Centrafrique : vive tension entre l’opposition et le pouvoir
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Une nouvelle crise politique secoue la Centrafrique. Dans un communiqué brûlant publié mardi 19 novembre 2024, le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) dénonce ce qu’il qualifie de “manœuvres commanditées” par le président Faustin Archange Touadera contre le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), l’une des principales formations de l’opposition.
Au cœur de ces tensions politiques en Centrafrique, la contestation du leadership du MLPC. Une branche dissidente baptisée “MLPC Courant Originel”, composée de cadres suspendus par les instances du parti pour “manquements graves et actes de sédition manifeste”, affiche ouvertement son soutien au pouvoir en place. Pour le BRDC, ces dissidents ne seraient que “des marionnettes au service du Président Touadera”.
Cette stratégie s’inscrirait dans une volonté plus large de “liquider l’opposition démocratique centrafricaine”. Le BRDC cite plusieurs figures politiques contraintes à l’exil sous le régime actuel : l’ancien président de l’Assemblée nationale Abdou Karim Meckassoua, Dominique Désiré Erenon, Alexandre Ferdinand Nguendet et Gaston Mandata Nguerekata.
Le communiqué évoque également “l’arrestation illégale” du coordonnateur du BRDC, maître Crépin Mboli-Goumba, au Port Amont, suivie de sa “séquestration sans plainte” avec son épouse et d’une “condamnation inique”. Martin Ziguélé, président historique du MLPC, serait particulièrement visé par ces manœuvres. Le BRDC tient d’ailleurs le président Touadera et les dissidents du MLPC pour “seuls responsables de l’intégrité physique” du leader de l’opposition.
Un contexte politique tendu en Centrafrique
Cette crise politique en Centrafrique intervient dans un contexte déjà fragilisé. Huit ans après l’élection de Faustin Archange Touadera en 2016, le BRDC dénonce un “rétrécissement accéléré de l’espace civique et politique” en République centrafricaine. Le bloc réaffirme son “attachement indéfectible au pluralisme politique, curseur universel de la démocratie”.
Ces tensions ravivent les inquiétudes sur l’état de la démocratie dans ce pays enclavé d’Afrique centrale, fondé par le Président Barthelemy Boganda, qui peine à se relever des séquelles de la crise de 2013 plusieurs années après l’arrivée de Touadera au pouvoir. La Constitution du 30 mars 2016, fruit d’une transition douloureuse, avait pourtant donné au peuple centrafricain l’espoir d’une stabilisation politique durable.
Le spectre de la dérive autoritaire
Le BRDC appelle désormais “tous les défenseurs des droits civils et politiques en Centrafrique “ à placer la RCA “au cœur de leurs préoccupations”. Un appel qui résonne alors que le pays, malgré les efforts de réconciliation nationale, peine toujours à retrouver une stabilité politique pérenne.
Cette nouvelle crise dévoile une fois de plus les défis persistants de la démocratie centrafricaine : fragilité des institutions, tensions entre pouvoir et opposition, et risque permanent de déstabilisation politique. Elle pose également des questions sur la capacité du pays à maintenir un véritable pluralisme politique, pourtant garanti par la Constitution de 2016.
Pour de nombreux observateurs, l’espoir du régime pour la dissolution progressive du MLPC, formation historique de l’opposition créée au lendemain de la chute de l’empereur Bokassa, marquerait un tournant inquiétant. “C’est un baromètre de la santé démocratique du pays”, confie sous couvert d’anonymat un diplomate en poste à Bangui.
Impact sur la réconciliation nationale
Ces tensions interviennent dans un contexte politique particulièrement tendu depuis l’adoption controversée de la nouvelle Constitution en août 2023. Ce texte, imposé par le président Touadera malgré les protestations de l’opposition et de la société civile, a marqué une rupture avec les promesses démocratiques de la Constitution de 2016. La suppression de certaines institutions garantes de la bonne gouvernance et la concentration accrue des pouvoirs entre les mains de l’exécutif ont considérablement affaibli les mécanismes de contrôle démocratique.
L’acharnement contre le MLPC et son président Martin Ziguélé s’inscrit dans le prolongement de ce recul démocratique. Cette situation compromet davantage les efforts de dialogue inclusif et de réconciliation nationale, pourtant essentiels dans un pays toujours fragilisé par la présence de groupes armés dans plusieurs régions.
La communauté internationale, qui a investi d’importantes ressources dans la stabilisation du pays depuis 2013, observe avec une inquiétude croissante cette détérioration du climat politique. Ce virage autoritaire, matérialisé par la Constitution de 2023 et la répression de l’opposition, fait craindre un retour aux crises institutionnelles qui ont régulièrement secoué le pays. Une perspective d’autant plus préoccupante que le pouvoir semble déterminé à poursuivre ce que ses opposants qualifient de “dérive dictatoriale”.
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