Crimes contre l’humanité ? à Kouki, la vidéo qui accable l’armée centrafricaine

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans une publication virale du 9 avril 2025, Parfaite Champagne, une activiste centrafricaine, a publié sur son compte Facebook, une vidéo des soldats FACA en train de tabasser des civils, y compris des femmes, dans une brutalité qui pousse à s’interroger sur la dérive criminelle de l’armée centrafricaine….
En effet, c’est une vidéo qui vous choque de plein fouet quand on la regarde, une de celles qu’on n’oublie jamais dans la vie. Dans la nuit du 8 au 9 avril 2025, Parfaite Champagne, une jeune dame centrafricaine connue pour ses directs sur Facebook, diffuse une vidéo qui fait l’effet d’un coup de poing. On y découvre une vingtaine de personnes : des hommes, des femmes, des mères avec leurs bébés qui pleurent à fendre l’âme, jetées au sol, frappées sans relâche par des soldats des Forces armées centrafricaines (FACA). Les bâtons s’abattent, les corps se tordent sous la douleur, les hurlements des victimes se noient dans les cris des enfants laissés seuls dans la poussière. Même Parfaite Champagne, qui a l’habitude de braquer son téléphone sur les vérités de son pays, finit par craquer , la voix brisée par les larmes, bouleversée par ce qu’elle regarde. Des milliers des centrafricains, en Afrique, Europe, Amérique comme dans le pays, partagent son émotion ….
Le contexte de cette barbarie n’est pas anodin. Selon nos vérifications, ces actes se seraient déroulés sur un site minier situé dans la préfecture de Ombella-Mpoko, notamment à Yaloké, sur le chantier minier de Gomio, un lieu où les tensions entre militaires et civils sont devenues monnaie courante. Dans ces zones, les coopératives minières exploitent les rivières pour extraire de l’or, laissant derrière elles des graviers et des sables que les villageois, privés de leurs moyens de subsistance traditionnels, récupèrent pour survivre. Une pratique de désespoir, un ultime recours pour ramasser quelques miettes d’or et nourrir leurs familles. Mais pour les soldats FACA, ces graviers représentent une manne financière qu’ils entendent contrôler. Alors, quand la population s’approche, les militaires frappent. Ils frappent fort, sans distinction, comme pour marquer leur territoire….
En visualisant la vidéo partagée par madame Parfaite Champagne, les séquences donnent toute la mesure de l’horreur : des jeunes femmes, des jeunes hommes, des pères, sont allongés sur le sol d’un site minier, un terrain sablonneux jonché de graviers, entourée des autres soldats qui regardent la scène. Pendant ce temps, un soldat FACA, bien visible dans son uniforme, frappe un par un les victimes, hommes comme femmes avec un bâton, le bras levé pour cogner encore. En arrière-plan, des bulldozers et des camions, rappellent bien qu’on est sur une zone d’exploitation d’or à Yaloké, notamment à Gomio. La scène est brute, presque irréelle dans sa cruauté. Par exemple, une femme à terre, un militaire qui tape, des machines qui stationnent derrière. Ce n’est pas un moment de chaos imprévu, c’est une punition qui a l’air habituel, appliquée avec un calme qui fait froid dans le dos….

Et tout ça, ça ne vient pas de nulle part, ça fait des années que ça dure. Remontons deux ans en arrière, à Bania, une ville minière à 50 kilomètres de Berbérati, dans la préfecture de Mambéré-Kadéï. Le 11 février 2023, un drame éclate sur un site géré par l’entreprise Yobé, et nous avions publié l’incident sur CNC dans un article signé Bertrand Siri, publié le 13 février. Ce jour-là, en pleine après-midi, Des civils se présentent pour ramasser les graviers abandonnés par les bulldozers, suite à un accord existait avec la population : après 15 heures, les habitants pouvaient venir fouiller ces déchets pour chercher de l’or ou des diamants, une activité nécessaire dans une région où il n’y a rien d’autre pour vivre. Mais ce samedi-là, les FACA, qui surveillaient le coin, n’ont pas respecté le deal. Sans un mot, ils ont dégainé leurs fusils et tiré sur les jeunes. L’un prend une balle dans la tête et bascule dans le coma, l’autre est salement amoché. Transportés à l’hôpital de Berbérati, ils laissent derrière eux une foule en furie, prête à s’en prendre au maire de Bania venu jouer les médiateurs. Le chef des soldats refuse de piper mot, et il faut la gendarmerie de Berbérati pour empêcher que la colère explose complètement….
Et ce n’est pas tout! Quelques années plus tard, le 11 janvier 2025, à Gobolo, à 35 kilomètres d’Abba, dans la préfecture de la Nana-Mambéré, , une autre affaire éclabousse les FACA. Un soldat abat son chef de section, en plein jour, pour une dispute sur l’argent des graviers. Il pique l’arme de son supérieur, force un passant à lui filer sa moto et s’enfuit sans que personne l’arrête. Une fois de plus, Corbeau News Centrafrique rapporte ça aussi, et ça montre jusqu’où va la pourriture dans cette armée. Mais la vidéo de Madame Parfaite Champagne, tournée des mois après, enfonce le clou. On y voit une bande de soldats taper en groupe, avec une froideur qui vous glace. Les bébés pleurent, les femmes appellent à l’aide, les hommes grognent sous les coups, et les FACA continuent, comme si c’était normal. À Bania, ils tiraient au fusil , ici, à Gomio, ils frappent au bâton. Même logique, même mépris, même résultat : des vies cassées, une population qui vit la peur au ventre, une armée qui agit comme une bande de voyous….
Et le pouvoir dans tout ça ? Il brille par son absence. Le ministère de la Défense, dirigé par Claude Rameaux Bireau, reste bouche cousue, fidèle à son habitude. À Bania, en 2023, le chef des FACA refusait déjà de répondre ; en 2025, l’état-major fait pareil, les yeux bien fermés. Baba Kongoboro, calfeutré dans son palais à Bangui, laisse la situation pourrir sans broncher. Parce qu’il faut le dire clairement : ces atrocités, ce ne sont pas des dérapages qui arrivent par hasard. Ça fait des années que les zones minières sont le théâtre de ces scènes : Bania, Gobolo, et maintenant ce site de Gomio, filmé, puis partagé sur les réseaux sociaux par Madame Parfaite Champagne. Des gens battus, des jeunes abattus, des familles écrasées par une armée qui n’a plus rien d’une force publique. Le gouvernement sait tout ça, les preuves s’entassent sur son bureau, et pourtant, il ne bouge pas d’un pouce. On dirait qu’il donne carte blanche à ces soldats pour faire la loi comme bon leur semble. Qui les protège ? Les grosses têtes de Bangui, qui se remplissent les poches avec les contrats miniers, ont-elles décidé que le sang des pauvres ne pèse rien face à l’or qu’ils empochent ?

Ces violences qui reviennent sans arrêt, ça pousse à se poser des questions sérieuses. Est-ce qu’on est face à des crimes contre l’humanité ?
En droit international, ça signifie des attaques répétées, organisées, contre des civils, avec une volonté claire derrière. Les faits parlent d’eux-mêmes. À Bania, en 2023, les FACA tiraient sur des jeunes sans prévenir. À Gobolo, en 2025, ils s’entretuaient pour du fric. Et là, dans cette vidéo de Gomio, ils frappent femmes et enfants avec une sauvagerie qui vous retourne l’estomac. Dans les zones minières, ils tapent sans relâche, toujours sur les mêmes : les paysans sans armes, les mères, les gosses. C’est pas une fois de temps en temps, c’est constant, une punition qui tombe comme une loi tacite. Si des enquêteurs indépendants mettaient le nez là-dedans, ils pourraient bien conclure que l’armée centrafricaine n’est plus là pour protéger, mais pour terroriser, un maillon dans une chaîne qui sent le crime contre l’humanité….
C’est une tache sur l’honneur du pays. Ces soldats, qui frappent une femme à terre sur un site minier, qui tirent sur des gamins à Bania, qui s’entretuent à Gobolo, ils ne portent pas juste l’uniforme des FACA : ils incarnent l’échec d’un État qui les laisse faire. Le président, le gouvernement, les généraux, ils sont tous dans le coup. Ne rien dire, ne rien faire, c’est abandonner tout un peuple. À Bania, le maire a essayé de discuter, il a failli y passer ; à Bangui, les chefs se cachent et laissent filer. Combien de vidéos comme celle de Madame Parfaite Champagne faudra-t-il encore ? Combien de gamins dans le coma, de mères en pleurs, de familles brisées avant qu’on mette fin à ce carnage ? La Centrafrique ne peut pas continuer à vivre sous ce régime qui la laisse crever, sous cette armée qui la piétine. Il faut que ça s’arrête, pour les victimes de Bania, de Gobolo, de ce site minier sans nom, pour ce pays qui mérite mieux que cette descente aux enfers….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC