des lois et ces dernières doivent être appliquées et surtout acceptées : c’est la légitimité. Au final, l’homme politique tient son mandat de ses réussites. S’il échoue, il est écarté.
Benoît Likitié, il s’agit toujours de lui, est bel et bien absent de la République Centrafricaine pour des raisons que l’opinion publique ignore. Le pouvoir de Bangui qui l’a éloigné de sa terre natale pour des raisons professionnelles ne semble plus contrôler l’existence de l’homme politique, économiste de profession. La question qui mérite d’être posée est celle de savoir, Benoît Likiti s’il est encore en vie, comment pourra-t-il s’occuper du développement de son pays à travers ses activités politiques s’il continue de séjourner contre son gré hors de son pays ? Il faudra bien qu’un jour l’actuel pouvoir de Bangui se prononce sur son cas.
Hounsou Philémon