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Crise en Centrafrique : comment le président angolais Lourenço reprend la médiation en Centrafrique

Faustin-Archange Touadéra et João Lourenço à Luanda, le 30 janvier
Faustin-Archange Touadéra et João Lourenço à Luanda, le 30 janvier 2021.

 

Bangui, République centrafricaine, mercredi, 3 février 2021, 15 :00:04:47 (Corbeaunews-Centrafrique). La Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) doit, dans une semaine, tenir un nouveau mini-sommet sur la crise centrafricaine. Celui-ci aura lieu à Luanda, tout comme le premier volet, qui s’est tenu le 29 janvier. Ces dernières semaines, l’Angola a en effet repris la main dans le dossier de la crise centrafricaine.

 

Selon nos informations, c’est un trio qui est aujourd’hui à la manœuvre côté angolais pour tenter de mettre en place un canal de discussions entre les différents acteurs à Bangui : le président Joâo Lourenço, le ministre des Affaires étrangères Antonio Téte (qui s’est rendu à Bangui puis à N’Djamena), et le président de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale Gilberto Da Piedade Verissimo.

Touadéra se méfie des francophones

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra (FAT) avait refusé de participer à une médiation qui serait menée par des francophones. Selon nos sources, il cherchait à éviter une implication du Congolais Denis

Sassou Nguesso, qu’il juge trop proche de son opposition, et du Tchadien Idriss Déby Itno, avec qui il ne s’entend guère. Les deux chefs d’État sont par ailleurs occupés à assurer leur probable prochaine réélection.

En décembre, Denis Sassou Nguesso, qui travaille toujours en étroite relation avec son homologue angolais (les deux hommes se sont encore vus en tête à tête le 29 janvier), a pourtant exclu François Bozizé, aujourd’hui opposant à Touadéra, de la Grande loge du Congo, dont celui-ci était membre. Mais la méfiance de FAT ne s’est pas tout à fait estompée.

Soutenu par la Russie, le président centrafricain continue par ailleurs de se méfier de l’influence de la France dans un éventuel dialogue. Côté francophone, seul Félix Tshisekedi pourrait jouer un rôle, dès lors qu’il aura pris la présidence de l’Union africaine début février. Le président de RD Congo est toutefois occupé sur le plan intérieur puisqu’il tente de se forger une nouvelle majorité.

« L’Angola apparaît comme étant naturellement la plus outillée politiquement, diplomatiquement et militairement pour aider à atteindre un compromis », estime une source très au fait des préparatifs de la médiation contactée par Jeune Afrique. Solide sur le plan militaire, proche du Portugal, qui dispose de troupes au sein de la mission de l’ONU en Centrafrique, Luanda a l’avantage de conserver de bonnes relations avec Paris et Moscou et est également en bons termes avec Washington et Pékin, essentiels au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

François Bozizé fixe ses conditions

Selon nos informations, des liens ont déjà été noués entre les négociateurs angolais et l’un des potentiels participants à un dialogue centrafricain : François Bozizé. Contacté via Jean-Eudes Teya, le secrétaire général du Kwa na Kwa (KNK, son parti), l’ancien président n’a pas fermé la porte à une participation à des discussions. Mais il demande à ce que certaines conditions soient remplies et à ce que sa sécurité soit garantie. Accusé de rébellion et recherché par les autorités centrafricaines, Bozizé estime aujourd’hui que sa vie est menacée.

Toutefois, l’ex-chef d’État devenu opposant reste en contact avec les leaders de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dont Noureddine Adam et Ali Darassa. La coalition, dont Jean-Eudes Teya est également proche, espère imposer sa présence au cours d’éventuels pourparlers. Si certains diplomates sont réticents à l’accepter, Joâo Lourenço et Denis Sassou Nguesso estiment pour leur part qu’une participation de la CPC est indispensable.

 

La CPC, qui rassemble les principaux groupes armés centrafricains, a proposé ces dernières semaines à François Bozizé de prendre la tête de son mouvement sur le plan politique. Selon nos sources, l’ex-chef d’État n’est cependant pas encore décidé à « prendre le leadership ». Entouré d’une poignée de gardes du corps et déterminé à rester en Centrafrique, le patron du KNK reste dans « l’attentisme », d’après l’un de ses proches.

 

Jeune Afrique

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