Dans l’ombre de Caritas-Centrafrique : Le combat d’un consultant centrafricain impayé après une expertise
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Une enquête majeure sur la sécurité alimentaire vient d’être menée dans quatre sous-préfectures de la République centrafricaine : Ndjoukou, Kouango, Alindao et Mobaye, situées le long du fleuve Oubangui. Cette initiative s’inscrit dans un projet plus vaste de Caritas Centrafrique, soutenu par le ministère allemand BMZ, visant à renforcer la résilience des populations déplacées. Or, si l’étude menée par un consultant centrafricain présente un intérêt majeur, les conditions de sa réalisation pose de sérieuses questions éthiques.
L’étude, réalisée entre août et septembre 2024, examine plusieurs aspects importants : l’accès à la nourriture, les soins de santé primaires, et les conditions d’hygiène des ménages dans ces régions particulièrement touchées par les déplacements internes.
Ce travail de terrain approfondi permet de comprendre les réalités quotidiennes des familles centrafricaines dans ces zones souvent oubliées. Les données collectées serviront à orienter les futures actions humanitaires dans la région. Toutefois, des questions se posent sur les conditions de réalisation de cette enquête.
En effet, au cœur de cette histoire, un consultant centrafricain qui accepte, en juillet 2024, cette mission d’évaluation de l’ONG catholique Caritas-Centrafrique intitulé : » « Rapport d’enquête de collectes des données sur les indicateurs du volet Sécurité Alimentaire, auprès des ménages assistés dans les sous-préfectures de : Ndjoukou, Kouango, Alindao et Mobaye”. Cependant, une fois le rapport remis par le consultant centrafricain à l’ONG Caritas-Centrafrique, le scénario bascule. Sur les 400.000 FCFA promis au consultant, seuls 105.000 FCFA sont versés. Les responsables du projet deviennent subitement injoignables. Emmanuel, le coordinateur congolais, et son assistant centrafricain ignorent appels et emails.
Plus inquiétant dans cette histoire, le recrutement s’est fait sans contrat formel, uniquement par échanges de courriels.
“La nécessité d’avoir un peu d’argent pour nourrir ma famille m’a forcé la main”, explique le consultant interrogé par la rédaction du CNC. Sans contrat formel, avec pour seules garanties des échanges par email, il s’engage dans cette mission importante pour les populations de ces quatre sous-préfectures.
Le travail est minutieux : questionnaires encodés sur Kobo Collect, visites sur le terrain, analyse des données, rédaction du rapport final. L’étude examine la situation des familles déplacées, leur accès à la nourriture, aux soins de santé et à l’eau potable.
Cette situation, qui se déroule sous l’égide de Caritas Centrafrique, pose question sur la gestion des fonds destinés aux projets humanitaires. Le projet lui-même vise pourtant un objectif noble : renforcer la résilience des personnes déplacées à travers la sécurité alimentaire, les soins de santé et l’accès à l’eau.
Le paradoxe est frappant : alors que l’étude cherche à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables, les pratiques de gestion du projet semblent elles-mêmes créer de nouvelles victimes parmi les professionnels centrafricains.
Dans les villages bordant l’Oubangui, les familles attendent toujours les bénéfices de cette étude. Les données collectées, fruit d’un travail consciencieux, dorment quelque part dans les serveurs de l’organisation. Pendant ce temps, un expert centrafricain compte ses pertes avec des larmes aux yeux.
Cette affaire pose des questions sur la gestion des fonds humanitaires. Comment des bailleurs internationaux comme le BMZ peuvent-ils garantir que leur argent sert véritablement les populations ciblées ? Quelle protection pour les experts centrafricains , chevilles ouvrières de ces projets ?
Les pistes de recours existent. Le consultant pourrait contacter directement le siège de Caritas ou alerter le BMZ. Les preuves ne manquent pas : emails, rapports, données d’enquête. Mais dans un pays où les structures juridiques restent fragiles, le combat s’annonce difficile.
Cette histoire dépasse le cas individuel. Elle démontre les dysfonctionnements d’un système où l’urgence humanitaire sert parfois de paravent à des pratiques douteuses. Les vraies victimes ? Les populations vulnérables qui attendent une aide, et les professionnels locaux qui risquent leur temps et leur argent pour la leur apporter.
Dans les sous-préfectures de Ndjoukou, Kouango, Alindao et Mobaye, la vie continue. Les familles déplacées luttent quotidiennement pour leur survie, ignorant les tractations qui se jouent autour de leur sort. Pendant ce temps, un consultant attend toujours son dû, témoignage vivant des zones grises de l’aide humanitaire en Centrafrique.
Que faut-il espérer de cette situation ? Peut-être qu’elle servira d’alarme, poussant les organisations humanitaires à revoir leurs pratiques et à mieux protéger ceux qui travaillent sur le terrain. En attendant, les documents de l’enquête témoignent silencieusement d’une mission accomplie, mais d’une promesse non tenue.
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