Crise du Ciment en Centrafrique : Le ministre Akoloza pris au piège de ses propres agents

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Crise du Ciment en Centrafrique : Le ministre Akoloza pris au piège de ses propres agents

 

Crise du Ciment en Centrafrique : Le ministre Akoloza pris au piège de ses propres agents
Thierry Patrick Akoloza

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

La crise du ciment en Centrafrique pousse  le ministre Akoloza à menacer les commerçants tout en fermant les yeux sur les rackets douaniers.

 

Le prix du ciment en Centrafrique dépasse aujourd’hui 14 000 FCFA le sac, soit 35% de plus que le tarif officiel de 10 500 FCFA fixé par le ministère du Commerce. Cette situation place le ministre Thierry Patrice Akoloza dans une position délicate : comment exiger des importateurs qu’ils respectent un prix alors que ses propres services multiplient les prélèvements illégaux qui rendent ce tarif intenable ?

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Transporter un conteneur de ciment du port de Douala à Bangui coûte désormais 160 000 FCFA, auxquels s’ajoutent 25 000 FCFA d’escorte par camion. Mais le véritable poison réside dans les “contributions” informelles exigées à chaque poste de contrôle. Entre la frontière camerounaise et la capitale centrafricaine, un convoi traverse une quinzaine de barrières où douaniers, policiers et militaires imposent leurs propres tarifs. “Hier, ils nous demandaient 5 000 FCFA par camion. Aujourd’hui, c’est 8 000. Demain, ce sera autre chose”, témoigne un transitaire qui opère sur la route Garoua-Boulaï-Bangui.

 

Cette anarchie administrative transforme chaque importation en parcours du combattant. La douane change régulièrement de procédures sans préavis, exige de nouveaux documents ou applique de nouvelles taxes. À Béloko, principal poste frontalier, les délais s’étirent parfois sur plusieurs jours, générant des coûts supplémentaires de stationnement et de gardiennage. Les importateurs dénoncent un système où chaque responsable local dicte ses propres règles, créant une instabilité permanente des coûts.

 

Face à cette réalité, le ministre Akoloza adopte une posture ambiguë. Il convoque régulièrement les professionnels pour les sommer de respecter le prix officiel et brandit la menace de sanctions. Mais il évite soigneusement d’évoquer les pratiques de ses collègues des Finances, de la Défense ou de la Sécurité publique. Cette stratégie permet au gouvernement de donner l’impression qu’il lutte contre la vie chère tout en préservant un système de prédation qui enrichit illégalement une partie de l’administration.

 

“Le ministre fait de la communication politique sur notre dos”, dénonce un importateur établi à Bangui depuis quinze ans. “Il sait parfaitement que nous ne pouvons pas vendre à perte. Mais il préfère nous accuser de spéculation plutôt que de nettoyer sa propre maison”. Cette stratégie de bouc émissaire permet au pouvoir de détourner l’attention des vraies causes de l’inflation tout en maintenant ses réseaux de prélèvement.

 

La Banque centrale ajoute une difficulté supplémentaire en rationnant l’accès aux devises nécessaires pour les importations. Cette restriction ralentit l’approvisionnement, accentue la pénurie et alimente mécaniquement la hausse des prix. Les importateurs se retrouvent ainsi pris en étau entre la rareté des devises, les coûts croissants du transport et l’exigence politique de maintenir des prix bas.

 

Les conséquences dépassent le simple secteur du bâtiment. Dans les quartiers populaires de Bangui, le Ciment en Centrafrique  est devenu inaccessible aux familles modestes qui souhaitent améliorer leur habitat. Les chantiers publics ralentissent, privant de nombreux ouvriers de leurs revenus. “J’ai dû arrêter de construire ma maison faute de moyens. Le ciment coûte plus cher que le riz maintenant”, confie un fonctionnaire du quartier Fatima.

 

Le ministre promet l’installation prochaine d’une cimenterie locale et évoque des partenariats avec des industriels étrangers. Mais ces annonces restent floues et sans calendrier précis. Les professionnels rappellent que des projets similaires ont été évoqués pendant des années sans jamais aboutir. Entre-temps, la population continue de subir une inflation qui pourrait être rapidement jugulée par une simple remise en ordre de l’administration.

 

La solution existe pourtant. Il suffirait d’harmoniser les procédures douanières, de fixer des tarifs transparents et identiques sur tous les postes de contrôle, et de sanctionner les agents qui s’écartent de ces règles. Une telle réforme réduirait immédiatement les coûts d’importation de 20 à 30%, permettant aux commerçants de respecter les prix officiels sans subventionner leurs ventes.

 

Mais cette approche supposerait que le gouvernement accepte de réduire les revenus informels d’une partie de son administration. Un choix politique que le pouvoir semble peu enclin à faire, préférant maintenir le statu quo tout en désignant les commerçants comme responsables d’une situation qu’ils subissent plus qu’ils ne la créent.

 

La crise du Ciment en Centrafrique  révèle ainsi les limites d’une gouvernance qui s’attaque aux effets sans jamais remonter aux causes. Tant que l’État centrafricain n’imposera pas les mêmes règles à tous ses agents, aucune politique de régulation des prix ne pourra fonctionner durablement….

 

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