(Corbeau News Centrafrique)
Commentaire : Epilogue d’une mascarade judiciaire (Le Témoin/Dakar)
La sentence de la honte
Bangui, (C.N.C), 03-05-2016
Après sept mois de simulacre de procès, la valetaille nègre au service des maîtres blancs et regroupés dans les Chambres africaines extraordinaires (CAE) (nom dont les méthodes expéditives nous font penser aux chambres à gaz de la période nazie) a rendu le verdict que tout le monde savait avant le début de la mascarade judiciaire. On n’avait pas besoin d’être un prophète pour vaticiner l’épilogue de cette tragi-comédie judiciaire dont l’un de ses acteurs en l’occurrence, le procureur-pantin général des Chambres africaines à gaz (pardon extraordinaires), Mbacké Fall, avait déjà annoncé le ton (Mamadou Oumar Ndiaye en avait fait la révélation dans une édition du Témoin). Hissène Habré, le héros du désert, le libérateur du Tchad, le vainqueur du tout-puissant Kadhafi, l’humiliateur de la France colonialiste de Valery Giscard D’Estaing et de François Mitterrand vient d’être condamné à perpétuité. Les médias français qui distillent la politique colonialiste de la Françafrique jubilent à travers le traitement inique et déséquilibré qu’ils continuent de faire de l’affaire Habré. Seules les images qui relaient les cris de joie factice de soi-victimes de l’alors président tchadien et celles d’archive d’un Habré résistant à la charge des policiers sont diffusées sur France 24. A RFI, on donne la part belle aux caudataires de Déby et larbin de Reed Brody, notamment Souleymane Nguengueng, pour insulter le héros qui s’est battu avec courage et détermination pour que le territoire qu’il habite aujourd’hui se trouve encore sur la carte du monde. Des journalistes sénégalais ont été payés par des ONG financées par Deby pour enfoncer HH avant même que le procès ne débutât. On se rappelle les journalistes sénégalais qui ont été transportés sans vergogne à Ndjamena et payés aux frais de la République du Tchad pour visiter de faux charniers et d’y consacrer des articles qui crucifient Habré.
Et on se gausse faussement et hypocritement en attestant l’idée selon laquelle c’est l’Afrique qui a jugé l’Afrique. Il est de notoriété publique que le juge burkinabè Kam et ses assistants sénégalais ne sont décisionnaires de rien. C’est un procès par procuration dont le niveau d’exécution est bassement accompli par les CAE. Elles ne sont que la voix et la plume des maîtres blancs et d’Idriss Deby qui ont intenté ce procès pour se venger d’un homme qui les a empêchés de réaliser respectivement leur rêve annexionniste ou de gouverner en toute quiétude. D’ailleurs comme l’a révélé Fatime Raymonne Habré, le président des CAE Gustave Kam Gberdoa et les avocats des parties civiles ont été récemment conviés à Bruxelles pour trois jours par les bailleurs de fonds du procès Habré.Qu’y faisaient-ils ? En tout cas, leur présence chez l’un des bailleurs du procès a fortement pesé sur la condamnation du héros tchadien.
Ainsi la sentence d’Idriss Déby, de l’Elysée, de la Maison blanche, de Human Wright Watch, des héritiers nostalgiques de Khadafi-le-conquérant a triomphé au détriment de la justice, de la justice immanente juste qui juge, condamne ou acquitte en toute indépendance. Il ne pouvait pas en être autrement puisque l’actuel dictateur tchadien a casqué très fort (quatre milliards) pour condamner son ancien patron dont l’existence terrestre lui cause toujours des insomnies profondes et une anxiété insondable pour pouvoir régner en toute quiétude et faire main basse sur l’argent du pétrole tchadien avec sa France.
En sus, cette France colonialiste n’a jamais digéré qu’un nègre résistant et patriote comme HH ait combattu dans les années 80 victorieusement le plan de partage du Tchad au niveau du 16e parallèle concocté avec la Libye. Et en 1989, le Tchad qui a relativement retrouvé la paix entame, sous la conduite de son alors président, un travail de reconstruction du pays littéralement défiguré par la guerre. Habré engage le projet d’exploitation pétrolière mais refuse l’entrée du groupe français Elf dans le consortium pétrolier essentiellement américain. Cette éviction restera à travers la gorge des Français qui n’aient jamais accepté qu’une de ses anciennes colonies l’écartât de l’exploitation pétrolière au profit des Américains. A cela s’ajoute le refus-défi catégorique de HH, contrairement à d’autres chefs d’Etat africains, de s’aplatir devant Sa Majesté François Mitterrand qui leur enjoignit, lors du sommet de la Baule en 1990, d’instaurer le multipartisme dans leur pays respectifs s’ils veulent bénéficier de l’aide au développement. En outre, l’enlèvement des époux Claustre et de l’exécution du commandant Galopin restera toujours une plaie incicatrisable humiliante dans l’histoire néocoloniale française.
Qu’on ose le dire tout haut, de bout en bout des magistrats ont été soudoyés, de soi-disant organisations de défense des droits de l’homme stipendiées, de faux témoins subornés, des journalistes sénégalais et français corrompus pour enfoncer Hissène Habré et blanchir le fameux patron de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), la sinistre police politique dirigée à l’époque par celui qui tient avec tyrannie les rênes Tchad. Ce procès a été le procès du mensonge, de la mauvaise foi, du néo-colonialisme. Des témoins à charge fantoches ont été fabriqués de toutes pièces, de vieilles rombières dont le seul objectif est de tirer profit de leurs témoignages prostitutionnels ont accusé mensongèrement le héros tchadien de viol. Sur la base de ces mensonges de prostituées véreuses collabos friandes de pétrodollars impliquées, pendant la guerre contre l’Armée de Kadhafi, dans des réseaux de renseignements et de dénonciation au profit de l’ennemi libyen, les super-juges des chambres extraordinaires, haineux, vindicatifs qui n’ont jamais digéré qu’HH les humiliât pour avoir refusé avec morgue de les reconnaitre ont retenu le viol parmi les griefs condamnatoires. Et comme l’a révélé la femme de Habré, la présence de certaines femmes comme Élise Le Gal, Gaël Gaden- Gistucci, Valérie Monchy et Aminata Touré dans la procédure judiciaire ont fortement conduit les juges de la CAE à inclure le viol et abus sexuels dans le listing des griefs.
HH doit être un superman. A lui tout seul, il a zigouillé 40 000 même quand il était à la Mecque en 1984 où un certain comchef Idriss Deby a dirigé des opérations génocidaires consistant à exterminer les cadres administratifs et politiques de la région du sud tchadien. Des habitants de Sarh, Danamadji, Maro, Ngalo, Moissala, Koumra, Bédjondo, Goundi, Békamba, Bédaya, Doba, Goré, Béboudja, Mbaïbokoum, Bessao, Déli, Mbaïnarmar, Krim-Krim, Bénoye, Kélo, Laï, Donomanga, Gounou-Gaya, Pala, Léré, Fianga ont subi la folie meurtrière du sanguinaire Deby en ce mois noir de septembre 1984. Pourtant, toutes ces exactions génocidaires et pantalonnades sanguinaires sont attribuées au chef de l’Etat Habré qui était allé en tant que bon musulman accomplir le cinquième pilier de l’Islam.
Aujourd’hui que le verdict de la honte est tombé, les soi-disant victimes feront, comme l’a supputé un proche de Habré au sortir de la mascarade judiciaire, le procès de ce procès parce qu’ils exigeront vainement que leurs mensonges soient rétribués sous formes de dommages et de réparations. Il est regrettable qu’aujourd’hui le Sénégal dont le rôle sinistre dans le commerce triangulaire des esclaves hante encore les esprits, joue au 21e siècle, à nouveau, le rôle de négrier en livrant les fils de l’Afrique à ces vautours occidentaux, comme les qualifiait métaphoriquement le poète David Diop, pour assouvir leur haine.
Le président Macky Sall a été choisi insidieusement par l’Union européenne pour jouer le rôle de facilitateur pour convaincre les pays rétifs aux APE là où son prédécesseur Abdoulaye Wade avait refusé cette forme de néo-colonisation économique. C’est le même Macky Sall qui accepte naïvement que son pays sert de terrain aux impérialistes blancs et à leurs valets locaux africains pour juger un digne héros de la résistance coloniale là où son prédécesseur a rusé pour refuser. L’histoire de l’Afrique retiendra tristement que l’archétype de la résistance tchadienne des années 70 et 80 dont les hauts faits glorieux devaient peupler nos livres d’histoire et servir d’exemple à la jeunesse panafricaine a été livré en terres sénégalaises à l’échafaud des colons ce jour mémorable du 30 mai 2016.
Serigne Saliou Guèye
Article paru dans « Le Témoin » quotidien sénégalais